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Des mini-cerveaux artificiels peuvent-ils développer une conscience ?

L'activité électrique de mini-cerveaux cultivés en laboratoire rappelle celle des cerveaux de prématurés, ce qui est cool et inquiétant à la fois.
Des neurones matures dans un mini-cerveaux artificiel.

Des neuroscientifiques de l'université de Californie à San Diego ont observé pour la première fois une activité électrique comparable aux ondes cérébrales humaines dans des « mini-cerveaux » artificiels. Ils espèrent que cette avancée surprenante permettra d'étudier les premiers stades d'affections neurologiques comme l'épilepsie pour enfants, une tâche quasi-impossible à l'heure actuelle car elle implique d'analyser des fœtus in utero.

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Dans un article prépublié sur bioRxiv et présenté lors du Society of Neuroscience Meeting au début du mois de novembre, l'équipe dirigée par la neuroscientifique Alysson Muotri explique comment elle a utilisé des cellules souches pour fabriquer des centaines de mini-cerveaux, aussi connus sous le nom de cerveaux « organoïdes ». Muotri et ses collègues ont cultivé les cellules souches pour qu'elles forment du tissu cortical, que l'on trouve d'ordinaire dans la région du cerveau responsable de la cognition et de l'analyse des données sensorielles.

Il ne s'est d'abord rien passé de spécial. Les mini-cerveaux grandissaient tranquillement dans leurs boîtes de Petri respectives. Mais après six mois, les chercheurs ont remarqué que leur activité électrique dépassait celle de tous les autres organoïdes jamais documentés en fréquence et en intensité. Encore plus surprenant, cette activité électrique ne ressemblait pas à l'activité synchrone typique des cerveaux matures. Ses variations chaotiques évoquaient plutôt un cerveau en développement.

En comparant l'activité électrique de leurs organoïdes à celle de cerveaux humains, Muotri et ses collègues ont remarqué qu'elle était étrangement similaire à celle des bébés prématurés, nés 25 à 39 semaines après conception.

Un article publié le 15 novembre dernier dans Nature indique que la communauté neuroscientifique ne s'accorde pas sur la signification de ces résultats. Pour Hongjun Song, neuroscientifique à l'université de Pennsylvanie, ils indiquent que les cerveaux organoïdes pourraient aider à comprendre le développement des affection neurologiques de l'enfant. Sampsa Vanhatalo, neuroscientifique à l'université d'Helsinki, est plus prudent : pour lui, les similitudes électriques entre organoïdes et cerveaux de prématurés ne découlent pas nécessairement des mêmes mécanismes.

Le cerveau en développement est toujours un mystère pour les neuroscientifiques. Difficile, donc, de clore le débat pour le moment. Les cerveaux artificiels de Muotri et son équipe n'ont pas grand-chose à voir avec des cerveaux humains véritables. Pourtant, ils posent un problème éthique intéressant : les recherches sur le cerveau et les cellules souches vont-elles aboutir à la création d'un conscience en laboratoire ? Muotri ne s'en inquiète pas : « C'est encore une zone très grise » a-t-il expliqué à Nature. « Je pense que personne ne peut mesurer clairement cette éventualité à l'heure actuelle. »

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