Un agriculteur français sur trois gagne moins de 354 euros par mois

Un étudiant embauché en stage au minimum légal gagne plus qu'un tiers des agriculteurs français. C'est le résultat d'une étude de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) publiée ce mardi.

En 2015, 30 pour cent des agriculteurs (soit 131 450 exploitants) ont déclaré des revenus inférieurs à 354 euros par mois, soit 4 248 euros sur l'année.

Et la situation ne va pas en s'arrangeant, puisqu'en 2014, ils étaient « seulement » 18 pour cent dans cette situation.

Pour expliquer cet état de fait préoccupant, la MSA détaille un contexte « extrêmement dégradé » du monde agricole, en citant pêle-mêle des problèmes sanitaires (crises de la grippe aviaire ou encore de la vache folle), des événements climatiques exceptionnels (inondations par exemple), et des « crises de marché » (comme l'effondrement des cours et des prix).

Le mois dernier, la MSA avait déjà commencé à tirer le signal d'alarme dans son magazine dédié aux « Crises agricoles ».

« Quand on n'a plus de revenus, les conséquences sont d'abord économiques et financières mais touchent l'ensemble de la sphère professionnelle et familiale, » prévenait le président de la MSA, Pascal Cormery.

Un peu plus loin dans le magazine de la MSA, un exploitant agricole témoignait de son mal-être. « J'étais sur mon exploitation quand je me suis effondré. J'ai appelé ma sœur pour lui demander de venir. Quand elle m'a promis de passer demain, je lui ai répondu qu'il serait trop tard. Je voulais dormir et ne plus me réveiller, » confiait cet éleveur de porcs.

Si la situation économique des agriculteurs est au plus mal, leur état psychologique est tout aussi préoccupant. La MSA indique que le service de prévention du suicide dédié aux agriculteurs (Agri'écoutes) a reçu 1 700 appels au premier semestre, soit 285 appels par mois. L'année dernière, Agri'écoutes recevait trois fois moins d'appels.

Catégorie sociale la plus touchée par le suicide

La MSA tient tout de même à relativiser cette augmentation en indiquant que ce service d'assistance téléphonique a été lancé en octobre 2014 et a été connu des agriculteurs seulement au printemps 2015. Mais la MSA assure que le nombre d'agriculteurs en détresse psychologique est en hausse.

La semaine dernière, la MSA et Santé Publique France avaient conjointement annoncé que 300 agriculteurs s'étaient suicidés en 2010 et 2011. Les agriculteurs sont la catégorie sociale la plus touchée par les suicides — 20 pour cent de plus par rapport à la population générale.

Autre signe que la situation des agriculteurs est critique, le nombre de demandes de primes d'activité (un dispositif pour les travailleurs à revenu modeste) a explosé. Alors que la MSA s'attendait à 60 000 demandes sur l'année 2016, 200 000 agriculteurs ont déjà envoyé une demande.

Lors de la conférence de presse tenue ce mardi par la MSA, son président a résumé l'état d'esprit des agriculteurs. « Il y a une interrogation dans les campagnes sur le sens de notre métier : on est là pour faire quoi ? […] Est-ce qu'on a vraiment besoin de nous ? Est-ce qu'on sert vraiment à nourrir la population ? », a déclaré Pascal Cormery.

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