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Syrie

À Alep, un « effondrement complet de l'humanité » pour les Nations unies

D'après l'ONU, les forces gouvernementales syriennes entreraient dans les maisons d'Alep-est pour tuer des civils — dont des femmes et des enfants.
ASSOCIATED PRESS/SANA

D'après les Nations unies, les forces gouvernementales syriennes entreraient dans les maisons d'Alep-est pour tuer des civils — dont des femmes et des enfants. Pour l'ONU, il s'agit d'un « effondrement complet de l'humanité ». À la demande de la France, une réunion du Conseil de sécurité doit avoir lieu à 18 heures, pour évoquer les exactions dont le régime de Bachar Al-Assad serait responsable.

Selon le porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, Rupert Colville, 82 civils auraient été tués dans quatre quartiers d'Alep-est. Les forces loyalistes seraient entrées dans les foyers et auraient tué ouvertement tous ceux qui essayaient de fuir. « Nous sommes extrêmement inquiets pour ceux qui demeurent dans ce dernier recoin d'Alep-est », a dit Colville.

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Ammar al Salmo, chef des Casques blancsà Alep, a expliqué à VICE News que« la situation sur place est catastrophique. Chaque instant est pire que le précédent. Actuellement, il y a 100 000 civils coincés dans quelques kilomètres carrés — la part restante des zones assiégées. Tout s'est arrêté sauf les bombardements, sauf la famine, sauf le froid de l'hiver, la peur et la terreur. Tout s'est arrêté. »

La Croix rouge a plaidé pour une action urgente pour protéger ceux qui vivent encore dans les parties assiégées de la ville « avant qu'il ne soit trop tard ». Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui surveille le conflit, des corps gisent dans les rues car les gens ont beaucoup trop peur de sortir et de les enterrer. L'organisation a rajouté que « de véritables massacres » ont actuellement lieu.

Ammar al Salmo a rajouté : « Nous préférons mourir plutôt que d'être arrêtés ou exécutés. Nous préférons mourir ici. Parce que, maintenant, nous n'avons plus le choix. On mourra soit sous les bombes, soit en détention ou dans une exécution. Qu'est-ce que le monde fera si nous sommes emprisonnés ou mis à mort dans les prisons du régime ? Rien. »

Cette journée d'effroi survient après des mois de violations des droits de l'homme :

  • En septembre, au début de l'opération d'Assad pour reprendre Alep, l'UNICEF a fortement condamné le gouvernement syrien pour infliger un « véritable cauchemar » aux enfants de la ville. Selon l'organisation, 96 enfants étaient décédés sous les bombes, et 223 autres avaient été blessés. « Il n'y a plus de mots pour décrire la souffrance qu'ils éprouvent », disait le directeur exécutif adjoint d'UNICEF Justin Forsyth.

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  • En septembre, les ambassadeurs du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France auprès de l'ONU ont quitté une réunion du Conseil de sécurité pour protester contre les atrocités survenues à Alep. Ces pays accusaientla Russie de crimes de guerre. « Après cinq ans de conflits, vous auriez pu penser que le régime a commis son lot de barbaries, mais le régime et la Russie ont déclenché un nouvel enfer à Alep » a dit l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft.

  • En octobre, le chef de l'ONU pour l'aide humanitaire, Stephen O'Brien, disait que la situation à Alep était« la honte de notre génération ». Dans son discours devant le Conseil de sécurité, O'Brien a décrit les horreurs de la vie à Alep-est, disant aux membres présents que « si vous n'agissez pas, il n'y aura aucun peuple syrien ni de Syrie à sauver — cela sera l'héritage de ce conseil, la honte de notre génération. »

  • Quelques heures plus tard, un autre officier de l'ONU avait dénoncé la mort d'enfants survenue dans une école dans la province d'Idlib, près d'Alep. « Ceci est une stratégie. C'est un scandale. C'est un crime de guerre, » disait le directeur exécutif de l'UNICEF Anthony Lake. « Cette dernière atrocité est peut-être l'attaque la plus meurtrière contre une école depuis que le début de la guerre,il y a plus de cinq ans. »

  • En novembre, Amnesty international a dit que l'armée syrienne affichait un « mépris total de la sûreté des civils » à Alep-est. L'ONG disait qu'« étant donné le sombre passif du gouvernement syrien, concernant les détentions arbitraires et les disparitions forcées, il est encore plus crucial que les civils soient protégés dans les zones d'Alep qui ont été conquises récemment. »

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  • Toute résolution du Conseil de sécurité de l'ONU visant à soulager Alep a été bloquée par la Russie et la Chine. O'Brien a alors plaidé encore une fois devant les membres du conseil, le mois dernier. « Mois après mois, j'ai rapporté à ce Conseil que le niveau de perversion infligé au peuple syrien ne peut pas tomber plus bas, mais, incrédule, je reviens le mois suivant avec des nouveaux rapports hideux qui démontrent la souffrance humaine, toujours croissante. »

  • Début décembre, l'ONG Human Rights Watch a accusé la Syrie et son allié russe de commettre des crimes de guerre à Alep-est, pendant les mois de septembre et octobre. Ces mois-ci, plus de 440 civils ont été tués. « Ceux qui ont commandité et exécuté ces attaques illégales doivent répondre pour des crimes de guerre », a dit Ole Solvang, directeur adjoint de Human Rights Watch.

Ce dimanche, les États-Unis et la Russie semblaient être sur le point de trouver un accord pour mettre temporairement fin aux violences et pour permettre aux rebelles et civils de quitter la ville. Mais le porte-parole du département d'État américain John Kirby a confirmé par la suite que la Russie essayait de repousser ce cessez-le-feu. « On est profondément frustrés, mais on n'est pas surpris par ce manque d'engagement des Russes et du régime envers ce qui pourrait être une solution humaine ».


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