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Culture

JT Soul, l’espoir R’n’B de l’Est

L’artiste de 19 ans nous parle des difficultés de se frayer un chemin dans un territoire sous-exploité, en plus de nous présenter son tout nouveau single, « Ceilings ».

Depuis quelques années, Montréal se taille tranquillement une place sur la scène rap internationale. Toujours dans l’ombre de Toronto, la scène montréalaise se distingue par son absence de son spécifique, aucune étiquette ne lui colle à la peau. Dans la Ville Reine, au contraire, c’est l’influence des exports les plus connus, comme Drake et The Weeknd, qui teinte la scène musicale où s’affrontent des artistes qui cherchent à reproduire leur son.

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Le fait que très peu d’artistes urbains montréalais aient pu s’exporter fait que la relève a une liberté créative beaucoup plus importante. Et elle en profite, comme le prouve JT Soul. À seulement 19 ans, l’artiste R’n’B alterne sans problème entre des envolées vocales qui rappellent Daniel Caesar et un flow rap martelant hérité de Joey Bada$$. On s’est posés avec lui en studio pour discuter de son parcours et de la recherche de son propre son.

VICE : Depuis combien de temps fais-tu de la musique?
JT Soul : J’ai commencé à écrire lorsque j’avais environ 14 ans. Mais j’ai commencé à prendre ça plus sérieusement avec le projet JT Soul à l’été 2016. C’est à ce moment-là que je me suis mis à travailler avec des producteurs, et à pousser mes habiletés mélodiques.

As-tu reçu une éducation musicale « classique »?
Non, pas du tout! J’ai par contre toujours eu une véritable obsession pour la musique. J’entendais des chansons et je me les chantais à moi-même, je me poussais à atteindre certaines notes. Ce n’est que maintenant que je commence à suivre des cours de chant, mais j’y pense depuis longtemps.

Tu as grandi à Saint-Léonard. Est-ce que ton environnement a affecté ta musique?
Ce qui est intéressant avec Saint-Léo, c’est le fait que le quartier soit divisé en deux : tu as le côté anglophone et le côté francophone. À ce que je sache, du côté anglophone, je suis le seul à faire ce que je fais. Chez les francophones, tu as des gars comme Rowjay et Enima.

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C’est très « sectaire », et pour te faire reconnaître dans la communauté de Saint-Léonard, tu dois gagner le cœur des étudiants d’écoles différentes, des deux appartenances linguistiques. On arrive tranquillement à un moment où les lignes se brouillent et où des anglos écoutent du Enima et des francos écoutent ce que je fais. C’est très cool à voir se développer. Comment définirais-tu le son de Saint-Léonard?
Je ne sais pas si le quartier à un son, à proprement dire; je crois que c’est plutôt une sonorité, qui est influencée par sa population. Par exemple dans mon coin, il y a une présence maghrébine très forte, donc les kids écoutent beaucoup de rap français : Booba, PNL, des trucs comme ça. J’aimerais un jour pouvoir dire que je m’inscris dans la sonorité du quartier, mais je ne crois pas encore que ça soit vrai, car je n’ai pas encore affecté une assez grande partie de la population. Je crois par contre que Rowjay et Enima représentent assez fidèlement le son de Saint-Léo.

Ton style R’n’B-trap gagne en popularité et tu as été parmi les premiers à le faire. Que penses-tu de la réception du public local, jusqu’à maintenant?
J’ai un public très dédié et réceptif, surtout du côté anglophone de la ville, mais je sens tranquillement un engouement plus général. J’ai par contre l’impression que les gens ne seront pas tout à fait convaincus à Montréal jusqu’à ce que je réussisse à m’exporter. Je n’ai pas encore de plan clair quant à la manière dont ça se fera, mais je crois que ça sera nécessaire.

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Il n’y a pas encore à Montréal de structure solide pour la promotion du rap et du R’n’B anglophone. Il n’y a que très peu d’agents et de labels qui sont prêts à investir et prendre des chances, contrairement à la scène francophone qui est en plein essor. Je crois que quelqu’un doit prendre ce pari.

Je sais que tu as beaucoup de matériel qui n’a pas encore été sorti. Quand est-ce qu’on peut s’attendre à un nouvel EP?
On va passer le restant de l’été à sortir quelques singles, mais j’ai environ 50 chansons qui sont prêtes. Il y aura aussi deux ou trois vidéos qui sortiront au courant de l’année. J’ai beaucoup travaillé avec Jei Bandit, et je lui ai demandé de sortir un peu de sa zone de confort, ce qui nous a poussés à faire des trucs très différents. Les gens peuvent certainement s’attendre à un projet complet dans les prochains mois.

Billy Eff est sur internet ici et .