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Il n’y a aucun risque que vous confondiez Adrien Soleiman avec Daniel Balavoine



Entendre une pelletée de projets inspirés des instrumentations de Michel Berger, constater que Véronique Sanson est une icône aussi crédible que la nana des Chromatics et avoir une discussion argumentée sur Pierre Bachelet : c’est ça aussi 2015 et il va falloir s’y faire. Au milieu de ces troupeaux avides de signatures en majors et de clip Vevo, Adrien Soleiman avec sa carrure de street fighter apparaît comme l’outsider qui pourrait bien emmener tout sur son passage en 2016 et réconcilier de fait les fans de garage et votre maman fan d’Alain Souchon.


Noisey : Qu’est ce qui t’a mené à ce projet ?
Adrien Soleiman : J’ai quitté le lycée en première, en disant à mes parents que je voulais faire de la musique. Je faisais déjà du saxophone et je voulais faire du jazz. J’ai intégré des écoles. Une première à Paris spécialisée dans la musique improvisée jazz, puis une école privée américaine à Boulogne qui était jumelée avec Berkeley. Je devais partir là bas mais il fallait avoir son bac et j’ai laissé tomber. Ensuite j’ai monté un groupe qui s’appelait DAD !, un peu dans l’esprit Happy Apple, des américains qui font du jazz-punk. On a intégré un MC canadien ensuite. Ça a changé un peu musicalement, c’est devenu plus écrit avec plus de synthés et moins de sax. On a enregistré un EP mais le canadien est reparti et comme je m’occupais du groupe sous tous ses aspects j’ai décidé de monter mon truc en solo. Tout de suite, chanter en français était une évidence. Je me suis mis à écrire des chansons piano voix et je les ai faites écouter à Pierre-Antoine et Richard qui jouent avec moi, et ils m’ont encouragé. On est ensuite partis dans ma maison de campagne en Bretagne, à Binic, pour s’isoler et enregistrer.

Tu avais des références en tête ?
Pas vraiment, j’ai vraiment fait ça naïvement en écrivant la musique et les paroles. C’était très instinctif. Après avec le recul, je me suis dit qu’il y avait un retour inconscient à ce que j’écoutais enfant avec mes parents : Gainsbourg, Souchon, Bashung, Voulzy, Balavoine… Et ça intervenait au moment où je faisais un peu le bilan de ma vie de musicien en arrivant à 30 piges. Donc j’ai décidé d’assumer ce truc là.

Moi, c’est le côté sincère qui m’a marqué dans tes morceaux. On ne sent pas le côté réfléchi « tiens on va faire du Balavoine maintenant que c’est assez vieux pour être cool… »
Oui, carrément. J’écris mes morceaux dans la grande tradition piano voix de Véronique Sanson ou William Sheller. Après cette base se heurte aux influences de Richard et Pierre-Antoine qui ont une culture plus rock et électronique. C’est ce clash qui a créé le son du projet. En tous cas, c’était très naïf à la base et pas du tout calculé. J’avais besoin de jouer ce genre de musique.

Tu te places comment dans ce mouvement « neo-variet’ » actuel justement ?
J’écoute ce qui se fait, certains des groupes sont mes amis ou mes collègues on va dire. J’espère que ce retour à la langue française ne sera pas juste un effet de mode et que ça perdurera parce que je pense qu’on en a besoin. J’ai beaucoup de mal à aller voir un groupe français qui chante en anglais. Pour moi la voix doit être une façon de délivrer un message et c’est dommage de passer à côté. Mais je suis pote avec Bagarre ou Grand Blanc, je m’informe [Sourire].

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Après la sortie de ton disque, on t’a parlé de notions de bon et mauvais goût ? Rires Par rapport à la gestion de ton projet ça se passe comment ? En 2015, c’est un peu la case « tremplin » quasi obligatoire par exemple ? Tu vois comment la pérennité de ton projet ? Je pense que c’est le défaut de certains disques français actuels, comme ceux d’Entreprise justement, où tout sonne très « goût du moment » et je ne suis pas sûr que ça vieillisse très bien. Tu as d’autres projets, non ? Casamance ?

Adrien Soleiman sera en concert ce soir au Point Ephémère dans le cadre du Winter Camp Festival, aux côtés de Barbarossa et Le Colisée.

Adrien Durand est sur Twitter, comme toujours.