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Culture

Dormir tout le temps, partout

Le photojournaliste français Pierre Morel utilise Instagram pour développer un projet perso : capturer tous les dormeurs qui croisent son chemin.
Image de Une : “Burn out à la COP21 ce matin. Heureusement, l'organisation prévoit une salle de repos pour les négociateurs dans le Hall 3.” Toutes les photos sont publiées avec l'aimable autorisation de Pierre Morel.

Dans un train, un aéroport, un lit, sur un banc public, la pelouse d’un parc, la plage, un canap’ ou à même le sol — l’être humain dort partout. Souvent par épuisement, parfois par désœuvrement, d’autres fois juste histoire de faire une pause. Ce sont ces corps à l’abandon que Pierre Morel capture au gré de ses déplacements, en France ou à l’étranger. Très actif sur les réseaux sociaux, le photojournaliste parisien de 28 ans a décidé de consacrer son compte Instagram aux « dormeurs », comme il les appelle, qu’il croise sur son chemin, que ce soit dans la vie de tous les jours ou sur lors de ses commandes professionnelles.

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« Je suis arrivé assez tard sur Instagram, vers 2013 », raconte Morel à The Creators Project. « Je voulais faire autre chose que sur Facebook ou Twitter : développer une petite série personnelle et trouver un thème cohérent. J’aime bien les dormeurs — comment les corps s’absentent dans leur environnement tout en y étant physiquement. » Il explique encore son choix thématique par deux facteurs : la facilité avec laquelle il peut photographier ces personnes à l’abandon et la récurrence des situations dans lesquelles il croise des dormeurs.

S’il ne publie pas toutes les photos — qu’il prend très majoritairement avec son Samsung Galaxy S7, puis qu’il retouche avec l’application VSCO — de ce projet personnel, qu’il fait pour le plaisir, Morel précise toujours garder une distance : « Je prends une figure isolée dans un environnement, pas juste le visage. Je fais aussi attention maintenant de ne pas photographier de SDF. »

Légendant toujours ses publications avec soin, il utilise aussi le réseau social et cette série pour raconter où, et avec qui, il se trouve. « On m’a un peu identifié comme le photographe des dormeurs. Maintenant, mes amis font attention quand ils dorment ! Mais je prends aussi au jeu : sur ma photo de profil, prise par un ami, c’est moi en train de dormir. »

« Ces figures de dormeurs racontent aussi quelque chose d’une situation : comme pour la COP21 [que Morel a couverte à Paris en décembre 2015], où l’on croisait en coulisses des négociateurs épuisés, dans des espaces dédiés au repos. Cet événement a un peu été une pêche au miracle pour moi ! » ajoute-t-il. « Finalement, quand on dort, on est peu tous au même niveau. »

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Vous pouvez retrouver d'autres dormeurs sur le compte Instagram de Pierre Morel et ses reportages sur son site.