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Les origines génétiques de l’allergie aux vibrations

Chez certaines personnes, le contact avec une brosse à dents électrique peut provoquer une crise d’urticaire.

Une équipe de l'Institut National de Santé américain a, pour la première fois, mis à jour les origines génétiques de la plus étrange de toutes les allergies : l'allergie aux vibrations. Aussi étrange que cette condition, très rare, puisse paraître, sa compréhension pourrait nous éclairer sur les dysfonctions des cellules immunitaires en présence d'allergènes. Ces découvertes ont été publiées dans le New England Journal of Medicine.

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En plus d'être peu commune, l'allergie aux vibrations n'est pas très dangereuse. La plupart du temps, la réaction allergique se manifeste sous forme d'urticaire, l'éruption cutanée la plus fréquente en association avec les réactions allergiques et auto-immunes. Parmi les symptômes moins communs on trouve les maux de tête, une vision floue, la fatigue et les rougeurs. Les vibrations qui déclenchent la crise sont issues des activités et objets de tous les jours : le jogging, les trajets en moto, le frottement de la serviette de bain. Voire les marteaux-piqueurs. Les symptômes apparaissent au bout de quelques minutes d'exposition aux vibrations, et disparaissent généralement au bout d'une heure.

L'allergie aux vibrations a l'air plus étrange qu'elle n'est en réalité. Ce que l'on connaît sous le nom plus respectable d'urticaire vibratoire rentre la grande catégorie des formes d'urticaire physiques. À l'inverse des réactions allergiques plus classiques déclenchées par une substance, comme la pénicilline ou les fruits de mer, les urticaires d'origine physique peuvent apparaître à cause de la chaleur, du froid, de la pression, de la transpiration et de l'exercice physique. Certains enfants sont parfois couverts de plaques rouges qui démangent intensément après une séance de sport. C'est pénible, mais pas autant que de ne plus pouvoir respirer suite au contact avec une fraise.

Le groupe NIH, mené par l'allergologue Hirsh Komarow, n'avait que trois familles sous la main à étudier, comprenant 36 sujets en tout. Dans chaque famille, à chaque génération, plusieurs individus étaient sujets à l'allergie aux vibrations. Mais pas tous. C'est très important, car cela permet d'étudier en détail les mutations génétiques présentes chez le groupe allergique, mais pas dans l'autre groupe.

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Le coupable s'est avéré être une mutation dans le gène ADGRE2.

Mastocyte. Image: Yale

Comme Komarow et son équipe l'expliquent, cette mutation provoque la réaction immunitaire par un procédé « purement mécanique. » Le gène ADGRED2 code pour une protéine du même nom que l'on trouve à la surface des mastocytes, des cellules responsables de la libération d'histamine, un composé essentiel aux réactions immunitaires locales qui joue un rôle essentiel dans la réponse immunitaire inflammatoire.

La protéine ADGRE2 se compose de deux sous-unités appariées chimiquement. Une sous-unité alpha se situe sur la membrane extérieure du mastocyte tandis qu'une sous-unité bêta se trouve dans la membrane cellulaire elle-même. Comme l'explique l'étude en question, l'interaction entre ces deux sous-unités a un rôle essentiel, quoique mal compris, dans le fonctionnement normal du système immunitaire. Cependant, la mutation génétique ADGRE2 prédispose les deux sous-unités protéiques à se séparer quand elles ne sont pas supposées le faire. Par exemple, en présence d'une vibration. Cette dernière provoque une force de poussée qui clive les deux sous-unités normalement appariées.

Ensuite, il advient une « dégranulation aberrante » au sein des mastocytes. Ces cellules possèdent plusieurs composés immunoactifs stockés dans de petits vésicules au sein des cellules. Quand les cellules obtiennent le bon signal, les granules commencent à se coller à la membrane cellulaire, relâchant leur contenu dans l'environnement de la cellule. C'est ainsi que parfois, l'histamine s'échappe.

L'allergie aux vibrations est très rare, mais le processus par lequel les sous-unités alpha et bêta interviennent dans les réactions immunitaires, lui, concerne tout le monde. Les mastocytes jouent un rôle central dans l'activité immunitaire : maladies auto-immunes, réactions allergiques, et réponses physiologiques normales aux pathogènes. Mieux comprendre le processus de dégranulation nous permet par la même de mieux comprendre comment le corps se défend contre les agressions en général.