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Music

20 alternatives au « Homework » de Daft Punk sorties il y a 20 ans

Des Chemical Brothers à µ-ziq, en passant par Nobuo Uematsu, The Prodigy, Biosphere et Stereolab, ils ont tous, eux aussi, marqué l'année 1997 rayon dancefloor et expérimentations électroniques.

Homework, le premier album de Daft Punk a fêté ses 20 ans ce vendredi 20 janvier 2017. Tout le monde en a parlé, et c'était totalement justifié. Quoi de plus normal, finalement, quand on sait que ce disque a éclaté les chiffres de ventes (2,5 millions à sa sortie), renvoyé les groupes de rock à leurs chères études (ou chez Star's Music, pour échanger leurs guitares contre un sampler) et popularisé le terme « French Touch » à travers le monde. Mais aussi important Homework soit-il, il est loin d'être le seul disque de l'année 1997 à avoir fait avancer la musique électronique. Alors, à l'occasion des vingt ans de ce symbole de la culture française, on vous propose, pas bégueule, de (re)découvrir vingt disques sortis la même année, symboles eux aussi de modernité, de beats punitifs et de la réinvention d'une époque.  The Chemical Brothers - Dig Your Own Hole

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« C'est une petite phrase entendue plusieurs fois au cours des derniers jours : avec Dig Your Own Hole , les Chemical Brothers auraient produit l'album que Daft Punk rêvait d'accomplir. » Ça, ce sont Les Inrockuptibles qui le proclamaient en 1997. Daft Punk ne s'étant pas exprimé à ce sujet, on ne saura jamais si l'affirmation disait vrai. Dans le doute, et comme l'idée nous plaît plutôt bien, on dira qu'il y avait sans doute un peu de ça, dans le sens où le duo anglais faisait alors partie des rares entités à démocratiser la techno et à la rendre acceptable aux oreilles des rockeurs. La preuve, on trouve même Noel Gallagher sur l'indispensable « Setting Sun ». Amon Tobin – Bricolage

Amon Tobin n'était sans doute pas le premier producteur à malaxer les horizons musicaux, mais il est en 1997 l'un des rares à rendre tout ce brassage culturel cohérent : drum'n'bass, jungle, bossa nova, jazz, trip hop, tout y passe chez ce savant fou brésilien, alors en pleine possession de ses moyens. Parce qu'il faut bien avouer que, depuis le milieu des années 2000, on s'emmerde sévèrement à l'écoute de ses disques… Aphex Twin - Come To Daddy

Richard D. James, aka Aphex Twin, n'a jamais été un être humain normal, un de ces types lambdas qui peuplent les transports en commun et les supermarchés dégueulasses des centres-villes. La preuve, c'est que le mec rachète une ancienne banque dans le centre de Londres pour y vivre et enregistrer, dans la chambre forte, l'essentiel de Come To Daddy. L'essentiel, car, selon ce bon vieux Richard, le titre éponyme aurait été enregistré comme une blague trois ans plus tôt… Mais bon, comme souvent avec l'Anglais, difficile de discerner le vrai du faux. Dans le doute, on parlera donc de ce que l'on sait avec certitudes, à savoir que le mec a clairement puisé ici dans la musique de jeux vidéos (Defender sur « Bucephalus Bouncing Ball », Robotron 2084 sur « Come To Daddy ») et la poésie la plus crue : « Je voudrais te défoncer la rondelle, puis je me glisserais furtivement dans ta chambre, te couperais la bite, la fourrerais dans ma bouche et la mâchouillerais avec mes petites quenottes. » Bref, cet album mérite l'amour. Nobuo Uematsu – Final Fantasy VII

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Si Final Fantasy VII était de ces jeux qui emmêlaient les neurones les plus agiles, et nécessitaient donc un bon fauteuil, un Coca bien frais et une bonne capacité de concentration, la bande-originale n'était pas mal non plus. Un grand merci donc à Nobuo Uematsu, probablement à son apogée en cette année 1997, d'avoir composé avec une infinie tendresse des plages cinématographiques nettement plus mythiques pour les enfants des années 1980 que n'importe quel chef d'œuvre de pop orchestrale. Après tout, on n'a jamais vu un gamer écouter The Divine Comedy (no offense, Neil Hannon) en explorant les mille recoins de la planète Gaïa.

Mr. Scruff – Mr. Scruff

Ok, Mr. Scruff a moins impacté les esprits que Keep It Unreal et Trouser Jazz, mais il n'en reste pas moins un album simple dans son intimisme, sans sophistication dans sa fabrication mais juste, percutant, plein de trouvailles mélodiques, et fort. C'est aussi le disque qui va permettre à l'Anglais de signer chez les explorateurs de Ninja Tune, tellement emballés par les fusions alors proposées par le bonhomme (entre Northern Soul, dub et jazz) qu'ils rééditeront ce disque en 2005. Comme ça, juste histoire de rappeler à tout le monde qu'il s'agissait bien d'un classique.

The Orb – Orblivion

Ça, c'est sorti le 24 février 1997, soit cinq semaines après Homework. Ça ne vient ni concurrencer l'album des Daft Punk ni en changer son importance, mais ça permet de comprendre à quel point la techno flirtait avec les tubes en ce début d'année – écoutez « Toxigene », quel pied ! Ça permet aussi de constater à quel point la scène techno était soudée, notamment dans le cadre du Organic Tour, que The Orb a effectué aux côtés d'Orbital, Underworld et des Chemical Brothers. Gas – Zauberberg

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Être allemand, nommer son label Mille Plateaux en hommage à l'un des plus célèbres ouvrages de Gilles Deleuze et réussir à produire/financer des albums d'ambient qui ne donnent pas l'impression d'avoir été réalisés pour des films de seconde zone, c'est l'exploit réalisé par Achim Szepanski. Exploit d'autant plus fascinant à l'écoute de ce Zauberberg, deuxième album de Gas (piloté par Wolfgang Voigt), inspiré par l'imagerie de la forêt. Habituellement, ce genre de détails suffirait à plomber l'album. Là, ça l'électrise. Biosphere – Substrata

Gas n'était pas le seul, à l'époque, à susurrer des mélodies toutes tendres, construites autour d'arpèges de guitares éthérées et de plages synthétiques hautement romantiques. Geir Jenssen, ce norvégien de 35 ans davantage connu sous l'alias Biosphere, composait lui aussi la BO apaisante et fragile de nos vies misérables. Et, il n'y a pas à dire, ça réchauffait le cœur. Pas pour rien, finalement, si le site hyperreal.org a fini par nommer Substrata parmi les plus grands albums ambient de tous les temps. The Prodigy - Fat of the Land

À tous ceux qui ne comprennent toujours ni quand, ni pourquoi, et encore moins comment, The Prodigy est devenu culte, écoutez ce disque, réécoutez ces deux titres que vous connaissez forcément (« Smack My Bitch Up » et « Breathe »), laissez vous porter par cette musique attisée fiévreusement par une techno furieuse qui colle au pied et des turbines gonflées à bloc : tout y est. Portishead - Portishead

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S'il est au début compliqué d'entendre autre chose que la suite logique de Dummy sur ce second album éponyme, Portishead réalise un coup de maître en changeant presque de registre dès la seconde moitié du disque : il suffit en effet d'écouter les horizons déployés par « Humming », sixième piste de l'album, pour comprendre que Geoff Barrow et Beth Gibbons décident ici d'amener le fameux « Bristol Sound » plus loin que tous ces néo-adeptes du trip-hop tentent alors de proposer. Bon ok, aucun des onze titres n'incitent à faire tanguer les hanches comme « Around The World » (ou alors, la mine basse), mais ce Portishead a d'autres arguments : le retour de Geoff Barrow à la batterie sur « Half Day Closing », le chant glacial de Beth Gibbons et une richesse instrumentale qui doit autant au jazz et à Melody Nelson de qui vous savez qu'à Ennio Morricone et, forcément, à Bristol.

µ-ziq - Lunatic Harness

Mike Paradinas, aka µ-ziq , en a tellement eu marre d'être dans l'ombre d'Aphex Twin qu'il a fini par enregistrer un album un à ses côtés : Expert Know Twiddlers . C'était en 1996 et ça vient d'être réédité sans que l'on sache réellement pourquoi (hormis le culte voué à Aphex Twin, voire sa délirante pochette ) étant donné que ce disque ne pèse pas grand-chose face à Lunatic Harness , sorti un an plus tard. C'est là que l'on entend toute sa folie, là qu'il laisse libre cours à son hystérie. Plus tard, en 2004, ce bon vieux Paradinas éditera sur son propre label, Planet Mu, le Radio Ape de dDamage. Ça n'a bien sûr aucun lien avec l'année 1997, mais ça prouve une chose essentielle : que l'Anglais a toujours préféré filer des claques aux auditeurs plutôt que de les caresser dans le sens du poil. Roni Size & Reprazent - New Forms

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New Forms de Roni Size et Reprazent résumé façon Wikipedia, ça donne ça : « Il obtient dès sa sortie le Mercury Music Prize, ce qui fait alors considéré le groupe comme un modèle de la drum'n'bass. Il atteint la 8 ème place des charts britanniques le 5 juillet 1997 et la 38 ème du Heatseekers. Il fait partie des 1001 albums qu'il faut avoir écoutés dans sa vie. » Ce que la plateforme ne dit pas, c'est que les Anglais, suite au succès du disque, ont également illustré le générique d'un Monde à l'autre de Paul Amar sur France 2… Et si cette info ne vous suffit pas à comprendre à quel point les mecs ont popularisé la drum'n'bass, honnêtement, je ne sais plus quoi faire. Squarepusher – Hard Normal Daddy

Premier album sur Warp, et première claque : tandis que les mecs de chez Mo'Wax proposaient alors une vision froide et expérimentale du hip-hop, là, ça triturait dans tous les sens, ça faisait clairement référence à Aphex Twin, ça puisait autant dans la jungle que dans la drum'n'bass, et, surtout, ça donnait l'impression que le jazz-rock, finalement, n'était pas qu'un horrible genre ayant donné naissance aux pires productions de Miles Davis. Plaid - Not For Threes

Plaid et Daft Punk ont au moins un point commun : celui d'entretenir le mythe fondateur de l'imaginaire techno en n'apparaissant jamais à visage découvert, seulement derrière des casques ou des machines. La comparaison s'arrête là. Déjà, Ed Hanley et Andy Turner sont nettement plus expérimentés, eux qui ont longtemps incarné les deux tiers de Back Dog, eux qui ont pendant un temps infusé leur folie instrumentale dans la musique de Björk. Et puis Plaid ne donnait pas dans la musique de club : Not For Threes, c'est de l'IDM, clairement exigeante, parfois hermétique, mais toujours riches de bonnes trouvailles et parfaitement en phase avec les idéaux de Warp. La science de la ritournelle pop en plus, comme sur l'addictif « Kortisin ». Autechre – Chiastic Slide

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À croire que 1997 a été une très grande année pour l'IDM. Après, Aphex Twin, Plaid ou Amon Tobin par instant, c'était donc au tour d'Autechre de s'y coller. Pas toujours pour le meilleur, tant certains morceaux sonnent presque trop caricaturaux, mais Chiastic Slide est suffisamment séduisant pour coller un large smiley au visage des fanatiques de sons redondants, de machines malmenées et de beats claustrophobes. Surtout, il est en phase avec ce que Sean Booth et Rob Brown avaient déclaré en 1992 : « Nous jouons pour ceux qui attrapent la chair de poule en écoutant leurs morceaux préférés. » Vingt- ans plus tard, le frisson est toujours intact. Mouse On Mars – Autoditacker

Avant Autoditacker, Mouse On Mars, c'est quand même l'un des rares groupes à avoir samplé Françoise Hardy (« J'ai bien du chagrin ») à avoir composé une BO finalement refusée pour un film avec Tony Danza et à avoir bossé avec Wolfgang Fur de Kraftwerk pour l'aider à finaliser son album solo. Après Autoditacker, Mouse On Mars, c'est une autre forme d'exploit, restera l'un des rares groupes de cette génération à ne pas avoir lassé à force de bidouiller ses machines. The Herbaliser - Blow Your Headphones

C'est peut-être difficile à croire pour ceux qui n'ont découvert The Herbaliser qu'à partir des années 2000 – époque, en gros, où le duo se pliait aux règles, à une ligne directrice, faisait le boulot, encaissait les ventes et rentrait chez lui -, mais à la fin du 20 ème siècle Jake Wherry et Ollie Teeba avaient tout pour séduire les fans de Ninja Tune, label sur lequel ils étaient signés : un son hybride, une connaissance extrême des machines, des flirts avec le jazz et l'abstract hip-hop, des mélodies qui privilégient le groove aux ambiances déprimantes, etc.. Bref, les deux Anglais n'ont peut-être pas une carrière irréprochable, mais leur musique, durant un temps, l'était. The Crystal Method – Vegas

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En 1997, j'avais 9 ans. Tout ce que je peux donc dire au sujet de Vegas, c'est à quel point il semble être important historiquement. Je peux aussi ajouter que vingt ans plus tard, comme tout ce qui se rapproche de près ou de loin au Big Beat, l'écoute de ce disque est devenue presque aussi gênante que de voir ses parents en plein coït. Tosca - Opera

À Vienne, ça bougeait aussi en 1997. Enfin, ça bougeait lentement, tout en nonchalance et tranquillité avec ces mélodies d'obédience dub composées par Richard Dorfmeister et Rupert Huber. Si les fans purs et durs de techno risquent de vomir leur foi imbibé d'alcool et autres stimulants à l'écoute de ces dix titres, Opera n'en reste pas moins un sacré album. À moins qu'il ne s'agisse d'un album sacré ? Stereolab – Dots And Loops

Tout est dans le titre ici : Dots and Loops, comme si Stereolab souhaitait nous faire comprendre qu'ils avaient remplacé les guitares et les structures pop par des points des boucles. « J'ai envie qu'on avance, qu'on prenne de la distance », chante d'ailleurs Lætitia Sadier sur « Diagonals ». C'est joliment dit, ça relie le meilleur du lyrisme de la chanson française aux plages les plus planantes de l'electronica, et, surtout, ça tisse de nouveaux horizons pour la pop et les musiques électroniques, qui avancent désormais main dans la main.