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Culture

Le peintre qui a inspiré “Dismaland” à Banksy

Bien avant Banksy, Jeff Gillette a déjà peint des versions post-apocalyptiques de Disneyland.

L’année dernière, Banksy faisait une nouvelle fois les gros titres avec son « parc d’attractions » Dismaland à Weston-super-Mare, dans le sud de l’Angleterre. Forcément, des tas de gens s’étaient précipités pour voir ce « festival artistique, d’attractions foraines et d’anarchisme de bas niveau » comme se décrivait le parc. La petite cité balnéaire se voyait envahie de hordes de touristes et bénéficiait de retombées économiques inespérées — 20 millions de livres a-t-on estimé.

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Ce qu’on a moins dit c’est que cette idée, que certains ont trouvé géniale, d’autres sinistre — Banksy a ensuite annoncé envoyer les matériaux du parc aux réfugiés de Calais —, a certainement trouvé son inspiration dans l’œuvre de Jeff Gillette. Ce peintre américain peint depuis 20 ans des paysages post-apocalyptiques, véritables décharges sans fin, où évoluent des personnages de Disney. Quinze de ses tristes compositions font l’objet d’une exposition, « Post Dismal », à la galerie Lawrence Alkin, à Londres, surfant sur le succès de Dismaland.

Mickey Nagasaki Orange

« J’aimerais penser que j’ai été une source d’inspiration dans la satyre du royaume magique de Banksy », explique Gillette à The Creators Project, « mais je maintiens, j’en ai même fait part à Bansky dans un mail, que nous avons des “sensibilités similaires”. Dismaland lui-même présente de fortes ressemblances avec le vrai Disneyland : de longues files d’attente et des employés mécontents. On retrouve également l’exigence de Disneyland dans ses productions et présentations. »

Mickey Slum Shack One

Dans la nouvelle série de peintures de Gillette, on peut voir un Mickey Mouse perché sur une habitation de tôle, dans une mare de détritus, regardant à l’horizon avec perplexité ; le château de Cendrillon entouré de tentes de réfugiés ; ou le London Eye ravagé par les restes de notre société consumériste.

London Eye

« Ne pas avoir pu aller à Disneyland étant enfant m’a peut-être perturbé », explique encore Gillette. « Ou peut-être que ma propre enfance merdique m’a fait vouloir ternir cette joie factice d’un monde merveilleux pré-pubère, ou m’aligner sur ceux qui voient le système entier d’un œil désapprobateur, avec l’empire Disney comme emblème d’une société tâchant de dissimuler ses vices. Peut-être que d’avoir trop vu le monde si pollué, surpeuplé, appauvri m’a fait réaliser combien un endroit qui s’auto-proclame “L’endroit le plus heureux de la planète” est tristement absurde. »

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Disneyland Sign 'Disrupt'

Gillette lui-même, qui a été volontaire pour Peace Corps au Népal et en Inde à la fin des années 80, se dit influencé par les écrits du philosophe allemand Arthur Schopenhauer, résigné face à un monde vide de sens. « Ça a été comme un éclair de lucidité, me confirmant l’état de misère perpétuelle des choses », se souvient le peintre. « Mes peintures sont des représentations visuelles de ce que Schopenhauer décrit comme le pire des mondes possible. »

Bandra Green

Dismal Aid London

Gates

Transition Dismaland

« Post Dismal » est à voir à la galerie Lawrence Alkin, à Londres, jusqu’au 23 juillet 2016. Pour en savoir plus sur Jeff Gillette, cliquez ici.