UNE CRISE HUMANITAIRE SE DÉROULE EN UKRAINE APRÈS L'INVASION DE LA RUSSIE. PHOTO : WOJTEK RADWANSKI/AFP VIA GETTY IMAGES
Une personne ukrainienne non binaire a également décrit ses craintes de quitter le pays pour la Pologne ou la Hongrie, des lieux où son identité est « tournée en ridicule » et non reconnue. « Je dois choisir entre mon propre pays — dans lequel j’ai appris à naviguer — ou un endroit totalement étranger où je pourrais me sentir encore plus exclu et en danger ».Une énorme crise humanitaire est actuellement en train de se dérouler en Ukraine à la suite de l’invasion du président russe Vladimir Poutine. Le HCR, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés, a confirmé que 520 000 réfugiés ukrainiens sont entrés dans les pays voisins depuis jeudi dernier, avertissant que « ce chiffre augmente de manière exponentielle, heure après heure ». Or pour beaucoup de personnes transgenres, entreprendre un tel voyage n’est même pas envisageable.Zi Faámelu est une femme transgenre de 31 ans originaire de Kiev. Elle est musicienne et est déjà passée à la télévision dans son pays d’origine. Selon elle, quitter le pays est impossible et mettrait sa vie est en danger.« Je suis une femme, mais mon passeport et toutes mes pièces d’identité portent la mention “homme”. C’est donc un combat de plus dans la guerre. » - Zi Faámelu
Zi Faámelu. Photos : avec l'aimable autorisation de l'auteur
« Je suis complètement seule désormais. Tous les habitants de mon quartier ont fui. C’est une situation tellement dangereuse, mais j’essaie de rester optimiste. J’ai vu des gens courir pour sauver leur vie, se crier de laisser leurs affaires derrière eux et partir — mais la seule option pour moi en ce moment, c’est de rester là où je suis. »« En tant que personne transgenre, il est déjà très dangereux de vivre en Ukraine en temps normal. Alors maintenant, c’est impossible. De nombreux homosexuels sont bien intégrés dans le reste de la société ukrainienne, mais pour les personnes transgenres, c’est une autre histoire. Il y a tellement de traits physiques pour lesquels nous sommes attaqués — un grand menton, de larges épaules. On nous tabasse, on nous tue. Il faudrait qu’on s’en aille, mais on ne peut même pas quitter nos appartements. »« Sur mon passeport, on verrait le genre et le prénom qui m’ont été assignés à la naissance, et je sais qu’on me traitera de travesti avant de me tabasser. »« En tant que personne transgenre, il est déjà très dangereux de vivre en Ukraine en temps normal. Alors maintenant, c’est impossible. » - Zi Faámelu
UN SOLDAT UKRAINIEN À LA FENÊTRE D'UN IMMEUBLE RÉSIDENTIEL ENDOMMAGÉ À KYIV SUITE À UN TIR D'OBUS. PHOTO : DANIEL LEAL/AFP VIA GETTY IMAGES
Robert est maintenant soutenu par Rain Dove, militant LGBTQ, qui a récemment créé un groupe et un fonds pour aider directement « les personnes LGBTQ, les personnes handicapées et les familles » bloquées en Ukraine. Le groupe est déjà venu en aide à « plus de 700 personnes » afin qu’elles puissent quitter l’Ukraine, et beaucoup d’entre elles sont LGBTQ. « Il y a eu certaines personnes transgenres qui ont été rejetées aux frontières, mais toutes celles que nous avons soutenues ont fini par sortir », a déclaré Rain Dove à VICE.« Si vous êtes une femme trans avec un “H” sur votre passeport, ou si vous êtes non-conforme au genre “H”, nous vous recommandons d’ “égarer” votre passeport avant de vous adresser aux fonctionnaires ukrainiens. Cachez votre carte d’identité dans une bouteille d’eau ou sous la semelle de votre chaussure. Si vous êtes arrêtée, vous pouvez simplement dire que vous n’êtes pas d’ici, que vous êtes étudiante en Ukraine ou que vous êtes de passage. Sans pièce d’identité, vous serez envoyée dans une longue file d’attente de ressortissants étrangers, mais vous parlerez alors à des fonctionnaires des pays frontaliers et vous pourrez présenter votre pièce d’identité sans problème. Cela a fonctionné dans 100 % des cas. » « Si vous êtes un homme trans avec un “F” sur votre carte d’identité, préparez-vous à être bousculé par les autorités ukrainiennes. Elles vous diront que si vous êtes vraiment un homme, il faut vous battre pour votre pays. C’est malheureusement très courant. Vous pouvez aussi essayer de cacher votre carte d’identité, mais nous avons eu vent de certaines personnes qui sont finalement restées pour combattre. »Rémy Bonny, directeur exécutif de Forbidden Colours, une organisation qui milite pour l’égalité LGBTQ en Europe, a déclaré à VICE que « l’agression russe contre l’Ukraine a choqué le monde entier, et les personnes queer sont affreusement impactées par cette guerre. »À la question de savoir ce que les citoyens du monde entier peuvent faire pour aider ces personnes, voici la réponse de Bonny : « Faites des dons aux initiatives qui aident les réfugiés queer d’Ukraine. Nous attendons environ 100 000 réfugiés queer dans les semaines à venir. Ils entreront en Pologne, en Hongrie et en Roumanie, mais comme nous l’avons vu par le passé, les camps de réfugiés sont loin d’être des espaces sûrs pour les personnes LGBTQ. »VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.« L’agression russe contre l’Ukraine a choqué le monde entier, et les personnes queer sont affreusement impactées par cette guerre. » - Rémy Bonny, directeur exécutif de Forbidden Colours
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