Culture

Ambiance rave, pluie et inclusivité : retour sur le festival Supervue à Liège

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C’est un ciel gris et blanc qui m’a accueilli à la sortie du train à la gare de Liège-Guillemins. Le même qui m’a accompagné lors de l’escalade du terril à la recherche du site du Supervue, et qui s’est transformé en orage, puis en pluie diluvienne. On était vendredi, j’étais trempé avant même d’arriver. C’est là que j’ai pris conscience que le weekend n’allait être que de boue et de pluie, ou pire, qu’il n’y aurait peut-être plus de festival du tout.

Je remercie au passage le chauffeur du camion qui m’a sauvé au détour d’un chemin. Le trajet en camionnette s’est transformé en plan de sauvetage pour quelques festivaliers mal équipés que nous avons fait monter à l’arrière. L’arche de Noé version teuf. J’étais tout droit renvoyé à mes souvenirs de premières raves dans la montagne. Pourtant, ce n’était pas une free, mais bel et bien un festival, organisé pour sa quatrième édition dans les hauteurs de Liège à Saint Nicolas, avec la meilleure vue sur la ville, la « Super vue ».

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Arrivé sur le site de la mainstage, un grand paysage de désolation s’offre à moi: flaques, trous et stands déserts, à l’exception de quelques silhouettes en k-way et ces impressionnantes sculptures surplombées d’un os qui font office de porte d’entrée. Une allure de parc d’attraction abandonné; un Jurassic Park qui aurait pris la flotte pendant dix ans. L’impression d’un festival déjà fini aurait pu en faire fuir plus d’un et pourtant je me sens bien.

Dans le champ qui accueille les installations des artistes se dessine un grand soleil de pierres et de craies colorées. Comme un présage que tout va bien se passer. Autour, d’autres oeuvres surréalistes: une espèce de cabine téléphonique en plein milieu du champ, des troncs d’arbres-dolmens en demi cercles et d’autres oeuvres à moitié terrassées par la tempête.

Du sommet du terril, on voit la Meuse traverser la ville, et l’usine Cockerill couleur rouille contraster avec la nature sauvage et verte qui l’entoure. Tout cela forme un paysage mystique propre à l’idée que je me fais de Liège et ses environs: un endroit sauvage, difficile à apprivoiser, et pourtant…

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Les gens impliqués, qu’ils soient artistes, public ou bénévoles, n’avaient qu’un seul but: s’amuser et danser sur de la bonne musique. Car c’était ça aussi le Supervue, un line-up pointu, éclectique et inclusif. Les sets et lives d’artistes comme Baby Blue, Moesha 13, DJ Marcelle, LSDXOXO ou le local Jardin identifié·es queer cotoyaients d’autres artistes venu.es de scènes et styles différents, mais toujours dans un souci d’inclusion avec des artistes tels que Babylon trio, Tisdass ou le collectif Bledarte de Bruxelles pour ne citer qu’elleux. La force du festival était là et le public était à son image.

Que dire de la sueur, de la boue, des bières et de la pluie, de tous ces fluides qui se mélangeaient au son et à la gueule de tous ces gens heureux et démontés. Que dire de ce grand chien blanc qui jouait dans la boue avec son ballon crevé, de cet homme habillé de toutes les couleurs qui dansait partout d’une façon singulière, de ce couple qui se roulait des pelles au milieu du tumulte, de ces clefs de kétamine, de ce mariage en plein milieu du festival, des multiples gamelles dans le chemin de boue, des deux peluches caniches gigantesques qui encerclaient la scène principale, du DJ Set de Evixlo digne d’une grande messe avec FX à gogo, du coucher de soleil le premier soir et du bordel qu’on a mis en backstage le dernier soir… Que dire à part merci. Merci d’avoir réussi à recréer l’ambiance brute et simple d’une free dans un festival institutionnalisé.

Le Supervue peut être fier d’être là, en chair et en son.

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