Les anarchistes allemands démontent les caméras de surveillance à coups d’extincteurs

Vous êtes-vous déjà baladé dans les rues d’un pays développé ? Si oui, vous êtes peut-être le héros méconnu d’un court-métrage muet parce que vous aviez sûrement une caméra braquée sur vous.

Les caméras de surveillance ne sont pas nouvelles et c’est sûrement pour ça que les gens semblent avoir oublié à quel point elles foutent les jetons. Ce n’est pas le cas de Camover, un groupe allemand qui parcourt les rues de Berlin pour défoncer des caméras espionnes. Pas étonnant quand on voit leur slogan : « Freiheit sterbt mit Sicherheit », ou « la liberté meurt avec la sécurité ».

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Pensant ne pas avoir assez emmerdé les autorités, Camover a récemment lancé un concours afin d’encourager les autres à s’y mettre aussi. Il suffit de s’inscrire sous un nom qui commence par « brigade… » ou « commando… » et qui se termine par le nom d’une personnalité historique, recruter quelques personnes et démonter des caméras. Il faut ensuite envoyer des photos et des vidéos sur leur site. Les organisateurs éliront le vainqueur le 19 février – date du Congrès de la police européenne à Berlin où vont se réunir des flics de tout le continent pour bouffer des donuts et parler du fait qu’ils sont « trop vieux pour ces conneries ».

J’aime bien les petits jeunes qui prennent des initiatives. J’ai donc appelé un représentant de Camover pour discuter de leur grand concours.

VICE : Hé, Camover – pourquoi tant de violence ?
Camover :
On se faisait chier. Non, je plaisante. On est fâchés contre cette société de consommation où les gens avalent tout ce que les médias leur disent de gober. Ils oublient de réfléchir par eux-mêmes. On s’est dit que ça serait marrant de motiver les gens à sortir de chez eux pour se débarrasser de ces emmerdeuses de caméras.

Pourquoi n’aimez-vous pas les caméras de surveillance ?
Il y a des profils très différents au sein de notre groupe : des voleurs qui détestent le capitalisme et ne veulent pas être surveillés, des passagers qui ne veulent être suivis partout où ils vont et des anarchistes qui se battent contre toute forme de contrôle de l’État sur les individus. L’État a besoin du pouvoir de surveillance. Il faut qu’on sache qu’il est là et qu’il sait ce qu’on fait. Nous nous battons pour la liberté, et ça commence par la destruction de quelques caméras.

D’accord. Vous avez souvent des problèmes avec la police ?
Non, ils ont du mal à nous choper parce qu’on détruit leurs caméras de surveillance, justement. 

C’est très ingénieux ! Quelle est la meilleure manière d’en détruire une ?
C’est marrant de le faire avec un extincteur parce que ça en fout partout. Sinon c’est pas mal de l’arracher pour la tenir entre ses mains. 

Quel est le moyen le plus efficace ?
Soulever quelqu’un ou alors attacher une corde à la caméra pour l’arracher. De cette manière, on peut être certain qu’elle n’embêtera plus personne. Mais pour faire ça, il faut la couvrir d’un chapeau ou la casser pour être certain qu’elle ne filme plus.

Combien de caméras avez-vous détruites ?
On ne sait pas combien exactement. Pour nous, ce n’est pas quelque chose de si extraordinaire qu’il nous faille tenir des comptes précis, à la manière d’un petit épicier – ça nous arrive de le faire comme ça, sur un coup de tête.

Dans votre vidéo, on vous voit dans un train. Les autres passagers ont l’air assez passifs. Comment réagissent les gens qui vous voient ?
Les gens sont souvent un peu choqués par notre comportement brutal et par le fait qu’on soit habillés tout en noir et masqués. C’est dommage parce que nous sommes des anarchistes, donc on essaye d’être aussi peu violents que possible. On s’en prend à des objets, pas à des gens – les flics et les nazis ne comptent pas. La plupart des gens nous ignorent. Certains préviennent la police, d’autres nous applaudissent. C’est plutôt cool. Mais le mieux c’est quand les autres s’y mettent aussi.

N’avez-vous pas l’impression de gâcher l’argent des contribuables ? Le gouvernement réinstallera inévitablement les caméras que vous cassez.
Le gouvernement ne gâche-t-il pas l’argent des contribuables en remplaçant des caméras que nous allons de toute façon casser à nouveau ?

Pas faux. Donc vous faites ça en vue du prochain Congrès des polices européennes qui se tiendra à Berlin en février. Parlez-m’en un peu.
C’est une réunion qui va rassembler près de 2 000 policiers de haut rang qui pensent pouvoir définir ce qui est bon ou mauvais.

Pourquoi se réunissent-ils ?
Ils veulent discuter du développement de la répression étatique, jusqu’à ce qu’il devienne impossible d’y résister. Des sponsors tels que Siemens, Panasonic ou IBM seront là pour promouvoir leurs solutions.

Et pourquoi êtes-vous contre ?
Parce qu’on n’aime pas les flics.

Ça on sait. Quoi d’autre ?
Ce congrès n’est pas là pour débattre de la démocratie ni de la sécurité des individus. Ils font ça pour la sécurité des gouvernements et de l’économie capitaliste qui assure l’exploitation des gens et la maximisation du profit. En plus, ça les fait marrer de taser les gens de couleur. Il va y avoir une grosse manifestation contre ça, parce que les hommes politiques, les cochons d’économistes et de flics doivent comprendre que leur oppression ne sera pas acceptée.

Merci, Camover !

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