Depuis l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, vous êtes nombreux à vous demander où, désormais, il fera bon poser sa yourte et son k-way pour fabriquer des toilettes sèches, organiser des « soirées contes » – et réinventer la vie.
Vous n’êtes pas les seuls. Les services de renseignements aussi. Depuis des années, ils traquent ces petits coins de nature encore protégée où s’agrègent militants alter, amis des bêtes et nervis d’ultra-gauche. Leurs conseils, pour occuper illégalement, certes, mais entre gens de bonne compagnie.
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Bure, Meuse : le prochain hot spot
Voilà près de 15 ans que ce petit village de la Meuse a été choisi pour accueillir un immense cimetière sous-terrain de déchets radioactifs. Depuis, la mobilisation des anti-nucléaires n’a jamais faibli et promet d’être la terre d’accueil des exilés de Notre-Dame des Landes. Expulsés du bois Lejuc en 2016, les zadistes rassemblés au sein collectif « Bure Zone Libre » viennent de s’y réinstaller en toute illégalité. Une version plus soft est aussi offerte à ceux qui préfèrent rester dans le cadre de la loi : la « Maison de résistance à la poubelle nucléaire », une ferme située au cœur du village, a été rachetée par des associations écologistes. L’exploitation du cimetière nucléaire n’étant pas prévue avant 2025, ça laisse le temps de prendre ses marques.
Pour qui ? Ceux qui aiment passer à la télé. Les objectifs des caméras du monde entier sont déjà braqués dessus.
Montesson, Yvelines : le champ de patates
La création d’un échangeur de l’A14 entre Chatou et Bezon fait polémique. Elle jetterait les bases d’un projet de centre commercial, qui entraînerait l’extension de l’urbanisation dans cette plaine des Yvelines et causerait la disparition des terres maraîchères. On compte une dizaine d’exploitations agricoles sur la zone, qui fournissent à elles seules 5 % de la production nationale de salades. Une poignée de zadistes y a installé un campement dès 2012 et commencé à planter des patates. Détail qui ne manque pas de sel : le maire LR de Montesson, Jean-François Bel, soutien leur action et s’est donné pour objectif « une mobilisation encore plus grande qu’à Notre-Dame des Landes ».
Pour qui ? Les végétaliens affamés, prêts à tout pour imposer la création d’une « zone d’agriculture protégée ». Même à avoir à un maire de droite comme camarade de lutte.
Gonesse, Val d’Oise : le mystère du triangle
À 30 minutes de Paris par le RER D, vous pourrez vous opposer à l’édification d’Europacity, le méga complexe touristico-commercial porté par Auchan et un investisseur chinois, qui devrait sortir de terre en 2024. Rassemblés sous la bannière « Collectif pour le Triangle de Gonesse », qui dénonce la destruction des terroirs au profit d’intérêts privés, vous vous abonnerez à « la lettre du Triangle », vous associerez au projet « Carma » pour l’intelligence agronomique et la souveraineté alimentaire. Signe que le lieu est trendy : le philosophe et écrivain Medhi Belaj Khacem, maître à penser de Julien Coupat, a signé la pétition contre Europacity.
Pour qui ? Les intellos tendance post-situ. Et tous ceux qui pensent que le groupe de Tarnac a été victime d’un complot politique.
Kolbsheim, Alsace : le nouveau né
Depuis juillet dernier, Kolbsheim, en banlieue ouest de la capitale alsacienne, a désormais elle aussi sa ZAD. Pour l’heure, juste une vingtaine de tentes, quelques roulottes, un kiosque d’information et un poulailler… Mais les « veilleurs d’arbres » du collectif « GCO Non merci » voient déjà leurs rangs grossir, alors que le projet autoroutier de contournement de Strasbourg se précise. Le chantier devrait commencer en 2018. Si cette construction est destinée à désengorger l’agglomération, les écologistes estiment que 300 hectares de terres fertiles sont menacés.
Pour qui ? Les décroissants, les altermondialistes et les adeptes du compost.
Mont-Saint-Aignan, Normandie : la poudrière
Les pionniers de Notre-Dame des Landes ont dès 2012 investi « les Bouillons », la dernière ferme de la bourgade, menacée de démolition par le groupe Auchan qui comptait y implanter un supermarché. En 2014, le collectif de la Ferme des Bouillons avait obtenu l’annulation du projet et un classement du site en zone naturelle. Rachetés à Auchan par une SCI en 2015, les 4 hectares sont toujours surveillés par les militants de l’association « Bouillons Terre d’Avenir », qui s’inquiètent de les voir « transformés en décharge ».
Pour qui ? Les anarcho-autonomes amateurs d’action. Les routes y ont été entièrement bloquées pendant le mouvement contre la loi Travail. Et les forces de l’ordre y sont très présentes : c’est ici que les policiers de la SDAT avaient interpellé l’un des amis de Julien Coupat, soupçonné d’avoir fabriqué les crochets ayant servi à saboter une ligne TGV fin 2008.