Au cœur de la noirceur

Un milicien Mai Mai fait sa ronde. Selon la légende, les Mai Mai peuvent changer de forme et ainsi voler. Les balles les traverseraient comme s’ils étaient constitués d’eau. La routine au travail pour ce mineur « artisanal » de l’est du Congo, ou : la première étape de la fabrication des futurs téléphones portables.

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Mai Mai Tenez-vous à l’affût, dans les prochains mois, du sur VBS.TV
Voici du coltan, un composant essentiel de nombreux appareils électroniques comme les consoles de jeux et les portables. Le Congo de l’est fournit 80 % du coltan mondial. De l’or, de la tourmaline, et d’autres minéraux qui font battre le cœur des rebelles. Après que notre Land Cruiser s’est une énième fois enlisé dans la boue, ces jeunes gars ont débarqué de nulle part. Ils envoyaient de bonnes vibes et nous ont même filé un coup de main. Ils avaient l’air d’avoir dévalisé une friperie du futur. Un soldat des Nations Unies attend sur une piste d’atterrissage située le long d’une rangée de baraquements. Cet avant-poste est exclusivement composé de casques bleus indiens réputés pour leur hospitalité, leurs biscuits et leur thé chai. Si vous êtes journaliste ou employé d’une ONG travaillant dans la brousse, c’est l’équivalent congolais d’une oasis dans le désert. Si vous n’êtes pas dans les deux cas précités, alors c’est le début des emmerdes. Dès que nous sommes arrivés dans ce village réduit en cendres au beau milieu de la jungle congolaise, ce grêle Rwandais (un des membres du redouté FDLR) nous a accueillis d’un chaleureux : « Nous avons le pouvoir de vous faire dormir dans la boue ce soir. » Avant que nous ne découvrions exactement ce à quoi il se référait, son comportement a changé radicalement et il a accepté de nous prêter des escortes armées pour la seconde partie de notre voyage jusqu’au camp Mai Mai. Nous n’étions qu’à 6 kilomètres du poste des Nations Unies. Le général Janvier, au premier plan, s’assure que son secrétaire rwandais prend bien note de tout ce que nous nous disons. Peu après notre arrivée au camp Mai Mai, les hommes du général Janvier ont exhibé deux de leurs prisonniers – des soldats de l’armée congolaise qui avaient mis le pied sur leur territoire. Les Mai Mai voulaient prouver qu’ils traitaient humainement leurs prisonniers. La version Mai Mai du sourire pour la photo. Suroosh Alvi envisage de faire demi-tour. Finalement, il réunit assez de courage pour traverser ce « pont » en bambou qui mène au camp Mai Mai.