Crime

Au moins 20 morts dans l’attaque d’une université au Pakistan par des hommes en armes

Au moins 20 personnes sont mortes, et 50 blessées ce mercredi, après une attaque menée par des hommes en armes dans une université du nord-ouest du Pakistan. L’attaque aurait duré plusieurs heures.

Les tireurs ont profité d’un brouillard hivernal épais pour se cacher et escalader les murs de l’université Bacha Khan à Charsadda, dans la province du nord-ouest de Khyber Pakhtunkhwa, avant de pénétrer dans les bâtiments et d’ouvrir le feu sur les étudiants et les enseignants. 

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Un officier de la sécurité qui était sur place a dit à Reuters ce mercredi que 90 pour cent du campus avait été sécurisé, après la fin de trois heures de fusillade entre les assaillants et les forces de l’ordre. Un membre des autorités locales a déclaré à VICE News que les opérations étaient terminées, en fin de matinée (heure de Paris) : “L’armée est en train de sécuriser l’université, bâtiment après bâtiment, cela peut prendre du temps.”

Quatre assaillants ont été tués, a dit l’armée. Nous avons appris de source sécuritaire que les quatre hommes avaient sur eux des vestes explosives, mais qu’ils ont été tués par les forces de l’ordre avant d’avoir pu déclencher leurs explosifs. 

Le journal local Dawn a indiqué que les étudiants de l’université avaient été réunis pour un récital de poésie organisé pour célébrer l’anniversaire de la mort de Khan Abdul Ghaffar Khan, un activiste pachtoune célèbre pour son engagement en faveur de l’indépendance.  

L’homme politique local Shaukat Yousufzai nous a dit que le nombre des morts pouvait être entre 25 et 30 personnes. Fakhr-i-Alam, un officiel du gouvernement a lui déclaré qu’au moins 19 personnes étaient mortes. Sur Twitter, un compte du gouvernement de Khyber Pakhtunkhwa a écrit qu’il y aurait “environ” 25 morts et 30 blessés, avant de déclarer 3 jours de deuil. 

Des sources officielles redoutent que le bilan monte à 40 personnes tuées, à mesure que l’armée sécurise les salles de classe et les lieux de vie des étudiants. Un porte-parole de l’équipe des secours a dit que les morts étaient des étudiants, des gardiens, des policiers et au moins un professeur. Sur la page Facebook de l’université, on peut lire qu’un professeur de chimie, deux gardiens, deux femmes et deux policiers se trouvent parmi les morts.

Vers 3h30 de l’après-midi, heure locale (11h30 heure de Paris), un officiel de l’armée a annoncé à Associated Press que l’opération était terminée, et que 20 personnes étaient mortes. 

Les talibans pakistanais ont revendiqué cette attaque dans un email envoyé aux médias locaux. Umar Mansoor, un commandant du groupe armé Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP) a dit à l’AFP: “Nos quatre attaquants-suicide ont mené l’attaque sur l’université Bacha Kahn aujourd’hui”. Il a dit que cet attentat était une réponse à l’offensive militaire de l’armée contre les extrémistes dans les zones tribales. 

Le vice-recteur Fazal Rahim a indiqué aux reporters que l’université compte plus de 3 000 étudiants, et que 600 visiteurs en plus se sont présentés pour le récital de mercredi. 

On pouvait voir à la télévision des images de soldats qui entraient dans le campus, alors que des ambulances stationnaient devant l’entrée principale. Des parents anxieux se consolaient entre eux.

Shabir Khan, un professeur du Département d’Anglais a expliqué qu’il s’apprêtait à quitter sa maison située sur le campus quand les coups de feu ont commencé.

« La plupart des étudiants et des professeurs étaient en cours quand les coups de feu ont débuté, » explique Khan. « Je ne sais absolument pas ce qui se passe, mais j’ai entendu un officiel parler au téléphone. Il disait que beaucoup de gens avaient été blessés et tués. »

Une mère qui cherchait sa fille a déclaré aux journalistes, « Ma fille m’a appelé quand l’attaque a commencé et je me suis précipitée à l’université — maintenant son téléphone est éteint. J’ai fait le tour de tous les hôpitaux et je ne l’ai pas trouvée. »

Un autre étudiant, Aizaz Khan, a déclaré à Reuters : « Nous avons entendu des coups de feu dans le fond du campus. On pensait que peut-être des gens se battaient. Puis les coups de feu ont été plus nourris. Alors on a dit : “Allez dans vos chambres. Ne sortez pas !” Puis les forces de sécurité sont arrivées. Elles ont fait preuve de beaucoup de courage. L’armée pakistanaise a aussi été courageuse. »

Zahoor Ahmed, un étudiant, a déclaré aux médias qui attendaient en dehors du campus, qu’il avait essayé de s’enfuir quand il a commencé à entendre des coups de feu, mais son professeur de chimie, Syed Hamid, lui a conseillé de rester à l’intérieur. Hamid tenait un pistolet qu’il a utilisé pour tenir en joue les assaillants avant de se faire tirer dessus.

Ahmed s’est alors échappé en sautant depuis le toit du bâtiment dans lequel il était.

Un autre étudiant, Mumtaz Khan, a rendu hommage à Hamid. « Si le professeur Syed Hamid n’avait pas arrêté les terroristes et qu’ils avaient pu entrer… Alors les terroristes auraient tué tous les étudiants, mais Dr Syed Hamid a fait don de sa vie et nous a tous sauvés. »

Le Premier ministre pakistanais, Nawaz Sharif, a diffusé un communiqué après l’attaque indiquant qu’il était « profondément attristé ».

« Nous sommes déterminés et résolus à éradiquer la menace du terrorisme dans notre pays. Les innombrables sacrifices faits par nos concitoyens ne seront pas vains Inchallah. »

Le Premier ministre indien a transmis ses condoléances aux familles sur Twitter.

L’ambassade américaine au Pakistan a aussi condamné l’attaque sur Twitter, déclarant « Nos pensées sont avec les victimes et leurs familles ».

Le contrôleur des médias pakistanais (le PEMRA pour Pakistan Electronic Media Regulatory Authority) a aussi demandé aux médias de ne pas révéler les mouvements des forces de sécurité et des étudiants pendant leur couverture de l’attaque, a fait savoir Radio Pakistan.

Le Pakistan, qui souffre depuis des années de la violence liée au djihadisme, a tué et arrêté des centaines de partisans présumés de groupes djihadistes suite à un coup de filet d’envergure organisé en réaction au massacre de 132 élèves dans une école de Peshawar en décembre 2014.

L’attaque de Peshawar — menée par six Talibans pakistanais à moins de 40 kilomètres de l’université Bacha Khan — a motivé les autorités pakistanaises à agir et à combattre les partisans de ce type de groupe qui prolifèrent le long de sa frontière avec l’Afghanistan. 


Mohammad Zubair Khan a participé à la rédaction de cet article.

Avec Reuters

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