Pour beaucoup, le black metal ressemble au maquillage cadavérique qu’arborent la plupart des groupes du genre : monotone et monochrome – ce qu’on entend généralement, c’est que quand on a entendu deux ou trois groupes s’égosiller sur des sons de tronçonneuses, leur poids en cuir clouté sur le dos, on les a tous entendus. Mais pour le journaliste britannique Dayal Patterson, qui a fait du black metal sa spécialité, cette scène est un puits sans fond.
De nombreux lecteurs connaissent sans doute son premier livre consacré au genre, l’épique Black Metal : Evolution Of The Cult, mais peu d’entre eux savent que Patterson a continué à écrire sur le black metal et publié trois autres ouvrages sur le sujet. Le dernier de la série, Black Metal : Into The Abyss, trouve son inspiration dans les fanzines des années 90 comme Slayer Mag ou S.O.D, utilisant divers récits tirés d’entretiens en tête à tête pour recréer l’histoire orale de certains des groupes les moins connus de la scène black metal, et des personnages fascinants – et parfois choquants – qui les constituent.
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Vous pouvez lire ici une interview de Patterson, suivie d’un extrait d’Into The Abyss, consacré au groupe estonien controversé Loits. Les opinions qui y sont exprimées sont celles de leur auteur et des musiciens en question, et ne reflètent pas celles du rédacteur de l’article ni de l’équipe de Noisey.
Noisey : Y a t’il un groupe en particulier qui t’a surpris ou impressionné au cours de tes entretiens pour Into The Abyss ?
Dayal Patterson : J’ai le sentiment qu’à chaque fois que j’interviewe un groupe, j’en ressors en les appréciant encore plus et encore plus profondément qu’avant. C’est quelque chose que je ressens dans la scène black, mais pas forcément pour tous les genres de metal – les artistes impliqués ont toujours une vision du monde très forte, qui va bien au-delà de la musique. Chaque chose possède une signification profonde. Et c’est la raison pour laquelle je continue à écrire des livres sur le sujet.
Pour ce bouquin, l’entretien avec Forgotten Woods a été très important à mes yeux, parce que c’est probablement la dernière interview qu’ils feront jamais. Ils n’en ont donné que deux ou trois, de toute leur carrière. Mystifier aussi, parce que ça a pris tellement de temps pour qu’on y arrive – je crois que j’ai commencé à leur parler en 2009. Et même 1349. 1349 est clairement le groupe le plus connu du livre, et ils donné beaucoup d’interviews à l’époque, mais j’ai été agréablement surpris de la profondeur de notre discussion.
C’est vrai que 1349 occupe une place particulière dans ton livre. Qu’est-ce que tu as appris sur eux ? Quelle est leur vision des choses ?
Et bien, j’avais interviewé Ravn auparavant, donc on se connaissait déjà un peu. C’est quelqu’un de très sérieux. Je trouve qu’ils sont vraiment intéressants dans la mesure où ils ont un gros succès commercial – c’est un des groupes les plus gros de la scène –, mais le groupe a été formé en réaction à ce qu’ils percevaient comme la commercialisation du black metal, à la fin des années 90. L’idée était de faire revivre l’esprit du début des années 90. Il y a donc une certaine ironie dans le fait qu’un groupe dont la raison d’être est de faire du black metal sans compromis devienne un des plus gros succès commerciaux du genre. La plupart des groupes n’analysent pas leur musique – c’est quelque chose d’instinctif – mais des gens comme 1349 sont assez conscients de ce qu’ils font, par exemple.
On dirait que l’objectif principal pour tous ces groupes c’est d’être « old school », mais que la plupart d’entre eux ont, de fait, le sentiment de ne rien faire de neuf.
Le black metal se définit vraiment par la rencontre de deux impulsions différentes, l’une étant d’être novateur et expérimental, l’autre d’être conservateur, traditionnel, et de rendre hommage à un style spécifique. Et je pense que c’est ce paradoxe qui fait que le black metal continue d’évoluer, tout en restant consistant, parce que tu as des groupes qui prennent une idée, ou une représentation particulière du genre, et qui soit la ressuscitent, soit en modifient un des aspects. Et entre ces deux façons de faire, tu trouves de tout, comme One Tail One Head, qui s’inspirent de groupes très traditionnels – mais à côté de ça, leurs membres font aussi Vemod, un groupe qui part dans de nouvelles directions, musicalement et spirituellement.
Le black metal en tant que genre semble attirer un public aux opinions politiques controversées et plutôt bien à droite. Le terme « NSBM » [National Socialist Black Metal] est répandu dans la scène metal, alors qu’il n’existe aucun équivalent pour d’autres genres comme le thrash ou le death metal. Comment tu expliques cela, toi qui a beaucoup écrit sur le black metal ?
C’est un sujet sur lequel j’ai énormément réfléchi, et la question que je me pose encore, c’est : est-ce que le black metal attire plus de gens qui ont des idées d’extrême droite, ou est-ce parce que le black metal encourage plus les gens à être totalement honnêtes et à ne pas avoir de tabous ? Parce qu’il existe beaucoup de groupe de death metal, surtout aux États-Unis, qui nourrissent, au niveau personnel, des idées racistes ou conservatrices. Dans le black, on peut dire que ces idées occupent une place plus importante que la moyenne, mais je pense que c’est parce que les gens dans cette scène expriment plus ouvertement ces idées controversées que ceux des autres genres musicaux en général.
Dans les groupes de pop, peu de gens s’expriment sur leurs opinions politiques, parce que ça pourrait nuire à leur succès, et nuire à leurs ventes. Sauf que le black metal est contre les ventes. Contre le marché. Et les fans vont presque à l’encontre de ça. Ça contraste avec l’attitude des gens dans les autres styles, comme le hip-hop. Dans le premier album du Wu-Tang, ils parlent de se faire du fric avec ça, mais on ne peut pas parler de se faire du fric avec le black metal. Ça ne passerait pas. Donc, d’un point de vue économique, le black metal adopte aussi une posture « de gauche », si on veut voir les choses en ces termes. Le black metal attire et accepte les extrêmes. J’ai rencontré tellement de gens avec des opinions politiques tellement différentes dans la communauté black metal, allant de la gauche à la droite, que je trouve trop facile de dire que le black est plus raciste ou plus de droite que les autres genres de metal, ou que les autres styles de musique. La différence, c’est que si tu as des idées extrêmes, elles seront moins cachées ou censurées qu’ailleurs.
Loits, qui viennent d’Estonie, font partie des groupes controversés qu’on trouve dans ton livre, notamment parce qu’ils portent des uniformes SS. Mais ils expliquent ça de manière très réfléchie et introspective, contrairement à pas mal d’autres groupes du genre.
Sur la question du nationalisme, ça varie vraiment d’un groupe à l’autre. Mais on pourrait dire ça de tous les aspects – la misanthropie, le satanisme, vraiment tout. Voilà pourquoi le back metal est un mouvement fondamentalement apolitique. On a assisté à des tentatives de l’extrême droite de rallier la scène black metal, aux côtés du mouvement skinhead. Resistance Records en est un exemple. Mais ça ne fonctionne pas, simplement parce que même le plus raciste des groupes de black ne trouvera aucun intérêt à s’associer avec un autre groupe de black hyper raciste. Dans mon deuxième bouquin Cult Never Dies Vol. 1, Einar, qui jouait initialement dans Gorgoroth, et qui est maintenant dans Wardruna, l’a bien résumé : le black metal n’est pas un troupeau de moutons qu’on peut faire aller dans une seule direction. C’est une tribu de boucs, qui partent tous dans leur propre direction.
L’extrait qui suit est tiré d’une interview de Loits qui figure dans « Black Metal : Into The Abyss ».
L’album est porté par un thème fort, il s’intéresse à la période durant laquelle les soldats estoniens se sont battus aux côtés des Allemands, durant la Seconde guerre mondiale. Comme vous l’expliquez dans l’album lui-même, la situation était très étrange et complexe, car il existait une animosité forte entre les deux pays même pendant cette période d’alliance. Est-ce que tu peux m’en dire un peu plus sur cet épisode paradoxal de l’Histoire ?
L’Estonie a obtenu son indépendance dans le chaos de la Première Guerre Mondiale, en 1918. Elle était initialement occupée par les Allemands, puis la Russie soviétique les a attaqué et a déclanché ce qui allait devenir notre guerre d’indépendance, durant laquelle, aidés de leurs alliés (principalement anglais et finlandais), les estoniens ont réussi a dégager à la fois les allemands et les russes, pour que les gens puissent construire leur propre état. Malheureusement, ça n’a pas duré longtemps. En août 1939, l’Allemagne et l’Union Soviétique signèrent secrètement un pacte de non-agression, qui divisait l’Europe selon leurs sphères d’influence. L’Estonie essaya d’éviter la guerre, et autorisa l’implantation de bases militaires soviétiques sur son sol, qui furent ensuite utilisées par la Russie pour occuper le territoire. S’en suivirent les mobilisations dans l’Armée Rouge, et les déportations massives, revenant l’une et l’autre à un voyage dans les camps de la mort, où la plupart des gens mourraient. Ceux qui ont pu se sont échappés dans les forêts et ont organisé des îlots de résistance locale. Alors que les allemands marchaient sur la frontière estonienne, en 1941, la moitié du pays était déjà libérée des russes. Une grande partie de la résistance locale, les Frères de la Forêt, y ont vu une chance de prendre leur revanche et ont rejoint l’armée allemande. Comme le célèbre capitaine Alfons Rebane – le demi-frère de mon grand-père, Lembit Lehmets, a combattu sous ses ordres dans la Wehrmacht, et plus tard dans la légion estonienne.
Il s’agissait de choisir le moindre mal. Initialement, les allemands étaient vus par la majorité des estoniens comme les libérateurs de l’oppression soviétique, étant arrivés une semaine seulement après les premières déportations massives des habitants des pays baltes. Ceux qui ne voulaient pas porter l’uniforme allemand rejoignirent l’armée finlandaise à la place. Même si l’espoir de restaurer l’indépendance du pays était réapparu, on a rapidement réalisé qu’on passait juste d’une occupation à une autre. Les estoniens qui se battaient dans les rangs de la Wehrmacht n’aimaient pas la manière dont l’Allemagne les forçait à se battre en Russie et en Ukraine. En janvier 1944, la ligne de front fut repoussée jusqu’à l’ancienne frontière estonienne, et le président du gouvernement fraîchement constitué, Jüri Uluots, fit une annonce radiophonique qui implorait tous les hommes valides de se présenter au service militaire allemand (avant cela, Uluots s’était opposé à la mobilisation estonienne). Cet appel fut entendu dans tout le pays : 38 000 personnes se présentèrent aux centres de recrutement. L’événement le plus important fut la bataille de la ligne de Tannenberg : les estoniens et les volontaires de l’armée allemande (22 250 hommes) opposèrent leur résistance à l’armée russe (136 830 hommes), et grâce à ces combats, la Finlande réussit à sortir de la guerre, et des dizaines de milliers d’estoniens eurent la possibilité d’échapper à la Terreur rouge.
Les rouges furent éjectés hors d’Estonie. Bientôt, plusieurs milliers d’estoniens qui s’étaient engagés dans l’armée finlandaise revinrent par le golfe de Finlande, pour rejoindre la Force de défense territoriale, qui venait d’être créée pour défendre l’Estonie contre l’avancée soviétique. On nourrissait l’espoir qu’en s’engageant dans cette guerre, l’Estonie pourrait s’attirer le soutien du monde occidental dans sa lutte pour l’indépendance face à URSS, et finir ainsi par l’obtenir. Lorsque les Allemands se retirèrent en septembre 44, Uluots forma un nouveau gouvernement, avec Otto Tief à sa tête. Le 20 septembre, on proclama l’institution du gouvernement national estonien. Les forces estoniennes s’emparèrent des bâtiments gouvernementaux à Toompea, et intimèrent aux Allemands l’ordre de quitter le pays. Mais ensuite, les rouges attaquèrent par le sud, et occupèrent à nouveau l’Estonie – pour un demi-siècle, cette fois-ci. En prenant tous éléments en compte, ces hommes courageux, les estoniens qui portèrent l’uniforme allemand, ne furent pas condamnés comme criminels de guerre, même lors du procès de Nuremberg. Il s’agissait clairement d’un combat pour un pays libre !
Quelle était la situation en Estonie après la fin de la guerre, lorsque le pays est tombé sous le joug de l’URSS ?
La Terreur rouge s’est répandue à travers le pays, sous toutes ses formes les plus hideuses. C’est un des thèmes que j’aimerais aborder dans le prochain album. La société entière était la cible des répressions. À nouveau, on déporta les gens en Sibérie dans des wagons à bestiaux. À nouveau, les assassinats politiques, la torture et les incarcérations. Les soviétiques voulaient éradiquer toute trace de société civile viable. Certains rejoignirent la résistance armée, les « Frères de la Forêt », mais leur combat était vain. Ce n’est qu’après quelques décennies que la Terreur rouge commença a perdre en vigueur. La mort de Staline marqua un changement significatif. Le lavage de cerveau continua jusqu’aux derniers instants de l’URSS, mais les années 60 furent déjà plus clémentes. Comme je l’ai déjà expliqué, c’est à cette période que de petites fenêtres ont commencé à apparaître dans le Rideau de Fer, et puis ce Rideau a fini par être en lambeaux. Et pour les Russes, l’Estonie était vraiment considérée comme un pays de l’Ouest ; comme je l’ai dit, malgré les efforts des autorités russes, nous avions la possibilité d’écouter des stations de radio occidentales, et de regarder la télé finlandaise. Ça semblait complètement irréel, tout ce monde occidental, mais on avait l’opportunité d’en faire partie. Aucun autre pays de l’URSS n’avait cette chance.
Il faut reconnaître que les photos qui ornent la pochette de Vere Kutse Kohustab sont vraiment remarquables, ce sont des représentations très authentiques des membres du groupes en soldats estoniens (et en infirmières) de la Seconde Guerre Mondiale, à la fois sur le champs de bataille, mais aussi au repos. À quel moment tu as décidé de franchir ce pas, dans l’esthétique de l’album ?
Si tu jettes un œil sur le verso de notre trilogie de 45 tours, tu nous vois déjà en espèces d’uniformes paramilitaires. Nos tenues de scène, avec des symboles de la légion estonienne cousus dessus. Utiliser des répliques d’uniformes allemands, avec des insignes de la légion estonienne – à peu près les mêmes que ceux que portaient nos grands-pères pendant la guerre –, c’était donc une évolution très organique. Évidemment que nous n’étions pas naïfs. Nous étions parfaitement conscients de ce que ce genre de décision pouvait générer. Ces sujets étaient toujours très délicats à l’époque, même ici en Estonie. Mais il est impossible de raconter l’histoire en entier sans y creuser aussi profond que possible. Tout ce truc des uniformes allemands était encore très connu, et très sensible à l’époque. Pour nous (estoniens), c’est une sorte de deuxième guerre d’indépendance, mais ça reste encore très difficile à comprendre pour les pays de l’Ouest, parce que l’uniforme allemand dégage une forme d’aura noir, comme tu le sais toi-même.
Bien entendu. Et de manière prévisible (et pas entièrement illégitime), peut-être que certaines personnes ont été troublées par le fait que vous portiez ces uniformes si mal connotés, et en ont conclu que vous faisiez l’apologie de l’idéologie national-socialiste. Est-ce que vous vous y attendiez, et est-ce que ça vous a posé des problèmes ? En règle générale, est-ce que les gens ont compris ce que vous vouliez faire ou pas, à l’étranger et chez vous ?
Oui, on s’attendait clairement à la plupart des réactions que ça a généré à l’époque. Peut-être que ça à même motivé notre action. Cette histoire devait être racontée. C’était encore un sujet sensible, même ici en Estonie. Mais c’est au même moment que la première « guerre des statues » a été déclenchée : une statue en l’honneur des soldats qui se sont battus contre la Terreur rouge sous l’uniforme allemand fut inaugurée à Lihula, et 13 jours plus tard, le gouvernement s’est mis à la démonter, pendant la nuit. Les gens du coin sont sortis de chez eux pour s’y opposer, et tout ça est devenu viral. La nouvelle s’est répandue, et ça a fait la une de tous les magazines et les journaux – je crois que grâce aux événements de cette nuit-là, beaucoup de choses ont changé dans l’esprit des estoniens. Il a encore fallu expliquer des tonnes de trucs ici, et on doit l’expliquer à chaque fois qu’on donne une interview à la presse étrangère, même maintenant. Et ça nous va. S’ils finissent par nous comprendre, alors le but est atteint. Et la plupart des gens comprennent, parce que nous utilisons des faits historiques clairs, et qu’on a laissé la propagande et la politique aux autres. Quand on a fait une interview pour un webzine russe, les choses sont devenues complètement folles. Je suis obligé de remercier le mec courageux qui nous proposé cette interview et qui a défendu Loits sur sa page, mais il été forcé de la retirer très vite, et on a reçu des tonnes de mail de haine. Plus des menaces de morts, et des messages genre « On sait où vous habitez ». Même ici, les estoniens et les russes ont des points de vue totalement différents sur ce qu’il s’est passé à l’époque. Les russes qui vivent ici sont encore lourdement influencés par la propagande russe, même aujourd’hui.
Et puis on nous a invités à jouer en Allemagne. Bien entendu, le concert à été annulé et la police allemande voulait parler à l’organisateur à propos de potentielles activités d’extrême droite. Même la télé allemande a consacré un petit moment à cette histoire. L’organisateur a failli perdre son boulot, à l’époque. On trouve encore des tonnes d’article antifas sur ce concert à Magdeburg. Quand on a joué pour un rassemblement de bikers en Lituanie, il y a des années, les antifas ont foutu le feu au club. Le clip de « Aeg ärgata » de Loits est passé dans une émission télé dans laquelle des célébrités donnent des points et commentent les clips. Un type qui nous avait donné des points positifs, et dit que c’était une bonne chose, a failli se faire tabasser dans la rue, à Tallinn. Donc notre engagement avait vraiment une signification. C’est affreux de travailler dur à un album et qu’ensuite rien ne se passe quand il sort – si tu abordes et tu te bats pour les bonnes causes, tu te fais toujours des ennemis.
Est-ce que ça vous dérange qu’il y ait encore aujourd’hui des gens qui puissent croire que vous êtes un groupe raciste, ou que vous êtes sympathisants de l’idéologie national-socialiste, parce qu’ils ne se sont pas penchés sur ce sujet complexe ?
Ça me dérange un peu moins chaque jour. J’ai l’esprit solide, et après toutes ces années, j’ai le cuir épais. Je ne vais pas me battre contre les gens qui veulent voir un ennemi dans tout ce qu’ils ne comprennent pas – haters gonna hate. Tu ne peux pas laisser les gens comme ça t’atteindre. Et d’une certaine manière, ils nous aident à nous faire entendre, en nous donnant de plus en plus la possibilité de raconter notre histoire. Peut-être que je devrais être reconnaissant qu’ils soient aussi stupides ?
Mais pour clarifier tout ça, et éviter l’incompréhension quant à votre message, est-ce que tu peux expliquer ce que ça veut dire exactement pour toi, être nationaliste, pas seulement en tant qu’Estonien, et dans quelle mesure cela diffère de ceux qui se disent sympathisants nationalistes ou national-socialistes, pour qui ces termes sont liés aux questions raciales, etc. ?
On devrait tous prendre plus de temps pour s’interroger sur ce qui fait que nous sommes qui nous sommes. La nation a un grand rôle à jouer dans notre développement personnel, d’autant plus si on fait partie d’une petite ethnie. Une personne qui a conscience d’elle-même, qui connaît et qui respecte sa culture, possède de l’assurance, et elle peut alors accepter et respecter les autres cultures et les autres nationalités autour d’elle. Plus on creuse profond dans les différentes couches de nos cultures, plus on comprend à quel point tous les débats sur les races et la politique du quotidien (y compris le national-socialisme) sont insignifiants. La politique d’aujourd’hui semble aller à l’encontre de la culture ethnique. Mais cela ne veut pas dire que le national-socialisme pourrait représenter un chemin vers le salut.
Mais penchons nous sur un sujet plus intéressant – ce qui pour moi fait d’un estonien ce qu’il est. D’abord, nous sommes profondément enracinés sur notre terre, et notre mémoire collective s’étend sur une longue période. Nous vivons sur ces terres depuis une éternité. On pourrait probablement dire que la nature estonienne ; la langue et la culture, viennent de la même époque. C’est pourquoi c’est cet endroit en particulier qui a exercé la plus grande influence sur notre ethnogenèse. Nos âmes résident en deux lieux : la forêt et la mer. À l’orée de la forêt, et sur les plages de galets, nous avons vécus entre deux mondes différents. La mer et l’agriculture nous ont fourni tout ce qui est neuf et novateur. Mais derrière nous s’est toujours dressée la forêt englobante, gardienne des anciennes traditions. Aujourd’hui, nous vivons dans le monde occidental, tout en conservant le sens bestial des gens de la forêt. Les sens profonds du chasseur-cueilleur. C’est ça qui nous a donné la chance unique d’être les habitants originels de la terre sur laquelle nous vivons, en préservant notre culture et nos traditions dans notre propre pays.
« Avant les camps, je voyais l’existence de la nationalité comme quelque chose à laquelle il ne fallait pas prêter attention – la nationalité n’existait pas vraiment, seulement l’humanité. Mais dans les camps, on l’apprend : si vous appartenez à une nation prospère, on vous protège et vous survivez. Si vous faites partie de l’humanité universelle, tant pis pour vous. » Alexandre Soljenitsyne
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