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Comment gérer son argent lorsqu’on est jeune et cassé

À l'instar d'une bonne partie de ma génération, la gestion de mon capital est une catastrophe.
Photo : Pixabay

Cet article fait partie du Guide VICE pour être un adulte responsable.

Pour le bien de cet article sur les finances des jeunes adultes, je me suis confrontée à mes propres démons monétaires. J'ai respiré un grand coup, j'ai ouvert mon compte bancaire, j'ai ouvert Excel, et après quelques minutes de gossage, j'ai réussi à me dresser un tableau tout croche, à l'image de mes finances.

Conclusion : à l'instar d'une bonne partie de ma génération, la gestion de mon capital est une catastrophe. Pour le mois de septembre seulement, j'ai sacrifié inutilement des centaines dollars, et ce, malgré des dettes assez élevées. Le tout s'est envolé en restos, en alcool, en taxis - souvent dans cet ordre -, mais aussi en une série de dépenses impulsives. Je pense qu'il y a juste Snoop Dogg et Wiz Khalifa pour être fiers de mon train de vie Young, Wild & Free. Moi, j'ai des regrets.

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Il semblerait que je ne sois pas la seule à lancer mes précieux dollars par poignées pour goûter du bout des lèvres à l'éphémère volupté. La mauvaise gestion des finances est assez répandue chez les jeunes Québécois, mais rassurons-nous, il y a des solutions.

Des dettes, il pleut des dettes

S'il manque de données récentes pour brosser un portrait juste de la situation actuelle, celles qui ont été compilées dans les dernières années n'ont rien de reluisant : l'endettement des jeunes est en constante augmentation.

Une étude menée en 2011 par l'Union des consommateurs révèle que « les jeunes qui ont à peine atteint la vingtaine sont de plus en plus nombreux à vivre d'importants problèmes financiers en raison de leur haut niveau d'endettement. Près de 60 % des 18-29 ans ont des dettes, le plus souvent de carte de crédit. »

Quelques explications à ce phénomène résident dans l'accessibilité grandissante aux différents types de prêts, la plus grande promotion auprès des jeunes et la banalisation du crédit, m'explique la professeure titulaire à l'Université Laval, Marie J. Lachance. Et le crédit amène la dépense. « Près de 40 % des jeunes adultes sondés nous ont dit que le fait d'avoir une carte de crédit les portait à dépenser davantage », rapporte-t-elle.

Fait à souligner : les jeunes sont très peu informés sur le fonctionnement du crédit. « Il y a vraiment des lacunes, déplore Marie J. Lachance. Entre 75 et 80 % des 18 à 29 ans ont une carte de crédit ou plus. Et la moitié ne savait pas qu'en payant seulement le montant minimum mensuel dû, ils payaient de l'intérêt. C'est assez crucial quand on utilise une carte de crédit de ne pas savoir ça. »

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En étant mal informés, les jeunes risquent de se surendetter, prévient la professeure, qui constate qu'une mauvaise utilisation du crédit peut avoir des conséquences dramatiques. Elle donne l'exemple de gens qui n'ont pu fonder une famille, s'acheter la maison de leurs rêves ou encore lancer leur entreprise, car ils croulaient sous les dettes.

Des solutions pour ceux qui vomissent à la vue du mot « budget »

La coordonnatrice de la Coalition des associations des consommateurs du Québec (CACQ), Élisabeth Circé Côté, est au fait de ces problèmes, et tente d'y trouver les solutions appropriées. « Ça fait 10 ans qu'on axe nos campagnes sur l'épargne et les budgets, mais les jeunes, ça ne leur dit rien. Ils ne veulent pas arrêter d'aller voir des shows, d'aller au gym, de prendre des cours de je-ne-sais-pas-quoi. Ils ne veulent pas couper dans leurs besoins pour réduire leurs dépenses », remarque-t-elle.

C'est pourquoi la nouvelle campagne de la CACQ est axée sur diverses options communautaires, qui permettent aux jeunes de maintenir leur train de vie sans que leur portefeuille ne se transforme en passoire.

Pour s'alimenter, on conseille par exemple aux jeunes adultes d'avoir recours aux groupes d'achats, aux cuisines collectives et même aux jardins communautaires. On leur suggère également de se tourner vers les Maisons de la culture ou les festivals régionaux pour se divertir à moindre coût.

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… Mais il faut quand même un budget

À part ces choix, il n'y a pas une grande variété de solutions. Il faut se faire – ô rage, ô désespoir – un budget. La professeure Marie J. Lachance conseille d'utiliser une application développée par une Association coopérative d'économie familiale (ACEF), appelée « Budget en ligne ».

Il suffit de détailler ses revenus et ses dépenses, d'en consulter le bilan, et d'apporter des correctifs au besoin. J'aime particulièrement qu'il y ait, dans l'onglet « Dépenses variables régulières », les catégories « Repas au travail », « Dollarama » et « Drogues ». Ces gens-là savent vivre.

On peut aussi personnaliser la grille des dépenses pour se créer un budget à notre image. J'ai pour ma part ajouté « Taxi pompette », « Sucreries SPM » et « Dépenses futiles pour combler le vide existentiel», autant d'éléments incontournables à mon bon fonctionnement. Je ne sais pas encore si je vais mieux gérer mes dépenses grâce à l'application, mais j'ai eu un plaisir fou à choisir où j'allais gaspiller mon salaire.

Vers une éducation plus riche

Le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a annoncé la semaine dernière qu'il comptait rendre obligatoire le cours d'économie au secondaire dès la rentrée 2017. Une bonne nouvelle, selon Élisabeth Circé Côté, qui juge insuffisante l'actuelle offre de cours optionnels. « Il n'y a personne qui trouve ça vraiment le fun, les finances. Si le cours est optionnel, c'est sûr qu'il n'y a pas 12 millions de personnes qui vont courir pour s'y inscrire. »

Une nouvelle génération d'étudiants sera donc mieux informée sur les finances personnelles, l'épargne et le crédit. Pour les autres qui n'auront pas eu cette chance, il y a toujours l'internet, les conseillers financiers et VICE Québec.

Cet article a été publié grâce au soutien de la Banque Nationale.