Le sexe anal peut-il vraiment faire du mal à votre – enfin, vous voyez quoi ?

Aujourd'hui, l'anal est partout. Selon le site _Pornhub _–__ qui a bien voulu nous donner quelques chiffres au sujet de sa fréquentation – il semble que les Français adorent le sexe anal, femmes comme hommes. Allez savoir pourquoi, c'est plus particulièrement le cas dans le sud-est de la France – genre en PACA, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon et Corse. Sans doute à cause d'un certain exotisme lié à ces magnifiques régions.

Comme l'anal devient particulièrement populaire, il est normal de se questionner sur les effets à long terme de cette pratique sexuelle, plus particulièrement pour le « receveur» – ou passif, même si je n'aime pas vraiment cette expression. J'ai pu avoir un aperçu de ces questions dans mon travail d'éducateur sexuel, où les questions à ce sujet reviennent de plus en plus, tant dans mes cours que dans ma boîte mail. Les questions peuvent varier, mais si l'on peut trouver un dénominateur commun à toutes, ce serait globalement : « Est-ce que l'anal va foutre en l'air mon cul ? »

Si vous cherchez sur Internet la réponse à cette question, vous allez tomber sur de nombreuses informations contradictoires. Certains sites affirment que l'anal est parfaitement inoffensif pour votre anus, alors que d'autres estiment qu'une telle pratique vous causera nécessairement des problèmes de santé. Inutile de vous dire que ce bordel géant autour de la question génère énormément de confusion. Essayons de clarifier les choses et de voir un peu ce qu'en dit réellement la science. Après avoir scruté un paquet d'études et discuté avec des experts, voici ce que j'ai découvert.

Il y a une montagne de recherches sur les risques de MST (Maladie sexuellement transmissible) liées au sexe anal – un truc que la plupart d'entre vous savent déjà. Je ne vais donc pas m'attarder là-dessus, si ce n'est vous faire un rappel amical en vous disant qu'utiliser une capote et se « préparer » sont de très bons moyens d'éviter une infection. A contrario, il n'y a que très peu d'études sur les risques de la sodomie à long terme pour le bon fonctionnement de votre rectum et son accomplissement de sa mission quotidienne. La première étude à ce sujet semble dater de 1993. Dans cette dernière, les chercheurs ont comparé le fonctionnement intestinal et anal de deux groupes d'hommes : d'un côté, 40 homosexuels receveurs, de l'autre 18 hétérosexuels totalement vierges du cul. Lors de cette étude, les chercheurs ont disposé des ballons à l'intérieur du rectum des participants afin de mesurer leur pression rectale. La science, en somme. Qu'ont-ils trouvé ? Qu'être le receveur dans une relation sexuelle anale était associé à une pression rectale plus faible au repos que les hétérosexuels – ce qui veut dire que vos muscles ne se contractent plus aussi fortement. L'étude précisait que certains participants présentaient quelques symptômes d'incontinence, assez légers au demeurant. Une autre étude, datée de 1997, a elle aussi fait le lien entre le sexe anal et une pression à l'intérieur du rectum plus faible, mais il était impossible d'établir un quelconque lien avec l'incontinence.

Le manque d'études à ce sujet rend l'établissement de conclusions très difficile. On ne peut pas affirmer ce qu'induit à long terme une faible pression rectale car celle-ci pourrait être un signe d'un « meilleur confort anal » du fait de la pratique régulière de la sodomie. En d'autres termes, il est possible que les mecs sodomisés soient tout simplement plus relaxés que les autres au moment d'aller sur le trône.

Oh, et gardez à l'esprit que ces deux études sont basées sur des échantillons assez étroits et ne se concentrent que sur les hommes. Une nouvelle étude sur le sexe anal et l'incontinence a été publiée cette année. Près de 4 000 Américains adultes ont participé. Les chercheurs ont conclu que les hommes que les femmes ayant déjà pratiqué le sexe anal sont plus susceptibles d'être incontinents que ceux qui n'ont jamais pratiqué la sodomie. (10 % contre 7 % pour les femmes, et 12 % contre 5 % pour les hommes)

Ces résultats tendent à confirmer qu'il y a bien un lien entre le fait de se faire sodomiser et quelques légers problèmes intestinaux. Toutefois, il est important de noter que cette étude ne démontre pas que l'un est la conséquence de l'autre – il y a donc pour le moment une simple corrélation et non un lien de causalité. Concrètement, si vous pratiquez la sodomie, vous avez de très bonnes chances que votre anus fonctionne parfaitement.

Au-delà de l'incontinence, y'a-t-il d'autres effets potentiels plutôt chiants liés à l'anal ? J'ai reçu beaucoup de questions sur le fait que la sodomie pouvait provoquer un prolapsus rectal – un truc assez moche où les parois du rectum tombent littéralement et sortent à l'extérieur de votre corps. Néanmoins, ce genre de chose est assez rare. J'ai vraiment eu du mal à trouver une quelconque preuve établissant un lien entre la sodomie et un prolapsus anal.

À une exception près. En 2015, un article a été publié dans l'Indian Journal of Applied Research. Il s'intitulait : « Un prolapsus rectal à cause d'une sodomie !!!!!! » C'est très sérieux. Il y avait bien six points d'exclamations dans le titre. Je ne sais pas pour vous, mais ce nombre de points d'exclamation est inversement proportionnel au sérieux de l'article, selon moi. Il ne s'agit pas de dire que le sexe anal ne cause jamais de prolapsus rectal. Simplement, c'est particulièrement rare au vu du nombre de rapports sexuels anaux dans le monde.

Les gens s'inquiètent souvent quant à l'intégrité de leur anus. Les experts affirment que les coupures légères sont relativement communes dans les relations anales – du moins, autant que lors de relations vaginales. Ces dernières ont tendance à guérir rapidement. Une blessure grave due à une pénétration anale est rare. Dans la plupart des cas, lorsqu'une attention médicale est requise, c'est que le fist-fucking est en jeu.

Afin d'en savoir plus, j'ai contacté Nicole Prause,psychophysiologue spécialiste des questions liées au sexe. Elle m'a expliqué que « la plupart des pratiques anales ne semblent pas causer de problèmes médicaux particuliers. » Néanmoins, elle note que « les recherches signalent clairement que la vitesse et la force qui sont les deux principaux facteurs de blessures. Les gens devraient garder à l'esprit la taille de ce qu'ils insèrent dans l'anus – pénis, jouet, poing – et ajuster la vitesse en fonction de cela. » Le sexe anal hardcore de certains pornos – genre la double pénétration anale – est évidemment un cas à part. Le docteur Prause affirme que « le sexe anal que l'on voit dans ces films devrait vraiment être considéré comme de la science-fiction et ne reflète pas du tout la réalité. »

En effet, certaines actrices pornos ont affirmé publiquement avoir eu des problèmes anaux à cause de certaines scènes. Nous ne savons malheureusement pas à quel point cela est courant. La plupart des actrices et acteurs gardent ce genre de détails sous silence afin d'éviter la gêne ou pour simplement continuer de travailler. Beaucoup souffrent en silence.

Les études scientifiques disponibles suggèrent donc que pour la majorité des gens ayant des relations sexuelles anales (hors acteurs et actrices pornos), la plupart des problèmes cités tout au long de ce papier ne vous arriveront jamais.