Photo : Bryan Meltz
DatA a 21 ans, et huit mille friends sur MySpace. Il a pété les plombs quand les Daft Punk l’ont inclus dans leur top friends (pendant au moins huit jours) et il manque d’éjaculer à chaque fois qu’il aperçoit une belle veste en cuir. Je m’attendais donc à rencontrer un énième DJ/producteur parisien, joli garçon, bien habillé et un peu con. Dieu merci, je sais maintenant que DatA est surtout un énorme nerd qui passe 90% de son temps reclus dans son appartement à composer des tracks inspirés de son héros, Giorgio Moroder, tout en décomposant méticuleusement l’œuvre de l’Electric Light Ocherstra. En plus, il est un peu timide et pas encore habitué à l’exercice de l’interview, ce qui est assez mignon. Le seul moyen de le détendre, c’était de le faire boire et de le titiller un peu pour faire sortir le hater et le lover qui s’affrontent au fond de lui. C’est ce qu’on a fait.
Vice: C’est quoi cette obsession pour les blousons en cuir?
DatA : Enfiler un belle veste en cuir, c’est tellement bon que rien que d’y penser, ça me donne la chair de poule. J’achète les miennes d’occas’, mais je les fais ajuster par un excellent petit tailleur juste à côté de chez moi. Je ne suis pas le seul dans ce cas, Xavier de Justice est pareil, il a un Dior que j’ai essayé, tu comprends pourquoi elle coûte aussi cher.
J’arrive pas à croire que tu dises ça sérieusement, t’as toujours été comme ça?
Nan, ça m’a pris récemment, mais je suis un obsessif. Au lycée, j’étais complètement obsédé par le rap, DJ Premier, et tout ça. J’adorais mater des vidéos de beefs entre rappeurs. C’est comme ça que j’ai appris l’anglais.
Et en dehors du rap et des vestes en cuir, c’est quoi tes obsessions du moment?
La musique. C’est la seule chose qui m’intéresse. À quatre ans, je harcelais mes parents pour qu’ils m’achètent un clavecin. À la place, j’ai eu droit à des cours de piano. Maintenant, je passe des journées entières à écouter la même chanson encore et encore. En ce moment, c’est «I’m not in love» de 10cc. J’ai dû l’écouter 500 fois cette semaine. C’est le seul morceau d’eux que je connais mais quand il y a cette montée harmonique dans les chœurs tu te fais une idée de ce que c’est de flotter vers la mort. Je m’assois avec un pote et on écoute en boucle dix secondes d’une même chanson encore et encore et encore, ça me fait ça avec ELO aussi.
Normal, ELO déchire. Donc, on doit s’attendre à des plages de synthés planants sur ton futur album? En écoutant ton premier maxi, on pensait que tu n’étais qu’un nouveau clone de Justice, Oizo et Braxe.
Je ne peux pas dire que je suis très fier de ce premier maxi, mais, c’est des conneries ça, les journalistes électro juste trop fainéants et trop incultes pour chercher d’autres influences que celles qu’ils ont sous les yeux. À l’époque, j’écoutais surtout Darkdancer des Rythmes Digitales, quant à ELO, ils auront probablement une influence sur ma musique, mais je suis surtout un énorme fan de Moroder. D’ailleurs c’est marrant, j’ai eu son numéro de téléphone entre les mains, mais je n’ai pas osé l’appeler, ce serait comme d’avoir Dieu au téléphone. En plus, il paraît que c’est un gros con, du coup je l’aime encore plus.
Tu devrais l’appeler.
Je devrais faire tellement de choses. Tu sais ce qui m’énerve? C’est de voir que tous ces musiciens que j’idolâtre n’intéressent plus personne. Comment ça se fait que j’ai plus de copains MySpace que Sly Stone? C’est dingue. Tous ces musiciens électro incultes et tous ces bloggeurs idiots qui se prennent pour des rois, tout ça, ça me fait chier. Tu sais ce que je veux? Ce que je veux vraiment? C’est composer des chansons.
Y’en aura sur ton album?
Je fais tout pour. Là, j’ai rendez-vous avec une chanteuse brésilienne de 12 ans, on verra ce que ça donnera.
DatA, Aerius Light EP, EKLEROSCHOCK/NAIVE