FYI.

This story is over 5 years old.

Photo

On est tombés amoureux de The Ardorous

Le meilleur gang de filles à appareils photo de toute la galaxie
Ellis Jones
London, GB

The Ardorous est un collectif de talentueuses jeunes photographes venues des quatre coins du globe. Leur site, tenu par Petra Collins, est une collection infinie de ptites pépées, de déconne estivale, et de plein d’autres trucs tout mignons. Pour le numéro Photo 2011, on leur avait demandé de nous donner leur vision de cette étrange sensation que les filles ressentent quand elles matent discrètement le garçon de leurs rêves recroquevillé sur son pupitre en cours de maths.

Publicité

Comme elles sont sympa, elles nous ont raconté plusieurs anecdotes à propos de leurs photos, et leurs histoires d'amour adolescentes qui ont mal tourné.

Photo : Petra Collins

VICE : Salut Petra. Parle-moi un peu de The Ardorous. Comment ça a débuté ?

Petra Collins : J’ai monté ce collectif parce que je voulais créer une plateforme qui pourrait mettre en valeur de jeunes filles talentueuses. Le site a été la première étape – et la plus facile – pour montrer notre travail au monde entier. On cherche aujourd'hui à faire plein de collaborations et se développer.

Comment as-tu décidé des personnes avec lesquelles fonder le collectif ?

J’ai vu tellement de choses différentes sur Internet avant de trouver ce que je voulais vraiment. Les artistes du groupe viennent de milieux extrêmement variés ; mode, publicité, les beaux-arts. Le collectif leur permet d'avoir une réelle exposition et elles peuvent s'en servir pour rencontrer pas mal de personnes, dans le boulot ou ailleurs – commandes, galeristes, subventions, collectionneurs, fans, etc. Notre première exposition collective aura lieu le 3 Août prochain à la Gladstone Gallery.

Quelle était l’idée derrière le thème « coup de foudre » que vous nous avez envoyé pour le numéro photo de l'an dernier ?

Je voulais une thématique plutôt féminine, et qu'elle ait un rapport avec l’apparition des problèmes liés à l’adolescence. Les premiers coups de foudre arrivent quand une fille franchit un certain cap dans sa sexualité. Vu que je voulais plein d’interprétations différentes, il n’y avait pas beaucoup de références existantes auxquelles je pouvais m’accrocher. Je me suis donc dit « OK, rien à battre, faisons sans. »

Publicité

L’innocence est une des premières choses qui me vient à l’esprit quand je pense à mes premiers amours ; tes photos ne le sont pas du tout. Y’a-t-il une raison particulière qui t’a poussé à te concentrer sur le côté plus angoissant de toute cette époque ?

Je voulais montrer le côté plus « rêve érotique » d’un coup de foudre. On peut très bien tomber amoureux de quelqu’un à qui on n’adressera jamais la parole, ou qu’on ne pourra jamais toucher, comme quelqu'un à qui l'on pense en se masturbant. Je voulais mettre en avant le côté voyeur du truc.

Photo : Dana Boulos

VICE : Dana, as-tu essayé de faire passer quelque chose en particulier avec ce que tu nous a envoyé ?

Dana Boulos : Je voulais que les photos montrent que les modèles, Niko et Meg, étaient coincés dans leur monde débile et coloré, et que personne ne pouvait les empêcher de faire ce qu’elles voulaient. Un peu comme une version psychédélique du Lagon Bleu, mais dans une forêt.

Tu te rappelles de ton premier coup de foudre ?

Je crois que c’était en CM1. Il y avait ce garçon qui ressemblait à Leonardo DiCaprio, et j’étais follement amoureuse de lui.

Toutes les filles sont déjà tombées amoureuses de Leonardo DiCaprio dans leur vie.

Je me souviens avoir élaboré toutes les stratégies du monde pour aller lui parler ; je fomentais des pièges depuis la cour de récré, j'y pensais sans arrêt. Une fois, j'ai fait tomber mon cartable devant lui ; aucune réaction. Je ne lui ai jamais érigé d’autels ou de trucs dans le genre, mais j’avais toujours trois plans de rechange pour qu’il s’intéresse à moi.

Publicité

Photo : Dasha Nedykhalova

VICE : Quelle a été ta première réaction quand Petra est arrivée avec le thème « coup de foudre » pour le numéro photo de l'an dernier, Dasha ?

Dasha Nedykhalova : J’ai immédiatement pensé à des gens que je connais et qui pourraient ressembler à ces gamins un peu marrants et romantiques ; les coups de foudre sont l’apanage de la jeunesse. Je me suis posé cette question : « qu’est-ce qu’une fille follement amoureuse ferait dans ce cas-là ? » – rester dans sa chambre à mater ses photos, aller le voir, le suivre discrètement, s’habiller comme lui… Je voulais rendre ça naturel, donc j’ai raconté tout ça aux deux modèles, Anna et Frey et on a essayé de faire ça de la manière la plus relax (et conne) possible.

J’ai remarqué qu’on les voit rarement sur la même photo. C’est fait exprès ?

Oui, bien sûr. L’obsession est un sujet très intime, et il est très difficile de l’exprimer face à la personne dont on est amoureux. J’ai voulu représenter le coup de foudre à travers l'interprétation des deux, comme deux gosses qui joueraient au chat et à la souris.

Photo : Kristie Muller

VICE : Salut, Kristie. Ça t’a plu de travailler sur ce projet ?

Kristie Muller : En fait, quand j’ai appris que c’était les coups de foudre, ça m’a plutôt refroidi. Je n’aime pas avoir de thème prédéfini. Le mot « coup de foudre » m’a évoqué des jeunes filles en fleur, des sucres d’orge, et des cordes à sauter. J’ai même failli quitter le projet, mais après quelques nuits à réfléchir à un échappatoire, j’ai finalement pensé à montrer une fille amoureuse d’une célébrité. J’ai tout de suite su qui j’allais prendre en photo.

Publicité

Qui est cette fille ? Elle aime beaucoup Eminem, visiblement.

La fille s’appelle Dana Wright, c’est une bonne amie à moi. On s’était rencontrée à Toronto, mais on a vraiment fait connaissance au moment où j’habitais à New York, et qu’elle travaillait en Corée. Je restais debout toute la nuit, à papoter de tout et n’importe quoi avec Dana qui se trouvait à l’autre bout du monde. C’est à ce moment là qu’on s’est rendu compte qu’on partageait cette obsession bizarre pour Eminem.

Pourquoi avoir choisi Eminem ? Pourquoi pas 50 Cent, George Clooney, ou n’importe quel autre type connu ?

On a choisi Eminem parce qu'on a toutes les deux été amoureuses de lui. Je me souvenais de Dana qui m’avait raconté des trucs, genre « je me masturbe en écoutant ses morceaux » – ça risquait de plutôt bien marcher. Même si le shooting était préparé à l’avance, chaque image contient une grosse part de vérité, et Dana n’a pas eu besoin de trop de conseils de ma part. J’ai voulu essayer deux, trois trucs, mais au final, on a juste bu des bières en écoutant Eminem.

Tu te souviens de ton premier amour ?

Je crois que je devais avoir trois ou quatre ans. Mon père travaillait pour une boite d’outillage, et pour une raison incompréhensible je suis tombée amoureuse de son boss. Il avait une barbe poivre et sel. Je me rappelle avoir été complètement fascinée par la couleur argentée de ses poils. Il portait des polos aux couleurs pastel, et était très bronzé. Mon Dieu… Il ne s'agissait ni d'une attirance physique particulière ni d'une douce romance en solo, mais c’était quand même une obsession assez puissante, que je n’arrive toujours pas à m’expliquer. En fait, je crois que c’était les couleurs qui m’avaient attirée.

Publicité

Photo : Monika Mogi

VICE : Monika, qu'as-tu essayé de faire passer dans tes photos ? Est-ce du réel ou bien une histoire sortie de ton imagination ?

Monika Mogi : Il y a du désir dans ces photos. Le garçon et la fille sont concentrés sur quelque chose – ils essaient d'écrire une lettre, de bouquiner – quand ils ne sont pas ensemble. Les gens amoureux sont de manière générale plus « sensibles », et quand ils ne sont pas avec leur moitié ils ont tendance à préférer rester seuls pour s’imaginer ensemble. Les photos racontent une histoire qui tourne autour de l’été, et de comment l’on devient immédiatement nostalgique de ces moments-là.

Où as-tu organisé le shooting ?

Petra nous a fait part du projet juste avant que je parte en vacances en Croatie avec mon copain, Brian. On a rempli une valise d’appareils photo, de rouleaux et de fringues. J’ai trouvé l’idée du coup de foudre vraiment débile, et marrante. Comme on n'était jamais allé en Croatie et que je ne connaissais personne là-bas, on s’est pris en photo nous-même pour capturer le sentiment de romance qui flottait dans l’air. On est allés camper pendant quelques jours sur l’île de Brač.

J’aime beaucoup la photo de la fille avec la culotte imprimée « boy of my dreams ». C’est exactement le genre de trucs que les filles font quand elles tombent amoureuses. Ça me rappelle cette scène dans Virgin Suicides, quand Lux écrit le nom de Trip sur ses sous-vêtements.

Publicité

Exactement ! J’adore cette scène. Ça fait vraiment adolescentes en chaleur, comme si la culotte appelait le garçon…

Photo : Tania Oldyork

VICE : Salut, Tania. Tes photos sont un peu plus abstraites que celles des autres filles. Qu’est-ce qui t’est venu à l’esprit quand tu as démarré le projet ?

Tania Oldyork : Tu vas me prendre pour une demeurée, mais mon copain et moi avions pris l’expression « coup de foudre » au sens propre, c’est pourquoi nos premières idées donnaient dans un registre beaucoup plus brutal. Mais même après avoir enfin compris ce que Petra voulait dire, nous avons gardé ce style un peu brut de fonderie qui est le nôtre. On ne voulait pas de scènes du quotidien. On n’aime pas faire semblant, surtout quand il s’agit d’amour. Ça nous a pris une nuit pour tout mettre en place dans nos têtes, puis pour prendre des photos débiles quand plus personne n'était là pour regarder.

Donc sur les photos, c’est toi et ton copain ? C’est comment de travailler en couple ?

En fait, on travaille toujours ensemble. Il n’y a pas de Tania ou de Roman, juste Synchrodogs, à savoir nous deux. On ne se sépare jamais.

Tu te rappelles de ton premier amour, ou une situation humiliante qui a découlé d’un de tes coups de foudre ?

En fait, oui. Il y avait ce garçon, dont je ne me rappelle plus le nom – appelons-le « A ». Nos deux familles partent se balader en forêt, et à la fin ma mère me demande dans quelle voiture je voulais m’asseoir pour rentrer. J’ai naturellement répondu, « dans la même voiture que A ». Ce jour-là, m’a mère m’a expliqué pour la première fois que j’étais une enfant très stupide.