On a demandé à plusieurs DRH comment faire pour réussir un entretien

Cet article fait partie de la série 'COMMENT DEVENIR ADULTE' présentée par So Actif. Rendez-vous sur le site.

Au cours de notre vie professionnelle, il y a des questions que l'on se pose tous à un moment ou à un autre. Comment réussir un entretien ? Comment évoquer cette année sabbatique passée devant Netflix avec un paquet de chips taille familiale ? Y a-t-il une bonne réponse à cette question des « trois qualités, trois défauts » qui a traumatisé des générations entières de postulants, et leur a fait se découvrir un perfectionnisme confinant à la maniaquerie, ou une tendance névrotique à tout donner au travail ?

J'ai donc interrogé le Cerbère du monde de l'entreprise – pardon, trois responsables des ressources humaines. Mais je préfère vous le dire : vous ne trouverez dans leurs réponses aucune botte secrète. Juste pas mal de sens commun. Un peu comme ce jour où, dans un moment d'égarement, j'ai cliqué sur le lien « Comment gagner de l'argent sur internet », et où l'article se terminait par cette phrase : « Le moyen le plus sûr pour gagner de l'argent reste d'avoir un boulot. »

Heureusement, vous pourrez tout de même trouver dans leurs réponses un portrait en creux du bon candidat, et lire des exemples de gens pires que vous pour vous remonter le moral.

Comment réussir un entretien d'embauche ?
M : En étant soi-même, en ayant préparé son discours et des questions pertinentes en fonction des interlocuteurs.
E : Il faut avoir bien lu la description du poste. De nos jours, avec tous ces sites qui permettent de postuler en un clic, tu n'imagines pas le nombre de gens qui viennent sans avoir la moindre idée du poste à pourvoir.
Z : Il faut qu'ils se soient renseignés sur l'entreprise aussi, sur l'esprit maison. Et un détail d'importance : il faut sourire.

Faut-il être honnête ?
M : Oui.
E : C'est une question difficile. Mais oui.
Z : Il faut dire la vérité, mais dans un langage professionnel. Dans le cas d'un problème de santé par exemple, au lieu de tourner autour du pot, tu peux dire très clairement : « J'ai eu tel problème, et j'ai compris que je ne pouvais plus travailler de façon efficace. J'ai donc pris le temps de me rétablir pour revenir au sommet de mes capacités. » Enfin c'est un exemple. Mais oui, l'honnêteté paie.

Ce qui m'amène à ma prochaine question : faut-il vraiment être honnête ?
M : Oui, parce que tu as de fortes de chance de te faire griller à un moment.
E : En plus les DRH ont toutes les clés pour repérer un menteur. Pour pouvoir mentir, il faut se maîtriser parfaitement, notamment sur le plan du langage corporel. Donc le plus simple, c'est encore : pas de mensonge, pas de stress.
Z : La clé, c'est la façon de dire les choses. Si tu trouves les bons mots pour expliquer ton parcours, une faiblesse peut devenir une force. Sur les questions risquées, plus qu'honnête peut-être, il faut savoir être « politique ».

Y a-t-il une bonne réponse à la question infernale « trois qualités/trois défauts » ?
E : C'est un cliché non ? Il y a vraiment des gens qui posent cette question ?
Z : Je ne pose jamais cette question. Mais parfois en fin d'entretien, une fois que la personne est détendue, je demande : « Que me dirait ton meilleur ami si je lui demandais quels sont tes défauts ? » Mais c'est plus par curiosité qu'autre chose. Ça n'a jamais pesé sur ma décision, en revanche ça me donne des clés pour notre collaboration à venir.
M : Si cette question est posée par une personne en RH, il y a de quoi douter de la qualité de votre interlocuteur.

Donc finalement, si on se sent obligé de mentir en entretien, c'est parce que nos interlocuteurs sont nuls.
Tous : Voilà [rires].

Quelle est la pire chose à faire lors d'un entretien d'embauche ?
Z : Mâcher un chewing-gum. Pleurer. Il faut aussi faire attention à la manière dont on se tient. J'ai une collègue qui a fait passer un entretien à un type qui tout du long s'est tenu face à elle, jambes grandes écartées et coudes sur les genoux. Il faut préciser qu'il n'y avait pas de bureau entre eux. Je sais que ça l'a mise très mal à l'aise.
E : Arriver en retard, surtout sans prévenir. Il y a aussi ceux qui ne parlent pas, qui se contentent de répondre aux questions. L'entretien est le moment où on a une chance de briller, il faut prendre les devants. Et puis ces gens muets sont très fatigants pour le recruteur.
M : Il y a aussi ceux qui entrent dans des détails trop perso ou scabreux. Un jour, à la question « Quand seriez-vous disponible ? », une candidate m'a fait cette réponse : « Pas la semaine prochaine car je vais avec mon mari à Disneyland. On adore cet endroit, on y va tous les ans. On a même failli concevoir la petite là-bas. »
E : [rires] Ça me rappelle cette femme qui s'est mise à me parler de ses enfants. J'ai demandé quel âge ils avaient. À ses réponses, j'ai fini par comprendre qu'elle parlait en fait de ses deux chiens. Un peu décontenancé, je me suis excusé : « Pardon, j'ai cru que vous parliez de vrais enfants. » Et c'est là qu'elle m'a dit : « Ça ne risque pas, je suis stérile. » J'avoue que c'était un peu trop personnel pour moi.

Quelle est la pire erreur qu'un candidat ait faite devant toi en entretien ?
Z : Traiter son ancien chef d'abruti. Une fois aussi, un candidat a commencé à me draguer. Il interrompait toutes mes questions pour m'en poser d'autres : « Vous venez d'où ? Non, je demande ça parce que vous êtes hyper belle », etc.
M : Roter au milieu d'une phrase (ça arrive plus souvent qu'on ne le croit). Se ronger les peaux autour des ongles de manière méticuleuse et les déposer sur la table.
E : Un jour lors d'un entretien de groupe, deux candidats ont fini par s'insulter et en sont presque venus aux mains. Mais le pire, c'était encore une fois après une session d'entretiens collectifs. Je suis à l'hôtel, épuisé, je sors de la douche, et là ça frappe à la porte. J'ouvre en peignoir et tombe sur un des candidats, qui me dit : « J'ai peur de ne pas avoir fait bonne impression aujourd'hui, mais laissez-moi me rattraper, je suis meilleur en tête-à-tête… » [rires] Je ne sais même pas comment il a su où je logeais.

Y a-t-il une chose qui personnellement te met tout de suite la personne dans la poche ?
E : Regarder dans les yeux, avoir une poignée de main ferme. La main molle, il n'y a rien de pire.
Z : Je ne devrais pas le dire, mais j'ai un faible pour les gens grands. En revanche, sérieusement, ça ne fera jamais pencher une décision.
M : Je ne sais pas, m'offrir un verre de champagne ? Je plaisante. Rien de spécial, cela dépend du poste.

Si vous n'avez pas le temps de rencontrer tous les DRH du monde lors de vos démarches, il vous reste le site So Actif. Vous y trouverez de nombreux conseils simples et efficaces pour réussir votre entretien.

Photos : FLickR

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