Avec les patients d’un asile psychiatrique de Belgique
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Avec les patients d’un asile psychiatrique de Belgique

J’ai photographié les habitants d’un centre qui accueille des personnes souffrant de troubles mentaux – ils semblent souvent livrés à eux-mêmes.

J'ai grandi dans la ville de Dilbeek, en périphérie de Bruxelles. Quand j'attendais le bus pour aller à l'école, je partageais souvent une cigarette avec un homme moustachu et relativement âgé. Je le trouvais assez atypique : il avait des mimiques étranges, paraissait un peu maniaque et répétait souvent les mêmes choses. Comme je devais rendre un sujet de fin d'année pour mon école de photographie, je me suis dit que ce serait une bonne idée de le suivre et de documenter sa vie. Il a gentiment accepté et m'a donné une adresse, située dans « la rue des Sapins » – c'est le nom que j'ai choisi de donner à cette série photo.

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C'est ainsi que j'ai découvert que cet homme vivait dans un asile psychiatrique – même si après avoir découvert ce lieu, je pense qu'il s'agit plus d'un centre accueillant des personnes que la vie a abattues. Quand je suis arrivé sur place, un médecin m'a montré un livre compilant des portraits des habitants du centre ; j'y ai reconnu l'homme que je côtoyais et ainsi découvert son prénom : Rudy. Il m'a énormément aidé tout au long de ce reportage.

Le centre accueille entre 20 et 25 personnes, dont l'âge moyen avoisine la quarantaine. Certains patients paraissent nettement plus vieux à cause de leur quotidien difficile, fait de médicaments et de cigarettes. D'ailleurs, certains patients fumaient tellement que les médecins devaient leur fournir une cigarette par heure.

Je n'ai pu accéder qu'à une partie des lieux – la salle à manger, le salon et la cave. En gros, cela ressemble à un croisement entre un appartement, un hôpital et une maison de retraite. On y trouve des personnes qui n'arrivent plus à trouver de travail, sont tombées en dépression et semblent constamment endormies par leurs médicaments, d'autres devenus fous depuis la mort d'un proche, des gens souffrant de graves soucis de santé mentale, et certains qui ne tiennent que des discussions incohérentes. La plupart ne reçoivent jamais de visite, pas même de leur famille.

Dans l'ensemble, j'étais assez surpris de constater que les habitants du centre semblaient souvent livrés à eux-mêmes – un jour, aucun membre du personnel n'était sur place, y compris le directeur, alors qu'une ambulance venait d'arriver pour déposer un patient.

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J'ai beaucoup aimé discuter avec les habitants de la rue des Sapins, parce que ça m'a permis de comprendre que ce qu'il leur était arrivé pouvait vraiment tomber sur n'importe qui. On a tendance à voir les gens souffrant de défaillance mentale comme des idiots incapables de faire quoi que ce soit, ce qui ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité.

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