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Musique

Rettsounds - Burn Books

Pour le moment, les mecs de Burn Books n'ont sorti que deux disques, mais ces deux là défoncent - croyez moi.

Pour le moment, les mecs de Burn Books n'ont sorti que deux disques, mais ces deux là défoncent - croyez moi. En plus d'avoir enregistré l’an dernier le son enragé de leurs héros locaux, Pregnant, ils ont aussi sorti une compilation, New York Rules, sur laquelle on retrouve les huit groupes de la ville qui méritent que je sorte mon vieux cul de chez moi pour les voir en live. La cassette regroupe pas mal de trucs ; le son aussi hypnotique que violent de Nude Beach, les hurlements de désespoir de Nomos. Et au milieu de tout ça, on retrouve d'excellents morceaux de Byrds of Paradise, The Men, Night Birds et Hank Wood and the Hammerheads. Mais au fait, qui s'occupe de sortir une cassette comme ça, au moment même où l'extinction du genre humain a débuté ? J'ai réussi à retrouver les mecs derrière Burn Books - Max Ryazansky et Alex Heir - et ils m'ont dit ce qu'ils avaient à me dire.

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Vice : À quel moment vous avez commencé à bosser sur New York Rules ?
Max Ryazansky : Je crois qu'on pensait à tous les projets qu'on voulait sortir sur Burn Books et au fur et à mesure de la conversation, on se disait qu'il y avait vraiment plein de super groupes dans la ville en ce moment. On se disait aussi qu'il n'y avait pas eu de bonne compilation sur la scène contemporaine new yorkaise depuis pas mal de temps. On adore faire ce genre de trucs parce que c'est aussi un super document, un témoignage de l'époque. Et on espère qu'un jour, quelqu'un chopera ce CD parce qu'il aime un des groupes et qu'il découvrira les autres groupes de la même génération et de la même scène grâce à la compilation. On espère qu’elle aura vraiment un impact sur le long terme.

Pourquoi vous avez décidé de sortir la compilation uniquement en cassette ?
La sortie vinyle, c'était un risque financier trop important. Et en plus de ça, tout le monde se fout des CDs aujourd'hui. Je crois qu'on a tous les deux commencé à écouter du punk et du hardcore en format cassette au milieu des années 1990, des cassettes sur lesquelles t'avais toutes les nouveautés de tes potes ; c'est définitivement un clin d'œil à cette période et à la plupart de ces groupes qui enregistraient des morceaux de deux minutes sur des 4 pistes pétés. Depuis le début on s'était dit que la compilation sortirait en cassette pour voir dans un premier temps ce que ça allait donner, puis qu'on ferait par la suite une seconde version vinyle avec des morceaux exclusifs d'autres groupes. Pour le moment, on a vendu les <é(à cassettes qu'on a enregistrées. C’est allé assez vite, du coup on commence déjà à la rééditer et à bosser sur la version vinyle.

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C'est quoi l'histoire de cette suite en vinyle ?
En gros on y retrouvera les huit groupes de la version cassette originale et, on l'espère, cinq de plus, auxquels on va demander de nous filer un morceau inédit à chaque fois. L’un des trucs qui nous tenaient à coeur pour la version cassette, c’était que les groupes soient très actuels. On veut la même chose pour le LP. Mais, c’est plus difficile qu’on le croit, vu le temps nécessaire pour faire une compile. En gardant ça à l’esprit, on ne sait jamais quels seront les groupes qui finiront dessus. C'est comme si l'on venait de sortir Terminator et qu'on s'apprêtait à de nouveau tout défoncer avec Terminator 2, tu vois ? On a commencé à organiser les choses, mais rien n’est définitif. Je pense qu’on a posé les bases de ce que l'on voulait faire avec notre cassette, et du coup, tous nos projets futurs vont devoir être aussi géniaux.

Le packaging est assez ridicule, mais dans le bon sens du terme. Comment vous en êtes arrivés à ce truc ?
On voulait avoir un packaging cool, le genre de trucs qui excite les gens rien qu'à l'idée de le posséder. Notre première idée, c'était de faire un King Kong version punk en train d'escalader l'Empire State Building avec un perfecto noir, mais on a vite abandonné. À la place, on a fait un autre collage assez bizarre, puis on l'a abandonné aussi. Finalement on a opté pour une sorte de rocker mutant… Ça nous semblait être une bonne manière de représenter les groupes présents sur la cassette. Donc, on a acheté un bouquin vintage sur les maquillages de montres et on a transformé Stef de Pregnant en ce monstrueux punk que l'on retrouve sur la cover.

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The Men

Sur la compile, on entend à la fois beaucoup de groupes et beaucoup de styles différents. C’était une volonté ou simplement, un hasard ?
Ouais, on a fait ça exprès. Je me souviens que vers mes 14 ans, j’avais mais la main sur le sampler In Flight de Revelation Records ; j’ai découvert tous les groupes, et à chaque fois je me disais : « Woah ! Underdog ! Inside Out ! Burn ! … Beta Minus Mechanic ? ». Je pense qu’en effet, il existe une grande diversité sur la tape, mais que tout reste cohérent, donc si vous aimez un des groupes, il y a de grandes chances que vous soyez hyper excités par les autres. Et même si les groupes jouent des styles complètement différents, au final, ils auraient très bien pu jouer sur le même line-up en concert.

En parlant de Revelation, sur le site de Burn Books, vous faîtes des blagues sur le fait que New York Rules puisse être la meilleure compile de punk new yorkaise depuis The Way It Is. Si vous deviez faire un parallèle entre les groupes de votre compile et ceux présents sur The Way It Is, ce serait quoi ?
Je ne veux pas parler à la place des groupes, mais je pense que Ryan de Nude Beach a des vues politiques similaires à celles de YDL, et je crois que comme Ray Cappo, Rich Samis de The Men est passé récemment par une phase Hare Krishna et enseigne en ce moment même le yoga au Costa Rica.

Alex Heir :Je voudrais ajouter que je pense que TOUS les groupes présents sur la tape viennent de la rue et connaissent la vraie signification du mot « lutte ».

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Sur ma version de la compile, pendant la reprise d’Alex Chilton par Nude Beach, on a l’impression que la bande va se casser, comme si la cassette était sur le point de sauter sur l’autre face. C’est un genre d'accident ou c'est volontaire ?

Max Ryazansky : Je crois que les influences de Nude Beach vont plus loin que YDL. En réalité, elles vont même chercher du côté d'Andy Kaufman ; genre, on dirait que ton lecteur cassettes est en train de mourir, surtout sur le morceau dont tu parles. C’est soit ça, soit ils sont juste trop glandeurs et trop pauvres pour faire un enregistrement décent. Dans tous les cas, c'est très bien.

Alex Heir : Tous ces groupes, ou presque, enregistrent quasiment sans budget ; les enregistrements sont donc forcément de mauvaise qualité, mais on s'en fout parce qu'il en résulte un son qui correspond parfaitement à ce style de musique. J’aimerais pouvoir dire que les coupures sur le morceau de Nude Beach étaient prévues, qu'elle provenaient d'un certain edit conceptuel, mais c’était juste un heureux accident.

Nude Beach

Qu’est ce qui est à l’ordre du jour chez Burn Books ? Vous croyez vraiment au punk ou vous vous en foutez ?
Max Ryazansky : On fait ce qu'on a envie, on s'en fout un peu de ce que pensent les gens. On est sincèrement reconnaissants envers les gens qui nous soutiennent, mais je pense qu'on sait tous les deux à quel point c'est facile pour les gens de se désintéresser de leurs groupes/ labels préférés en sortant des phrases du genre : « Leur démo était ouf, mais le LP est tout pourri ». On a grandi en écoutant du punk et du hardcore et notre morale de même que nos centres d'intérêts, goûts esthétiques, valeurs viennent de ces influences, mais on ne va pas non plus se limiter à choisir des groupes issus uniquement de cette culture musicale. Je pense que beaucoup de punks ont peur du changement et veulent continuer à faire les mêmes choses indéfiniment ; on est pas d'accord avec ça. Avec Burn Books, on veut faire quelque chose qui sera toujours nouveau et différent.

Alex Heir : Je fais toujours cette blague, « Je ne fais confiance à personne, sauf aux punks », mais au final, je pense que c'est presque toujours vrai. Le mot « punk » est très vague, mais je pense qu'il renvoie quand même à certaines valeurs fondamentales qui déterminent ta façon de voir le monde. Faire les choses à sa façon, réaliser que le monde est foutu quoi que tu fasses. Il y a beaucoup de gens qui se lancent dans le punk rock et qui ne font rien d'extraordinaire, mais il existe aussi plein de gens qui utilisent ces sentiments punk pour avoir de nouvelles idées en permanence et faire des trucs incroyables, que ce soit dans l'art, la musique, etc. Je ne vois pas les punks comme un tout indissociable mais au contraire, plutôt comme un ensemble d'individus.

Quels sont les projets immédiats de Burn Books ?
Eh bien, tu es déjà au courant pour le vinyle NY Rules sur lequel on bosse. On bosse aussi avec Ian Dickson de Hardcore Gig Volume sur la sortie d'un bookzine regroupant les premiers flyers de 100 HCGV et qui seront commentés par les gens qui bossaient sur les shows à l'époque. Enfin, on veut rééditer un magazine punk new yorkais de 2005, Anarchy Boot Party. Pour ceux d'entre vous qui ne connaîtraient pas le mag, c'est sans doute le truc le plus punk qui ait émergé de New York au cours du XXIe siècle. Puis on a des tonnes de projets assez excitants, mais pour en savoir plus il va falloir continuer à nous suivre.