Cet article a été réalisé en partenariat avec House of Mask et a été créé indépendamment de la rédaction de VICE.
Dans le monde de 2017, où nos repères chavirent plus vite que le cœur d’une collégienne dans l’espace VIP d’un concert de Justin Bieber, il est bon de savoir qu’il y a encore des choses sur lesquelles on peut compter. Comme les surfeurs se trouvent un point fixe quand ils vont à l’eau pour ne pas se laisser berner par le courant, comme les grimpeurs comptent sur le dernier piton qu’ils viennent de planter et les actionnaires sur les indices boursiers, l’amateur éclairé d’apéro connaît ses deux plus précieux alliés : la bière et le mojito. Et si les deux breuvages se sont depuis longtemps imposés comme les mamelles nourricières d’une soirée réussie, il est toujours bon de se souvenir qu’ils n’ont jamais eu grand chose en commun… jusqu’à récemment.
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Ça ferait 8000 ans que l’homme boit de la bière… Autant dire que les débats pour savoir qui, le premier, a eu l’idée de brasser de l’eau et des végétaux n’est pas prêt d’être tranché. Aujourd’hui, les microbrasseries ont beau fleurir aux quatre coins de l’hexagone, on associe encore facilement la bière à l’Allemagne et aux pays de l’Est. Et c’est bien à l’est du Rhin qu’on trouve les premières traces avérées du breuvage, mais légèrement plus au sud que Munich et son désormais célèbre Oktoberfest – dans l’Irak actuel, pour être précis, chez ceux qu’on connaît sous le nom de Sumériens et qui peuplaient cette région de la basse-Mésopotamie, quatre millénaires avant notre ère. Et autant dire que les types prenaient le breuvage au sérieux, puisqu’ils avaient même une déesse de la bière, Ninkasi, fille du dieu des agriculteurs. Leur boisson avait le doux nom de « pain liquide », et apparemment, elle faisait à ce titre partie de l’alimentation quotidienne de base. À croire que l’âge d’or de l’humanité a bel et bien existé !
Mais ce qui a permis à la bière de s’imposer sur la face du monde, c’est que l’être humain a su l’adapter aux ingrédients et aux techniques dont il disposait. En Amazonie, on mâche de grandes galettes de manioc qui, une fois recrachées, vont macérer pour produire le précieux cachiri, qui titre rarement plus de 2 degrés. Pilsen, la maison de la bière pils, devrait son nom à la jusquiame, une plante entourée de toutes sortes de légendes, et une favorite des sorcières occidentales… Bref, au fil des siècles, la boisson est devenue intrinsèquement liée à notre histoire. Elle a pris mille visages, évolué cent fois, à tel point qu’il est aujourd’hui aussi incongru de dire « je n’aime pas la bière » que « je n’aime pas lire ».
Le mojito, lui, n’a pas eu besoin de patienter aussi longtemps pour connaître la gloire. Certes, ni Bouddha ni Jésus ne s’en sont jamais jeté un petit entre deux leçons à leurs disciples, mais son « retard » n’a pas vraiment constitué un handicap. Il faut dire que le jeunot puise tout de même ses origines il y a quelques paires de siècles, puisqu’on considère que son ancêtre serait né vers 1586. Une origine résumée par Wikipédia de la plus belle des manières : l’explorateur anglais Francis Drake, entre deux pillages de La Havane, appréciait siroter des feuilles de menthe pilées avec du tafia », un rhum industriel à base de mélasse. Comment lui en vouloir ? Rien de tel pour se détendre après un petit massacre qu’une bonne rasade de rhum, non ? Sans compter qu’on prêtait au breuvage des vertus curatrices, alors que le scorbut et la dysenterie faisaient des ravages dans l’équipage.
Au fil du temps, la recette a évolué pour devenir celle qu’on connait aujourd’hui – feuilles de menthe, rhum blanc, citron vert, sucre de cannes, eau gazeuse et glace pilée – et ses consommateurs avec : en 2017, le mojito a la faveur des branchés, et il semblerait que les corsaires l’aient plus ou moins délaissé…
Son origine plus ou moins avérée n’empêche cependant pas la boisson, qui aurait été élevée au rang de « cocktail national » par Cuba en 1920, de baigner dans la légende. Ainsi, n’en déplaise aux frustrés de la famille traditionnelle, on a longtemps pensé que le mojito avait deux papas. Aux côtés de Drake trônerait l’écrivain américain Ernest Hemingway, dont le bon mot « mon mojito à La Bodeguita, mon daïquiri à El Floridita » aurait popularisé le mélange aux États-Unis puis dans le reste du monde. Une paternité remise en doute par les biographes du prix Nobel de littérature, mais qui ne change au fond pas grand chose : depuis plus de dix ans, le mojito est LE cocktail par excellence.
Alors, entre la bière, compagnon de toujours de l’histoire de l’humanité et le mojito, cocktail mythique dont on ne se lassera jamais, que choisir ? Tout dépend de la couleur que vous voulez donner à votre soirée ! Mais si vous ne voulez pas trancher, sachez qu’on murmure dans les milieux autorisés, qu’une boisson combinant les deux ne devrait pas tarder à voir le jour… Ses afficionados se seraient déjà donné rendez-vous en plein cœur de Paris, le 2 février prochain, pour une soirée où il faudra avancer masqué…
Cet article a été réalisé en partenariat avec House of Mask et a été créé indépendamment de la rédaction de VICE.