Il y a 25 ans, Batman, la meilleure série d’animation de tous les temps, venait gracier nos écrans de télévision. Le dessin animé de Bruce Timm et Eric Radomski est toujours considéré comme une œuvre d’exception, une sorte d’introduction au renouveau de l’âge d’or de la télévision – ainsi qu’un choc violent pour quiconque connaissait uniquement Batman par le biais de la série des années 1960. Même en cherchant bien, j’aurais honnêtement beaucoup de mal à vous citer une adaptation ayant eu autant d’influence sur le comics qui se trouve à son origine.
La série d’animation Batman a influencé les comics à plusieurs égards – on lui doit par exemple l’ajout de personnages importants tels que Harley Quinn et la détective queer Renee Montoya. Des auteurs clés tels qu’Ed Brubaker et Greg Rucka, à l’origine de plusieurs comics Batman du début des années 2000, ont également cité la série comme étant l’une de leurs plus grandes sources d’inspiration.
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L’une des séries de comics les plus saluées, Gotham Central, reprend plusieurs éléments des portraits de flics terrifiés et de détectives épuisés que l’on peut croiser dans le dessin animé. Tout au long de sa diffusion, Batman offrait de nombreuses histoires de fond pour des personnages longtemps sous-exploités, tels que Barbara Gordon/Batgirl et Dick Grayson/Robin. Et bien sûr, le jeu Arkham Asylum fait presque office d’épisode supplémentaire de la série d’animation : il a été écrit par l’un des auteurs de la série, Paul Dini, et on y retrouve aussi une grande partie du casting vocal – comme Kevin Conroy, Mark Hamill et Arleen Sorkin.
Aujourd’hui encore, je trouve que la série est l’une des meilleures représentations de Gotham jamais réalisées, et qu’elle comporte de nombreuses histoires marquantes. Si je devais choisir mon épisode favori, je tricherais probablement en citant le film Batman contre le Fantôme masqué, qui retrace les premiers combats du chevalier noir contre la pègre. On y trouve aussi une incroyable bande originale de Shirley Walker, qui confrère une certaine profondeur et grâce au film.
Mais s’il fallait se limiter aux épisodes, j’hésiterais entre « Le Plastiqueur Fou » et « Robin se rebiffe ». Ce double épisode sur Robin nous éclaire beaucoup sur les origines du personnage, tout en lui offrant une occasion de se venger de l’homme qui a assassiné ses parents. Les personnages de Batman et Alfred y gagnent aussi beaucoup en profondeur et en humanité, alors qu’ils tentent péniblement d’apaiser leurs relations dans un moment stressant.
Mais en termes de méta-génie, « Le Plastiqueur fou » est indétrônable. L’histoire parle des côtés positifs et néfastes de la nostalgie, et de notre manière de percevoir nos héros d’enfance une fois arrivés à l’âge adulte. Dans cet épisode, la ville de Gotham se fait attaquer par un criminel qui utilise des gadgets armés tirés d’une série – laquelle met en scène un personnage très similaire à Batman, le Fantôme gris. Quand il était enfant, Bruce Wayne adorait regarder cette série avec son père, et il se met ainsi en quête de l’acteur qui l’incarne – lequel est doublé par Adam West en personne – pour déterminer qui est à l’origine de ces crimes. Et bien sûr, l’acteur qu’il rencontre est un homme amer et désabusé, incapable d’échapper à son seul rôle notable.
La série d’animation Batman ne se contentait pas de comprendre l’essence de ce superhéros – elle avait aussi bien saisi notre relation avec différentes versions du personnage, et ce qu’on attendait de son histoire. À ce jour, mes comics de Batman préférés sont ceux qui entrent dans la continuité spirituelle du meilleur dessin animé pour enfants qu’il m’ait été donné de voir.