Birds of Paradise lance Love Hotel, un nouveau EP qui revisite le jazz et la chanson, notamment Duke Ellington, Marilyn Monroe et Lee Hazelwood, avec une sensualité froide et menaçante. Le couple montréalais formé de Roy Vucino (Red Mass, PYPY, CPC Gangbangs, Sexareenos, etc.) et Hannah Lewis (Red Mass) est à la recherche de liberté et de nouveaux territoires à inventer.
Le panorama est post-apocalyptique, contemplatif, cinématographique, à la fois enveloppant et inquiétant. Prenez la douce voix de Cat Power, faites-la rayonner sur les paysages sonores krautrock de NEU!, ajoutez-y le sens mystique du free jazz de Sun Ra et accueillez l’automne. Le ciel se couvre de nuages noirs.
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Entrevue avec Roy Vucino, l’artiste qui ne cesse de se réinventer.
VICE : Tu es passé du rock garage avec les Sexareenos au punk trash avec CPC Gangbangs, puis du post-punk expérimental de Red Mass à ce EP jazz/noise/pop… Pourquoi est-ce important pour toi de toujours te réinventer comme ça?
Roy Vucino : Il y a des gens qui recherchent la familiarité dans la musique. Il y a d’autres gens par contre qui préfèrent la musique qui, à première écoute, peut être difficile, mais qu’il est possible d’apprécier après un bout de temps. Il y a une démarche à l’écoute.
Avec Sexareenos, on a fait du garage et on l’a bien fait. Mais je voulais explorer d’autres plages sonores. J’aime la musique pour les sonorités. J’aime un style pour son essence. J’aime le rock’n’roll parce que c’est dansant, j’aime le vieux soul parce qu’il y a quelque chose de très organique et que c’est fait avec du cœur, mais je ne suis pas pris dans un style. Je suis un fan de musique plus que je suis un fan de rock ou de punk, mais j’ai toujours écouté de la musique expérimentale. J’ai grandi en écoutant Brave New Waves [sur les ondes de CBC].
Avec l’âge, je me tourne vers des trucs qui sont peut-être moins familiers pour moi. Je trouve ça plus le fun. Je trouve ça intéressant de faire des trucs qui représentent plus un challenge pour moi.
[Ce projet présente] un certain romantisme envers la nostalgie, sans être nostalgique face à l’instrumentation et le style en tant que tel.
Comment vivez-vous les tournées à deux, en tant que couple?
On voulait vraiment voyager comme les vieux troubadours du folk et du blues avec un char et pouvoir aller jouer un peu n’importe où. On a notre propre [système d’amplification] qui nous permet de jouer dans différents types de salles, que ce soit une maison ou un café. On s’est fait un setup avec lequel on peut s’autosuffire. Ça nous permet de voyager n’importe où. Tant qu’on a de l’électricité, on est correct, et même sans, on peut faire un set folk. C’est ça l’idée. On ne voulait pas se mettre de limites à ce niveau-là. C’est vraiment pour être libres. C’est avant tout un projet d’amoureux pour voyager.
Tu as co-composé la musique pour le groupe Nightseeker qu’on va avoir dans la nouvelle série FUBAR qui débute le 3 novembre sur Viceland. C’est du rock métallique. C’est nécessaire pour toi, cet équilibre entre quelque chose de plus rock et quelque chose de plus smooth ?
J’ai mon fix de rock avec FUBAR. C’est cool, alors je fais comme, « Next! Comment on pourrait faire quelque chose de plus atmosphérique? » Ce qu’on voulait faire, c’est quelque chose avec une certaine douceur, mais qui gardait le contraste de la voix sur fond de noise. C’est de la musique un peu lounge expérimentale. Il y a des chansons, mais à travers ça, il y a plein de sonorités qu’on n’entend pas souvent dans des disques plus pop.
Rejouer avec le même groupe 1000 fois, ça ne me tente pas. Mais ça, c’est personnel. Je respecte les gens qui trouvent un son et qui le travaillent à mort jusqu’à ce que ça devienne l’identité de leur groupe, mais notre identité tient dans le fait qu’on expérimente et qu’on aime ça se réinventer. C’est notre son. C’est notre vision avant tout. Il y a un effort conscient de faire ça.
C’est nouveau, donc on a une certaine naïveté face à l’expérimentation. On n’essaie pas de recréer un style en particulier, on essaie de créer notre univers.
Chaque fois que tu as un nouveau projet, le public doit travailler pour saisir ton nouveau son. Penses-tu parfois à la réception de tes projets?
Pas trop. Je le fais un peu avec des œillères. J’écoutais une entrevue avec Jimmy Iovine, le producteur, et il disait que quand tu portes trop attention à ce que le monde autour de toi penses, tu deviens distrait, tu perds le focus. J’ai déjà fait la gaffe d’essayer d’écrire ou composer selon ce que je pensais que les attentes étaient envers un projet dans lequel je participais. Essayer de se plier à la faveur de ce qui se passe, je trouve que ça te distrait de ta vision. Je travaille vraiment conceptuellement, je pense que c’est important de le dire. Toute la musique qu’on fait a un point de départ conceptuel. On essaie avant tout de faire vivre une idée.
On se permet de changer selon nos goûts et nos intérêts, et nos intérêts sont orientés vers des courants artistiques plus que des styles.
On le fait pour que ça reste intéressant, qu’il y ait un challenge pour nous. J’ai besoin de rester en terrains inexplorés dans ma démarche.
Lancement le 6 octobre à l’Esco.