Des femmes nous décrivent leur relation avec leur meilleure amie
Photo : Kendra Kamp/Unsplash

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Des femmes nous décrivent leur relation avec leur meilleure amie

Celle qui t’apporte une margarita à l’urgence est une vraie de vrai.

« Ne fais pas confiance à une personne qui saigne pendant sept jours et qui ne meurt pas. » C’est une blague que j’ai entendue quelques fois à propos des femmes. Et pourtant, malgré cette affirmation malicieuse et l’idée que les mean girls soient partout, je fais confiance à quelques amies et leur révèle tout, puisqu’elles devinent quand je mens et qu’elles seront là pour moi, même si elles apprennent tout ce que j’ai pu faire de dégoûtant dans ma vie (je n’ai jamais tué de papillon, promis).

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Le besoin d’avoir des amies et du soutien social d’autres femmes est bien réel : dans plus d’une étude sur les rats, alors que les mâles se battaient ou fuyaient sous le stress, les femelles ont démontré qu’elles cherchaient plutôt le réconfort auprès de leurs pairs. Elles se regroupaient dans la même cage et se léchaient.

Nous ne léchons pas toutes nos amies, mais l’amitié entre femmes est très mobilisatrice et gratifiante. Des jeunes femmes ont accepté de me confier, sous le couvert de l’anonymat, ce qu’elles ont déjà partagé de spécial avec leur meilleure amie.

Maggie

« J’ai rencontré Clémentine en 2004. On était jeunes et tout ce qui semblait nous relier c’était le groupe Good Charlotte. On a vécu une amitié assez tumultueuse d’adolescentes. Quand on a fini notre secondaire, on a essayé de se trouver individuellement et on s’est isolée. On jugeait un peu l’autre et ses choix. On fréquentait aussi des gars abusifs. On s’est chicané à propos de gars et pour une coupe de cheveux. Pendant un an, on ne s’est pas parlé.

Durant cette année-là, j’ai rompu puis j’ai rencontré mon conjoint actuel. Je n’arrêtais pas de lui parler de Clémentine. Il m’a dit de lui écrire parce que je m’ennuyais clairement d’elle. Je lui ai écrit à sa fête de 21 ans pour l’inviter à prendre un café. On s’est revu comme si de rien n’était. On savait qu’on n’avait aucune raison d’avoir agi comme on avait fait dans le passé.

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Aujourd’hui on est ride or die. On se parle de tout, on s’écoute, on s’aide. On ne se juge sur fucking rien. »

Murielle

« Avec ma meilleure amie, lors d'une manif à Québec contre La Meute l'été passé, après quelques heures, on avait super envie de pisser. On est allées, masquées, pisser dans les herbes hautes sur les plaines d'Abraham, alors qu'il y avait du grabuge qui se donnait sur la Grande Allée juste à côté. Un grand moment d'amitié et de solidarité!

Avec notre look et ce qui se passait, on n’aurait pas pu entrer dans un commerce pour demander d'utiliser la toilette. »

Tracy

« Ma meilleure amie a laissé son fiancé la semaine dernière après une relation de cinq ans. Elle m'a mandatée de m'occuper de son ex, vu qu'elle a géré la rupture comme mon ex à moi — c'est-à-dire très mal — et que malgré que ça m'ait pris deux ans m'en remettre, elle me sent assez outillée aujourd'hui pour avoir le bon mot pour lui. C'est la situation la plus bizarre que j'ai vécue en 17 ans d’amitié avec elle. »

Louiselle

« Une nouvelle amie qui est entrée dans ma vie il y a cinq mois, comme une boule de quilles. On vit la même situation familiale ou presque. Malgré la génération qui nous sépare, cette fille me colle à la peau comme une gomme après un soulier, alors que je ne laisse personne entrer dans ma vie habituellement. Je n'avais pas connu l'amitié si intense depuis mon secondaire. Ce moment où nous sortons et qu'à chaque fois, je me retrouve seule au bar, parce qu'elle, quand elle est fatiguée, elle entre dans un taxi, donne son adresse et ferme la porte. Et moi, je reste sur la rue avec mon manteau, parce que je n'ai pas sauté dans le taxi assez vite. Le genre d'amie avec qui tu te marres le lendemain en lui racontant la fin de soirée. »

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Mimosa

« On a lu un poème sur notre amitié devant un public dans un bar dans le cadre d'une soirée LGBTQIA+.

C'était tellement proche d'une déclaration d'amour en duo que des gens ont assumé qu'on datait. Un running gag se poursuit depuis longtemps maintenant. On se prévient, "fais pas ça, man, y vont penser qu'on couche ensemble", chaque fois qu'on démontre notre amitié. »

Estelle

« On s'est avoué qu'on était toutes les deux bisexuelles sur un banc de parc au petit matin. On dort fesses à fesses chaque fois qu'on dort dans le même lit. On a fait croire à notre entourage qu’on était en couple. On est la plus grande fan l'une de l'autre, même s’il y a des bouts plus durs, puisqu'on est dans le même domaine. La réussite de l'une signifie parfois l'échec de l'autre. »

Phoebe

« J'ai toujours fait beaucoup d'anxiété et quand j'étais ado, j'avais une peur bleue de perdre ma mère. Un soir de semaine, j'avais peut-être 14 ans, ma mère était vraiment en retard du travail et j'étais complètement paniquée. J'appelle mon amie, qui demande un lift à son père et qui vient me tenir compagnie jusqu'au retour de ma mère. Ça n’a peut-être pas l'air si important, mais à ce moment-là, je me sentais seule au monde, la panique au ventre, et mon amie était à mes côtés, sans questions. »

Rachel

« J’ai demandé à ma meilleure amie de finir de baiser avec un one night parce que c’était trop long. »

Sarah-Ève

« J’ai eu un coup de foudre amical avec mon amie parce qu'on confrontait un narcissique sous son statut Facebook d’agrès. Depuis, elle m'a apporté une margarita à l'Urgence. »

Emerick

« J’ai aidé à fuguer quelqu'un qui s'en allait se ramasser en centre jeunesse, pour lui faire éviter la transphobie (c’était une des raisons de son placement). »

Nora

« Ma meilleure amie est en fait la soeur de mon ex, et ma soeur d'amour et non de sang. Quand j'ai rencontré sa mère la première fois, elle a regardé son fils et a dit : "Tu as décidé de rechercher le sosie de ta soeur? C'est presque gênant." On avait le même gabarit et le même style avec 1 an et demi de différence. Finalement, c’est Elsie qui est restée dans ma vie comme un premier amour - pas son frère. Aujourd’hui sa mère n’est plus des nôtres. Ma famille a adopté d’amour Elsie. Si elle n’était pas dans ma vie, je ne suis même pas sûre que je saurais ce qu’est une vraie amitié. »

Françoise

« Ça date d’il y a 15 ans. Ma meilleure et moi on est allées fêter le jour de l’an à New York dans un bar qui se transformait en afterhour. À minuit, confettis, euphorie et trop plein de gens. On avait mis de belles robes et des mains de gars arrivaient tout partout pour essayer de nous agripper les fesses et les seins. On s’est défendu comme des guerrières, mais un moment donné, la seule solution a été de nous serrer l’une contre l’autre, seins contre seins, les mains sur les fesses de l’autre. On s’est serrées fort, mi-paniquées mi-crampées, rassurées d’être ensemble. On a attendu que le capharnaüm passe. Les gens se sont calmés, l’année a commencé, la musique est repartie et on a continué de danser jusqu’à ce que le jour se lève. »

Caroline

« On était enceinte en même temps, en 2012. On s’est alors beaucoup rapproché. On se compte nos histoires, on se montre des dick pics, on se dit qu’on sucerait 10 bites ce soir, qu’on fourrerait ce joueur de hockey là, même s’il ne s’était pas lavé. On se dit que nos enfants gossent, que nos mères nous exaspèrent.

Ça donne une impression qu’on est des charrues, mais c’est beaucoup plus profond. Je peux pratiquement tout lui dire. Tout recevoir. On a été euthanasier son chat ensemble. Elle m’a appuyée dans mon divorce. »

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Aglaé

« J'ai rencontré Valérie dans un parc où je n'allais pas souvent. Pendant deux ans, nous avons partagé la même classe à l’école. Quand l’école était finie, on allait acheter du maquillage avec nos économies au Westcliff. On se reconduisait sans fin à nos domiciles pour ne pas perdre une minute de temps ensemble. Elle a teint mes cheveux souvent.

Il y a l'histoire des pêches que toutes les deux on aime raconter et que personne ne croit. Un jour, on revenait du centre d'achat et il fallait traverser un champ pour revenir plus facilement chez elle et chez moi. Un jour de juillet, Valérie et moi rêvions de la même chose: une grosse pêche juteuse, mûre à souhait, qui dégouline sur le menton. Traversant le champ, nous voyons une zone tapée dans les herbes, environ de la grosseur d'un siège de chaise. Sur les herbes couchées, comme déposées là par un acte divin, deux grosses pêches dignes de notre appétit.

Jeunes adultes, nos chemins sont devenus incompatibles. Puis Valérie m’a annoncé cet automne qu’elle allait avoir un enfant. Elle, terrorisée par chacune de mes grossesses, elle allait à son tour donner la vie. Elle m’a demandé d’être là pour la naissance de son petit garçon. J’étais fière et heureuse. Quand elle a crevé les eaux, je suis allée la rejoindre à la maison de son enfance. Prendre soin d'elle était étrange au début. Nous sommes deux chats sauvages, mais on a ri, les et on a parlé entre les contractions. Finalement, nous avons dû aller à l'hôpital, et j'étais avec elle dans l'ambulance. Rendues en chambre d'accouchement, petit bébé était en postérieur. Le frère de Valérie et moi avons eu l’immense honneur de couper, à deux, le cordon. Le petit n’a pas encore de nom, mais il a la peau veloutée, rose et un peu dorée, comme une pêche.

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« Ma meilleure amie et moi sommes toutes les deux TPL (trouble de la personnalité limite). Nous avons vécu 3 fois des dépressions presqu’en même temps. On se sait moins seules à être tristes ensemble. C’est la seule à qui je peux dire «je déteste ma vie, j’ai envie de me faire mal. » Dans ce temps-là, on se dit qu’on s’aime. Qu’on s’entend. Qu’on est là. Qu’on est importantes. »

Ambre

« Avec ma meilleure amie, j'ai vécu plein de trucs, on a menti ensemble et je l'ai sortie de plein de choses, comme elle a été là, pour moi. À la mort de mon père, c'est elle qui me tenait la main quand on a ouvert le cercueil pour que je puisse enfin le voir. Je l'ai ramassée rachitique, dans son lit sale, quand elle était en peine d'amour. Je l'ai soutenue de toute ma force lors de son premier avortement. Je n'ai pas besoin de lui parler longtemps pour qu'elle sente comment je me sens. Ou que je mens. Ou que je me mens à moi-même. Elle est une bouée de sauvetage si j'en ai besoin. Je suis là aussi pour elle, si elle veut déplacer des montagnes. Son mari l'a trompée plusieurs fois et j'ai toujours respecté son choix de rester avec lui. On peut vivre tout ensemble et on tient le lien, malgré les chicanes, les éloignements, les distances rythmées par la vie. C'est devenu ma soeur, avec le temps. »