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Etats-Unis

Augmentation de 200 pour cent des décès par overdose aux États-Unis depuis 1980

Ces décès ont crû de près de 200 pour cent au cours des trois dernières décennies aux États-Unis, et 127 comtés américains affichent des augmentations de plus de 1 000 pour cent.

Le nombre de décès par overdose a bondi ces dernières années aux États-Unis à cause de l'augmentation de la consommation d'opiacés. Mais une nouvelle étude suggère que le nombre de décès serait encore plus haut que ce que l'on pensait : de nombreux médecins identifient mal ce genre de décès, qui ne sont donc pas comptabilisés officiellement comme des overdoses.

Les décès liés à la consommation de drogues, d'alcool ou aux maladies mentales ont crû de près de 200 pour cent au cours des trois dernières décennies aux États-Unis, et 127 comtés américains affichent des augmentations de plus de 1 000 pour cent, d'après une étude publiée le 13 décembre dernier dans la revue médicale Journal of the American Medical Association (JAMA). Les auteurs de l'étude ont trouvé le moyen de mieux identifier les décès dus aux drogues, notamment dans le cas où le certificat de décès n'indique pas précisément les véritables causes du décès.

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« C'est stupéfiant », a dit le docteur Abraham Flaxman, coauteur de l'étude et professeur à l'université de Washington. « On peine même à croire à nos résultats. 1 000 pour cent, c'est dix fois plus. »

Les chiffres officiels du Centre de contrôle des maladies et de la prévention (CDC) affichaient déjà une hausse de 137 pour cent dans les décès par overdose entre 2000 et 2014 aux États-Unis. En plus de cela, les morts liées spécifiquement aux opiacés ont encore bondi l'année dernière, dépassant les 33 000 cas.

Mais selon les recherches de Flaxman, le vrai taux de décès est beaucoup plus haut que ce qu'indique le CDC. Cette différence, selon lui, est notamment due au fait que les médecins ne renseignent parfois pas bien les causes du décès des patients sur les formulaires qu'ils doivent remplir.

Lors d'un décès, les médecins listent de ce qui a tué la personne pour son certificat de décès, mais ce n'est pas si simple — il ne s'agit pas seulement de cocher des cases. Pour indiquer précisément la cause du décès, ils doivent choisir entre plus de 68 000 raisons différentes, selon un système appelé Classification internationale des maladies. Mais parfois les docteurs n'ont pas le temps d'y passer des heures et ne connaissent pas forcément bien le patient décédé. Ainsi, il arrive qu'ils identifient mal la cause du décès ou du moins qu'ils ne la renseignent pas assez précisément.

Pour Flaxman, il suffit de prendre l'exemple d'un médecin qui travaille aux urgences d'un hôpital. « [Ce médecin] est très occupé, il a beaucoup de patients qui ne sont pas morts et auprès desquels il pourrait dédier son temps, » a dit le chercheur. « Puis il a quelqu'un qui vient de mourir et il n'a peut-être pas passé beaucoup de temps auprès de cette personne. Il doit trouver vite ce qu'il doit écrire sur son certificat pour qu'il puisse passer à ce qu'il doit faire ensuite. »

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Pour réparer ces imprécisions dans les données sur les décès, Flaxman et ses collègues ont « réassigné les décès avec des causes non-spécifiques à leurs probables causes sous-jacentes », puis ont développé un algorithme qui a été appliqué à toutes les morts cataloguées depuis 1980. Les chercheurs ont trouvé que les décès dus à des troubles mentaux ou à l'utilisation de substances ont crû de 188 pour cent partout aux États-Unis, mais que la réalité de certains comtés était incomparable.

Clermont, dans l'Ohio, est dans ce cas de figure. Dans ce comté à l'est de Cincinnati, le taux de mortalité lié à l'abus de substances et aux maladies mentales a bondi de 2 205 pour cent, selon l'étude. Deux comtés en Virginie Occidentale ont fait face à des hausses de plus de 2 000 pour cent. Dans 16 autres comtés de ce même État, ce pic a été de 1 000 pour cent ou plus.

Tous les comtés qui ont connu des hausses de 1 000 pour cent ou plus sont concentrés dans 11 États, majoritairement dans le Midwest ou dans le Sud. 35 dans le Kentucky, 30 dans l'Ohio, 15 dans l'Indiana et 13 en Pennsylvanie.

Ces zones ont été particulièrement touchées par la grave crise des opiacés de la dernière décennie. Pourtant, Flaxman a indiqué qu'il faut plus d'études pour confirmer que c'est bien l'héroïne, le fentanyl et d'autres drogues semblables qui sont derrière cette hausse brutale dans le taux de mortalité.

« Ce qui est frustrant avec tout ce travail, c'est qu'il dit ce qui se passe et non pas pourquoi, »a dit Flaxman. « Mais malheureusement on effleure seulement la surface du problème. »


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