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Le Kremlin fait la chasse aux « fake news »

Armé d’un gros tampon rouge barré d’un grand « fake », le Kremlin a commencé à cibler des articles publiés sur des médias occidentaux comme le New York Times, la NBC, et Bloomberg.

Souvent accusé de créer son propre réseau élaboré de « fake news », le Kremlin a fait sienne cette expression en visant des articles qui ne lui plaisent pas. Armé d'un gros tampon rouge barré d'un grand « fake », le Kremlin a commencé à cibler des articles publiés sur des médias établis comme le New York Times, la NBC, et Bloomberg. Ces papiers feraient partie, selon la Russie, d'une campagne de désinformation ciblant le pays.

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Une nouvelle page du site du ministère des Affaires étrangères russe dit « démasquer » les médias occidentaux qui diffusent de « fausses informations » sur le pays. Ce jeudi, il y avait seulement 5 articles listés sur le site. Bloomberg, le New York Times, NBC, le Daily Telegraph et le Santa Monica Observer font partie des médias visés.

Sous chaque article, on peut lire un message orwelien : « Cet article met en avant des informations qui ne correspondent pas à la réalité. » D'après la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, le ministère appliquera ce tampon aux articles qui ne proposent pas une réaction officielle du gouvernement russe ou les papiers qui citent des sources anonymes et non-vérifiées.

Cette nouvelle initiative a été annoncée au cours de l'adresse télévisée hebdomadaire de Zakharova. « Nous allons publier des exemples de propagande émanant de divers médias et fournir des liens vers des sources, » a dit la porte-parole. Zakharova n'a en revanche pas donné de précisions sur la méthode employée pour établir ce qui est une « fake news ». Elle s'est seulement appuyée sur un ensemble de capture d'écran pour faire passer son message.

Pendant que Zakharova annonçait la nouvelle initiative du Kremlin, le ministre de la Défense russe, Sergei Shoigu, a décrit les gains militaires russes dans sa guerre de l'information. Shoigu a dit que les « soldats de l'information » de l'armée russe ont réussi à propager « de la propagande efficace et intelligente », sans préciser quels pays étaient visés par cette initiative.

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Quels articles sont considérés comme des « fakes news » par la Russie ?

  • un article de Bloomberg qui explique que des hackers russes ont piraté l'ordinateur du candidat à la présidentielle française, Emmanuel Macron.
  • un article du New York Times sur le lancement secret d'un missile de croisière — ce qui va à l'encontre du traité de contrôle des armements.
  • un papier du Daily Telegraph citant des sources du gouvernement britannique qui pensent que la Russie était impliquée dans une tentative d'assassinat du Premier ministre monténégrin en 2016.
  • un article de NBC News qui indiquait que le Kremlin pourrait confier Edward Snowden à la justice américaine afin de s'attirer les faveurs de l'administration Trump.
  • un article du Santa Monica Observer sur les « circonstances étonnantes » du meurtre de l'ambassadeur russe aux Nations unies, Vitaly Churkin.

Comme le fait remarquer BuzzFeed, contrairement aux autres médias, le Santa Monica Observer — un journal local gratuit californien — a déjà publié des « fake news ». Un article laissait notamment penser que Tiffany Trump allait chanter « I'm like a bird » pour l'inauguration de son père.

Être présent sur cette liste devrait être vu comme une fierté, selon un journaliste russe. Alexei Venediktov, de la radio Echo of Moscow, a confié au New York Times, « Vous ne devriez pas vous inquiéter ». Il assure que les médias présents sur cette cible doivent le prendre comme une récompense, « comme une médaille ».

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La folie « fake news » continue

En s'invitant dans le débat des « fake news », le Kremlin surfe la vague de polémiques émanant des États-Unis.

Trump a employé le terme « fake news » à de nombreuses reprises pour répliquer suite à la publication d'articles accablants sur le premier mois de son mandat. Mis à part quelques rares exceptions, notamment Fox News, Trump s'en est pris à des grands noms des médias américains comme le New York Times, NBC et CBS qu'il a qualifié « d'ennemis du peuple américain ».

Influer sur les élections étrangères

Les tentatives du Kremlin visant à influer sur le résultat d'élections à l'étranger ont été révélées au grand jour grâce au renseignement américain. La Russie aurait essayé d'interférer dans les présidentielles américaines en piratant les serveurs du comité national démocrate et en faisant fuiter des emails — qui ont été par la suite diffusés par WikiLeaks.

Depuis, les autorités européennes se préparent à cette éventualité. La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères français a critiqué les cyberattaques russes visant Emmanuel Macron. « Cette forme d'ingérence dans la vie démocratique française est inacceptable et je la dénonce, » a déclaré Jean-Marc Ayrault. Un rapport de l'East StratCom Task Force révélait en début d'année que la chancelière allemande, Angela Merkel (qui cherche à se faire réélire en septembre) a été « bombardée » de « fake news » émanant de Russie.

L'East StratCom Task Force a été créée par l'Union européenne en 2015. Sa mission est de remédier aux campagnes de désinformation russes.


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