Ce 20 juin, une légende du rap américain, du rap tout court et de la musique en général s'est éteint. Prodigy, la moitié du mythique duo Mobb Deep nous a quitté à l'âge de 42 ans. Celui qui a lutté toute sa vie contre la drépanocytose, une pathologie qui le fragilisait, a finalement rendu son dernier souffle et laisse derrière lui une œuvre colossale et un nombre incalculable de classiques, qui s'étalent sur près de 25 ans de carrière.
Si comme l'on pouvait s'y attendre l'intégralité du rap US lui a rendu un hommage unanime, il en a été de même pour toute une génération de rappeurs français, et leur émotion n'était pas feinte. Bien que l'on parle d'un artiste américain, cette fois nos artistes hexagonaux ont été plus touchés qu'à l'accoutumée, et pour cause. On a souvent dit, à raison d'ailleurs, que le style de Mobb Deep en général et de Prodigy en particulier a marqué, plus que tout autre, le rap français en terme de style. Il semblait dong logique et naturel de laisser la parole à quelques-uns de ses plus illustres acteurs pour rendre hommage à ce qui restera un des piliers de l'Histoire du rap mondial.
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Rim'K (113)
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Kertra (Expression Direkt)
Vîrus
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Niveau rap, ce que je kiffe c'est que Prodigy est le maître du slow-flow. Le mec quand il rappe t'as l'impression qu'il roule un pilon. Ça déchire. Tu bloques sur ce mec et tu réalises que t'as pas besoin de t'exciter sur tes bpm, lui il a toujours rappé tranquille, il s'en battait les couilles, jamais en rupture de souffle, il rappe tranquille. C'est pour ça que je pose un peu lentement. Lui, Evidence, même les Conway aujourd'hui, au niveau du débit, c'est mon école je me suis dit « ok, tu peux mettre des tartes sans être Tech-9 ou Twista, tranquille ». Je pense qu'il a influencé tout le monde. Mobb Deep c'est chaud. Je pense que même les mecs de la West devaient kiffer, comme quand Dre est arrivé et que les mecs de New York kiffaient malgré eux. Par contre si je mets un son de Doggystyle, ça m'ambiance mais me donne pas envie d'écrire. Si je mets du Mobb Deep à fond, ça me donne envie d'écrire. C'est du rap de caillera. C'est ce que le pe-ra devrait être. C'est pas donné à tout le monde de faire du son caillera qui passe en ressoi. C'est une institution, et il avait l'image du leader même si ce n'était pas forcément avéré. Je vois l'impact de la nouvelle de sa mort, le mec n'a pas bougé dans l'esprit des gens. De 95 à 2017, il a continué de mettre des claques.En plus Prodigy a des origines un peu moins ghettos que ce qu'on croyait, mais je sais pas si t'as remarqué, lui, on lui pardonne, grâce à son talent. Les histoires de poney et de Booba, c'était un peu plus compliqué en France.
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« Survival of theFiittest » c'était typiquement le son qu'on mettait avec les potes pour se chauffer en début de soirée. Ca fait partie de ces sons qui te mettent direct en mode bagarre, même si en vrai on voulait juste pécho des meufs. Prodigy a je sais pas combien de morceaux à son actif, mais moi je préfère sa partie caillera vénèr. Et pourtant, en soirée, c'est fort, parce qu'ils mettent aussi les sons cailleras, plus encore que leurs hits pour les clubs. En plus en général y'a un délire par ville : Oakland, Atlanta, etc, mais le style de Mobb Deep pour moi c'était même pas spécialement New York, c'était carrément leur truc à eux, très personnel, ça ressemblait pas au reste. Et c'était tellement fort que si tu voulais montrer que t'étais un vrai, fallait presque que tu sois « Mobb Deepien ». C'est quand même un truc de malade, il a des sons qui ne vieillissent pas. C'est une perte de ouf, triste. J'espère que y'a pas trop de trous du cul qui vont faire des hommages à chier. Là, déjà, c'est la foire à « Shook Ones », et ça me saoule parce que pour moi c'est presque réservé à des gens vénères, tu vois.J'avais grave kiffé son EP The Ellsworth Bumpy Johnson, putain c'était fou ça encore. Avec un son comme Twilight il te montre qu'il a rien perdu et ça t'enlève le complexe « c'était mieux avant » parce que c'est pas vieux. Il est loin. Ses débuts, c'était de la même ampleur que ce qu'a fait Nas sur son 1 er album. Et quand tu vois l'âge qu'ils avaient, quand il dit « I'm only 19 but my mind is old », ça c'est des phases de mecs qui en ont trop vu.
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Un jour ils avaient fait un concert à 40 balles, à Bastille (dès qu'on a vu que Mobb Deep passait en France on a fait la route, direct) et ils sont entrés sur « Get Away », je sais pas si mon anglais est bon, mais ça veut dire « dégage », non ? Et je me suis fait tej du concert dès le 1 er morceau. J'avais acheté des bières, une meuf est passée, les a renversées, j'ai dit au barman file moi une autre bière, tu vois bien que c'est la meuf qui a tout renversé. Le mec refuse, je passe derrière le bar pour me servir moi-même, on m'a viré. C'est ma seule expérience live de Mobb Deep…J'ose même pas en parler, même ma femme, elle a dit à des potes qui étaient venus me chercher mardi soir « désolé il va pas sortir, il a perdu son grand-frère là ». Ah ouais j'avais mal, je te mens pas, c'est quelqu'un qui m'a bercé… J'étais jeune à mort, un grand me fait écouter en me disant « c'est ça le rap ». A la première écoute, je le trouve tarpin lugubre. Y'a un truc perturbant, c'est ça que j'ai ressenti : d'un côté c'est pas attirant sur la forme, ça agresse un peu, et de l'autre c'est super obsédant. C'était pas le rap le plus facile à l'écoute et c'était pas non plus ce à quoi on s'attendait, on était jeunes, les 1ères choses qui arrivaient à nos oreilles, c'était pas eux. Je savais pas quoi en penser, vraiment, j'étais perdu à la première écoute… J'étais pas prêt pour ça. Je crois bien que c'est Hell on earth qui m'a traumatisé. Il m'a fait très mal. Je me le suis pris même pas à la sortie, mais plus tard, en 98. Pendant la Coupe du Monde j'écoutais que ça. C'était la période où j'étais à fond, à partir de fin 97. Ce groupe-là et particulièrement Prodigy, c'est… le plus européen des Américains. Dans les choix de beats, de samples, ça sonnait pas pareil, c'est pour ça que c'était notre groupe préféré, on les sentait proches de nous sans trop pouvoir dire pourquoi… Ils avaient ce sens mélodique, ce sens du rap qui a le plus influencé les rappeurs français. N'importe quel MC avait plus de facilité et d'affinité à poser sur une face B de Mobb Deep ou Prodigy en solo que sur les faces B de Snoop. Leur formule nous a plus parlé, et plus vite que les autres. Je me suis toujours dit qu'en terme de structure de morceaux, c'est un mec qui allait loin, qui innovait. Dans son approche du rap, ça te parle. Quand t'écoutes les albums de 99-2000 en rap français, les 3/4 sont influencés par Mobb Deep et donc Prodigy. Il a fallu attendre pour qu'ici des gens commencent à peine à se dire « y'a aussi Jay-Z à New-York ». Sinon c'était Nas ou Mobb Deep, obligé. Tu demandes à des mecs de cette époque, c'est l'école du Queens. Je suis sous le choc, j'ai peut-être pas les mots exacts, mais tu demandes à Lino dans ses albums préférés, y'a forcément du Mobb Deep ; sur les réseaux sociaux j'ai vu que Seth Gueko avait dit que Prodigy était son rappeur préféré, et c'est pas étonnant du tout. Si t'es d'une certaine génération, tu n'as pas pu ignorer le phénomène. Je suis de 82, Seth aussi, c'est pas une coïncidence. Prodigy c'est presque « le rappeur des Français », on l'a tous adopté à cette époque. C'est P qui est venu nous choquer.Quand je le voyais… Pour moi c'est LE rappeur de quartier, le mec qui… Niveau influence il a quand même des gosses partout dans le monde, tout en représentant l'underground, c'est unique. Et puis sa personnalité, sa maladie tatouée sur le bras, la souffrance qu'il dégageait, vraiment c'était quelqu'un.
Guilty (Katrina Squad)
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Nous on a Le Rat Luciano, qui peut sans doute rappeler, un peu, à notre échelle française, cette attitude, ce caractère. Mais Prodigy c'est encore au-delà. Un mec pas bling-bling pour un sou, totalement renfermé sur lui-même et sur sa musique, son quartier, qui s'en bat les couilles de tout. Pour moi c'est le vrai gangsta-rapper. C'est le 1 er que j'ai kiffé à ce point. Notorious et Tupac, on aimait aussi, mais pour moi P est le plus grand. C'est le boss du rap des bas-fonds, de la rue. Si je devais choisir, je prendrais la carrière de P, pas celle de Jay-Z. Quand j'ai vu tous les hommages de TOUT le rap américain à sa mort, ça m'a presque fait plaisir pour lui. C'est là que tu te rends compte de ce qu'il représentait. C'est le grand-frère de la musique, il a fait partie de mon influence, c'est la raison pour laquelle j'ai fait des instrus, la raison pour laquelle j'ai été sombre plutôt qu'essayer de faire des tubes… Il avait une ligne de conduite. Depuis hier je ne fais que l'écouter et je me perds dans mes souvenirs. Si je suis dans le rap aujourd'hui, c'est peut-être parce que P a existé. Sur mon podium je mettrais le couplet de « It's Mine », sa façon de rentrer sur le morceau… « It's a Craze », son couplet est monstrueux, « Genesis » aussi, « Keep it thoro » bien sûr. Y'en a trop. Me demander un couplet de P, c'est comme me demander mon coup franc préféré de Juninho tu vois ? Je vais t'en sortir un et 10 secondes après, je vais me souvenir d'un autre.
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Driver
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Mon solo préféré c'est « What U Rep ». Ce que Prodigy fait de l'instru, c'est magnifique. Son couplet qui m'a le plus marqué c'est sur « I Shot Ya » remix, parce qu'il est super obscur, en fait il parle déjà d'illuminatis et de complot à l'époque où personne dans le rap ne sait même ce que ça veut dire. Son couplet est incroyable, très spécial et je l'ai compris beaucoup plus tard. Ce qu'il lâche sur « Temperature's rising » aussi. En fait à l'époque je passais pas mal de temps avec Ill des X-Men et il était déjà bilingue. Je me rappelle qu'on avait passé un weekend avec uniquement l'album de Mobb Deep et il me traduisait les textes. C'est là que je me suis dit que Prodigy aurait pu écrire des livres, des films, ce que tu veux.J'étais plutôt branché West Coast, donc la 1ère fois que j'entends parler de Prodigy c'est avec Nas, je ne sais même plus le titre. Puis j'ai pris comme tout le monde la claque avec « Shook Ones » et c'est avec « Shook Ones part II » que je commence à m'intéresser de plus près. Je trouve que Prodigy, son flow, la manière dont il pose et ce qu'il fait de sa voix, c'est comme les mecs qui font la différence dans le jazz par exemple. J'ai toujours considéré que le rap c'était la continuité du jazz, et là, c'était flagrant. T'as des mecs qui sont dans le basique, mais lui il a un attachement au flow et à l'écriture qui s'inscrit dans la lignée des mecs comme Rakim, à la fois à fond sur les textes et la façon de poser slow-down, tu vois.Son influence sur le rap français, de mon point de vue c'était vachement parisien : il y avait des groupes comme ça qui étaient très « mobb deeepiens ». Force est de constater que l'époque La Cliqua, Lunatic etc, c'était très marqué par ça, il y avait beaucoup de respect pour cette école, ça se sentait. C'était pas forcément mon style de me reconnaître à 100 % chez un autre mais j'avais aussi un grand respect pour l'artiste, pour ce qu'il a apporté musicalement. Le côté sombre, ça permettait de remettre New York dans une réalité un peu plus ténébreuse, en adéquation avec la réalité. C'était la jeunesse qui prend le micro et qui dit « on va changer la donne, on a des choses à dire et on va se faire respecter grâce au gangsta-rap ».
Weedy (Expression Direkt)
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J'étais allé les voir y'a 4-5 ans de ça à l'Olympia ou au Bataclan, avec mon fils de 15 ans, pour lui montrer c'était quoi ce que nous on appelait « du rap ». Il avait beau être jeune, il a quand même été très choqué de la disparition de Prodigy tellement ça l'avait marqué. Je retiens de lui ce côté artiste fragile, tourmenté, très porté sur le flow, et une écriture adaptée, une vision de la vie bien à lui. Mon morceau préféré c'est « Survival of the fittest », ça fait partie de mes 5 majeurs de rap, c'est un sans-faute. C'était un artiste complet, on a perdu une sommité.La première fois, c'était le second album, The Infamous, dans le sens où Juvenile Hell, ils avaient 17 ans, c'était pas encore leur style définitif. Donc c'était plutôt The Infamous mon premier vrai souvenir, c'était sorti peu après Illmatic et c'était un peu les jumeaux du Queens ces albums. D'ailleurs « An Eye For An Eye », avec Nas et Raekwon, c'est une bible pour apprendre ce qu'est le flow. C'est classique, avec la Rumeur, c'est un album qu'on a vraiment écouté en long et en large. A l'époque, l'adhésion est immédiate : Mobb Deep ça pue le quartier et le minimalisme, Havoc signait la plupart des prods et Prodigy était à l'avant-poste sur le plan lyrical. Sa voix, son timbre grave, parfois caverneux, c'était marquant. Ce duo nous plaisait beaucoup, et ils inaugurent avec cet album une relève dans l'école « réaliste » new yorkaise si on veut. C'est la période où Snoop et tout le G-Funk prolonge le raz-de-marée de L.A et on s'aperçoit avec Nas et Mobb Deep qu'il y a un sursaut de fierté et que le centre de gravité reste à New York.On a appris plus tard que Prodigy a en fait vécu avec la maladie toute sa vie. C'est quand même une forme de maladie du sang qui est assez grave et qui nécessite des traitements. Je sais pas si c'est ce qui l'a « assombri » de manière prématurée, en lui donnant cette vision et ce timbre très particulier mais il a une façon un peu définitive d'assumer le dark, les profondeurs, comme si la lumière ne serait jamais pour lui. En plus on est à peu près de la même génération, et c'est typiquement le genre de rappeur US avec qui on a grandi. Une grande influence. Il avait une façon d'assumer la saleté, le minimalisme aussi : ce genre de flow sur une bonne boucle, un beat tapé à la SP-12 et des caisses claires qui ont fait des émules. C'est eux qui ont popularisé cette mélancolie, ce dark, habillé de ces deux voix complémentaires. Lunatic c'était ça, niveau formule. Nous aussi on s'est laissés influencer, sans aller jusqu'à reproduire de façon caricaturale, mais on a digéré leur impact, c'est clair. Ça nous a nourri, même si on ne courait pas après une imitation.
Hamé (La Rumeur)
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Même après avoir intégré le G-Unit, ils ont continué à faire des choses pas mal, même si on peut dire que c'est là qu'on a peut-être commencé à les perdre, ça tenait la route. Ils se sont peut-être moins bien renouvelés que d'autres comme Jay-Z qui a mué et muté, peut-être parce qu'ils sont encore plus ancrés dans la réalité et le style des 90's. Ça reste un groupe majeur de ces 20 dernières années. Je place Prodigy incontestablement dans les 10 ou 15 plus grands rappeurs ricains. La personne qui dit le contraire ne connaît pas le rap.Je les ai vus une fois en concert, j'étais surpris de leur taille en fait, 2 mecs très petits mais leur musique leur donne une autre ampleur… Prodigy était très grand par le talent. Son autobiographie est très bien, je l'avais offerte à Ekoué je crois, à mon retour des Etats-Unis. Son passage en prison aussi, une de ses belles prouesses c'est d'en avoir fait quelque chose, des freestyles au téléphone ou au parloir, et ses écrits depuis là-bas. C'était un très grand monsieur.Mon premier contact c'était le clip « Quiet Storm ». J'étais assez jeune, dans les 15 ans, et j'étais intrigué par le côté assez sombre. C'est pas forcément un truc habituel quand on écoute du rap cainri à l'époque, même le Wu-Tang c'était différent. Eux, ils avaient des textes sombres, des ambiances sombres, des flows sombres. C'était même un peu glauque tu vois ? Même l'ambiance du clip d'ailleurs, ça rigolait pas. Forcément ça fait partie de mes influences mais je vais pas te mentir, j'ai surtout saigné deux albums, surtout Hell on earth. Après quand ils ont signé sur G-Unit, j'ai pas été aussi fan qu'avant. Quoiqu'il arrive, il leur a presque suffi d'un album pour rester, et ne plus jamais partir. Je pense que la carrière de Prodigy repose sur juste 2-3 albums, même si le reste est fort, mais ça a tellement marqué tout le monde au début… C'était du rap différent, qui racontait la rue de manière directe, qui te plongeait dans des vraies choses, sans artifice.Pour moi Booba s'est grave inspiré de Prodigy par exemple. C'était un flow très racailleux, très lent, sur des prods… Sur Temps Mort tu sens l'ombre de Prodigy. C'est comme ça que je voyais P : très caillera, combiné à des prods sur-mesure de Alchemist. C'était un vrai univers. Les textes, c'est aussi un truc qui est resté. Tu peux avoir lâché à partir d'une époque ou une autre, quand le mec part, il a laissé ça dans la tête de tout le monde, non seulement aux States mais aussi en France. C'est vraiment d'anthologie et il a donné naissance à un style de rap, comme une autre catégorie de rap new yorkais qui s'est étendu en France et même sur le hiphop mondial… Pour moi le titre « Hell on earth », il y a un avant et un après, d'ailleurs j'ai fait un son dessus. Et puis faut savoir un truc, et je pense pas être le seul à avoir été dans ce cas : les instrus de Prodigy et Mobb Deep, on a tous écrit dessus, et on a tous rappé dessus, on les a saignées et re-saignées. Aujourd'hui encore, je vais dans des radios et on me sort encore la face B de Shook Ones. C'est simple : dès qu'un freestyle dépasse 30 minutes, t'es sûr d'avoir au moins un beat à eux qui sort. Obligé. En vrai c'est la définition d'un classique, Prodigy est au panthéon du rap pour moi.
Jarod
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Flynt
DJ Weedim
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L'image que je garde de Prodigy c'est le côté sale, l'authenticité, ce truc qui n'existe plus vraiment aujourd'hui, la street, la vraie, le côté hiphop un peu. Hier quand j'ai appris la news, bon je me suis refait pas mal de clips et c'est marrant, tu réalises que y'avait presque pas de bling-bling quoi. Rien du tout, parfois. Pour moi Prodigy représente la culture. Dans les lyrics, ça raconte le vécu, je pourrais résumer ça comme ça. Le rap c'est simple au final. Là comme ça, si je dois prendre un morceau préféré autre que « Shook Ones »… tu sais quoi ? Là où j'ai encore plus kiffé, c'est quand ils ont fait un morceau avec Lil Jon en fait. Ça, c'était la grande époque Lil Jon, je vois Mobb Deep qui débarque avec lui, personne s'y attendait, y'avait New York d'un côté, Atlanta de l'autre, ils se crachaient dessus, et au milieu de tout ça arrive ce morceau complètement démoniaque, la prod est folle, ça se joue en club, tout le monde kiffe. Prodigy sur du crunk… Ça m'a remis dedans, c'était pas des types obsolètes, même si franchement ces derniers temps je ne sais même pas quel est le dernier Mobb Deep. Mais on les respectera toujours pour ce qu'ils ont fait.J'ai découvert Mobb Deep via mes aînés mais après Wu-Tang. Au début j'avais du mal, leurs instrus étaient moins mélodieuses que d'autres. Plus froides. Puis à force d'écoutes ça m'a bousillé, autant Havoc que Prodigy mais Prodigy avait ce truc. Je sais pas, on dirait qu'il était maléfique dans son flow. Son attitude dans les clips, son regard. L'époque ou j'ai le plus écouté Mobb Deep c'est dans les débuts de Ghetto Fabulous Gang. Ce groupe représentait tout ce qu'on voulait entendre et voir à cette époque. Quand je pense Mobb Deep c'est : gros barils en feu dans la street, grosses doudounes en hiver… On voulait tous notre baril et notre doudoune ! Prodigy m'a influencé mais j'ai lutté. Ce qui me fascinait chez lui c'est cette agressivité qui émanait de lui mais sans crier. J'étais plutôt de l'école MOP. Prodigy est le seul rappeur qui faisait que j'hésitais. Rapper vénèr ou froid.Trop de prestance, de charisme dans le flow du renoi. Je n'ai pas de track préféré mais plutôt des albums. Tous m'ont plu en tant que Mobb Deep. Surtout American Nightmare et le 1er album de P.
Shone (Ghetto Fabulous Gang)
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Escobar Macson
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Nikkfurie (La Caution)
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Madizm
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Premier album que j'ai vraiment saigné ? The Infamous. Je comprenais pas tout ce qu'il disait mais j'étais fan de l'univers. De A à Z. Je pensais déjà que P était plus fort qu'Havoc (lyricalement) mais c'était AVANT qu'il ne devienne le beatmaker qu'il est devenu. Ce qui fait de lui un autre type de génie. Mobb c'était un groupe de génie. Point barre. Il en vient un tous les 10 ans. Et encore.Ce sont les premiers aussi à avoir réussi à faire des sons radio sans baisser la culotte. Parce qu'ils n'avaient pas à adapter leur délire. Un sample de KPM et ca devenait un son de caille ! C'était le groupe préféré des cailleras. Le discours que P tenait était hardcore. Sa douleur était hardcore. Ses punchlines souvent aussi. J'ai souvent utilisé des acapella à lui pour créer des beats. Il motivait grave. Un de ces bonhommes pour qui tu bosserai gratos parce que t'es fier…ça n'existe plus. Donc double RIP Albert. L'image que je garde de lui, c'est les vestes de jogging en velours, le regard froid, l'analyse constante et le côté « fuck you, your crew and everything you stand for ». J'ai gardé ça de lui je crois. Je me suis toujours senti proche de lui dans sa façon de voir le monde. A défaut d'avoir partagé la même réalité, on est souvent arrivé aux mêmes conclusions. On dit que les grands esprits se rencontrent. C'est prétentieux mais j'assume. On est devenus paranos du monde à force de l'analyser. Il était très intelligent. Parfois comme lui je me suis perdu dans des théories douteuses… Ça arrive à tout le monde. L'erreur est humaine. La corriger est une preuve de maturité. Il avait maturé. Certains de ses derniers morceaux étaient magnifiques. Peut-être pas pour un gamin de 15 ans qui se cherche. Mais pour un adulte qui s'est trouvé c'était parfait ! Peu de gens avaient sa qualité de texte. Et c'est pire de nos jours car la qualité a disparu des radars. La connerie fait vendre. Prodigy n'a jamais vendu de la connerie. Il prônait la débrouillardise. Il m'a aidé à me débrouiller. Voilà ce que je garde de lui. Encore merci.Retenir des sons est un exercice quasi impossible sans poster une page entière. Alors je vais dire ceux qui me passent par la tête maintenant. Demain ce sera d'autres titres…« Survival Of The Fittest »… There's a war going on outside… que dire ?« Keep It Thoro »… la définition du rap post 2000.« Hold You Down »… parce que c'est mon type de jus !« The Rotten Apple »… New York Shit.« Whats Poppin Dun »… RIP.Until the day I die I'm gonna hold you down… Il a tenu sa promesse, contrairement à d'autres.Je me rappelle pas vraiment de la première fois que j'ai écouté P et ceux qui disent le contraire sont des révisionnistes ou ont une vie peu passionnante. Je me souviens juste d'avoir vu « Survival of the fittest » en clip sur Yo MTV Rap. Et je sais que je m'étais dit « ah c'est pas des zulus », ça se voit qu'ils sont haineux comme des mecs de chez nous. L'album d'après, Hell on earth, m'a mis une bonne tarte et nous a tous permis de rentrer dans le son du Queens. Nas c'était trop intellectuel et je comprenais pas encore bien l'anglais donc mes préférés c'était Mobb Deep et Capone & Noreaga. Et c'est surtout les instrus d'Havoc qui ont brisé les rappeurs français car copier Prodigy s'avère relativement dur. Je retiens un petit bonhomme qui s'en laissait pas compter et qui a insulté tout le rap US tout au long de sa carrière. C'était parmi les premiers a répondre aux mecs de californie en rappant sur « L.A, L.A ». Bref il avait des couilles. Mon morceau préféré de Mobb Deep c'est « Get Away », et en solo c'est « HNIC » (le morceau avec le sample de Saint Tropez, pas l'album).Comme la plupart des mecs de ma génération j'ai découvert Mobb Deep avec « Survival of the fittest » et « Shook Ones pt1 ». J'avais la chance d'avoir le câble chez mes parents, avec dessus une chaîne qui s'appelait Viva Zwei, un genre de MTV allemand bien underground. Il y avait chaque soir à minuit 2h de clips de rap ultra pointus, à l'époque bien sûr j'avais ma VHS prête à enregistrer le moindre truc qui me rendrait fou, et c'était à chaque fois un truc ultra sombre de NYC. Du coup j'avais déjà entendu ces 2 morceaux sur k7 audio mais alors quand j'ai vu les clips, à minuit quand t'es gamin et que ton rêve c'est de vivre à New York et de ne porter que du camouflage et des doudounes, je peux te dire que ça te marque au point de verser une larme le jour où Prodigy décède.
Même si je n'écoute plus que très peu de trucs de New York c'est vraiment ça qui m'a le plus influencé dans mon rap, mon binôme Dela (beatmaker) pareil. J'ai beaucoup rôdé la ville et encore aujourd'hui j'arrive à sentir l'odeur de son métro en écoutant Mobb Deep, c'est ouf. Et bon c'est clair que Mobb Deep c'est 15/20 ans de rap français, pas un rappeur d'ici de plus de 25 ans n'a pas été traumatisé par ce groupe. J'ai aucun problème à dire que sans Mobb Deep et Scarface (le film) et bien le rap français n'existerait pas comme il est aujourd'hui. J'écoute au moins une fois par mois Hell on earth ou The Infamous, j'arriverais pas à dire quel est mon track favori, peut être « GOD pt III », tout est parfait, le clip, Prodigy en ICEBERG…