Trois semaines avec les éboueurs de Paris
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Trois semaines avec les éboueurs de Paris

Avec les agents de propreté du 9e arrondissement qui débarrassent les rues de nos déchets – souvent dans l’indifférence générale.

En 2012, 345 millions de tonnes de déchets ont été produites en France. Comme la production ne s'arrête jamais, le travail de ramassage et de nettoyage est également condamné à ne jamais cesser. Ce cycle inhérent à notre mode de vie implique la responsabilité de ceux qui jettent – et de ceux qui ramassent.

Ceux qui ramassent, ce sont les agents de la propreté, ou éboueurs. À Paris, ils sont 5 041, à en croire les chiffres de la Direction de la propreté et de l'eau. Rapporté à la population parisienne (environ 2,2 millions d'habitants), chaque agent est responsable de nettoyer pour 436 personnes – sans compter les travailleurs venant de l'agglomération, ni les 36 millions de touristes annuels. 3 000 tonnes de déchets sont ainsi collectées chaque jour par 495 camions-bennes.

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Dans la pensée collective, être éboueur a toujours été considéré comme un symbole d'échec social. Au quotidien, ils sont victimes d'une mauvaise réputation. On ne parle des éboueurs que lorsqu'ils font grève, et les gens ne semblent les voir que lorsqu'ils prennent leur pause-café ou que leur camion ralentit la circulation. Ils font partie de ces personnes dont l'uniforme et la fonction nous font complètement oublier l'individualité.

Pourtant, les agents de la propreté effectuent la moitié de leur travail quotidien avant que les Parisiens ne sortent de chez eux, entre 6 heures et 8 h 30 du matin. Le reste de la journée est principalement consacré à nettoyer la ville en temps réel. Ce travail pénible, mené dans l'anonymat, appelle à mes yeux à la reconnaissance et au respect. C'est une des raisons qui m'ont mené à faire un reportage photo sur les éboueurs de Paris. Pour ce faire, j'ai passé trois semaines avec les agents de la propreté du 9e arrondissement, que j'ai habité pendant de nombreuses années.

Au cours de ce reportage, j'ai constaté à quel point être éboueur était un métier difficile et chronophage, même si la plupart des Parisiens ne sont pas très reconnaissants. Les insultes sont monnaie courante, au même titre que les coups de klaxons et les incivilités. Mais cet aspect tranche complètement avec leur manière de vivre et de travailler. Observer les éboueurs de Paris vivre et travailler ensemble, c'est ouvrir une fenêtre sur la diversité de notre pays. Les éboueurs sont des femmes et des hommes qui viennent d'horizons différents, et se réunissent dans le travail pour mener à bien une difficile mission de service public. Leur travail d'équipe n'est affecté par leurs différences à aucun moment. Bien au contraire, ils sont forts de leur altérité.

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Entrer dans un atelier de propreté donne l'impression d'entrer dans le vestiaire d'une équipe de football : il y a des cris, des engueulades, des éclats de rire et des histoires à n'en plus finir. L'ambiance est justement l'une des raisons pour laquelle nombre d'entre eux font ce travail. En uniforme, ils deviennent une équipe, un ensemble. La discrimination n'est pas de mise. Qu'importe la couleur de peau ou la religion de son collègue lorsque l'on a les mains dans la même poubelle ? Tous les éboueurs sont logés à la même enseigne – qu'ils soient d'origine africaine, arabe, juive ou picarde.

La série « IN(DI)VISIBLES », sous le patronage de la Commission Nationale Française pour l'UNESCO, est exposée par la Mairie du 9e arrondissement de Paris jusqu'au 17 juin. Retrouvez Florent sur son site.