FYI.

This story is over 5 years old.

Crime

Le poids des emballages plastiques pourrait dépasser celui des poissons dans les océans

Avec la chute des cours du pétrole, le coût des produits pétrochimiques bruts qui servent à fabriquer du plastique est plus bas que celui des composants recyclés.
Image via Flickr

Le poids représenté par les bouteilles d'eau, les emballages de cacahuètes, et autres déchets plastiques pourraient bientôt l'emporter sur les poissons qui peuplent les océans d'ici 2050, si les humains continuent à polluer les mers à ce rythme-là, d'après un nouveau rapport de la Fondation Ellen MacArthur et du Forum économique mondial (WEF).

Intitulé « La nouvelle économie du plastique : Repenser le futur du plastique », le rapport contient de nombreuses statistiques écoeurantes sur la quantité estimée de plastiques qui polluent les océans. 150 millions de tonnes de plastique flottent sur les mers du globe dans plusieurs zones comme dans celle du vortex de déchets du Pacifique nord — une nébuleuse de déchets plastiques qui se sont accumulés à cause des courants marins.

Publicité

« Nous vivons à l'âge du plastique, » a déclaré Charles Moore, un navigateur qui a fondé l'Algalita Marine Research and Education et qui a participé à la découverte du vortex de déchets du Pacifique nord. « C'est le matériau qui définit notre époque. Le type moyen qui vivait à l'âge de pierre savait quoi faire des pierres, contrairement à aujourd'hui, où les gens ne savent pas quoi faire du plastique. Il faut avoir un bac+5 pour simplement comprendre comment on recycle ce truc. »

Pire, la quantité de plastique dans les océans augmente rapidement. Huit millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans chaque année — soit l'équivalent d'un camion poubelle qui déverse sa cargaison de plastique dans les vagues toutes les minutes, d'après le rapport.

Mettre un terme au gaspillage de l'industrie du plastique et des consommateurs — notamment en matière d'emballage plastique — est une solution d'une partie du problème selon le rapport.

95 pour cent des emballages plastiques ne sont utilisés qu'une seule fois, ce qui représente entre 80 et 120 milliards de dollars par an.

Près d'un tiers de ces emballages atterrit dans une décharge ou dans un centre de recyclage, ce qui signifie que le reste jonche les rues, les forêts ou flotte quelque part. Les coûts de la pollution plastique — notamment l'endommagement des écosystèmes, le délabrement de l'environnement et les émissions de carbone dues à la fabrication du plastique — atteignent les 40 milliards de dollars chaque année, d'après le rapport.

Publicité

Pendant ce temps, les fabricants d'emballage plastique engrangent entre 26 et 39 milliards de dollars par an de profits, ce qui signifie que l'industrie gagne moins que ce que coûte à la planète la pollution plastique.

« Ce rapport prouve l'importance de déclencher une révolution au sein de l'écosystème de l'industrie du plastique. Il s'agit d'une première étape pour montrer comment transformer la façon dont le plastique traverse notre économie, » a déclaré dans un communiqué de presse, Dominic Waughray, un membre du comité exécutif du WEF.

Les centres de recyclage reçoivent aujourd'hui seulement 14 pour cent des 78 millions de tonnes d'emballages plastiques générées chaque année dans le monde. 40 pour cent des emballages plastiques se retrouvent eux à la décharge.

Les auteurs du rapport expliquent que l'industrie du plastique doit utiliser plus de plastique recyclé pour les emballages et commencer à produire du plastique à partir de matériaux biologiques plutôt que de se servir de pétrole et de gaz naturel. Les autres, c'est-à-dire les consommateurs, doivent s'assurer que le plastique parvient jusqu'aux centres de recyclage plutôt que de se retrouver dans des cours d'eau qui mènent aux mers et océans.

« La vision globale de la Nouvelle Économie du Plastique est que le plastique ne devienne jamais un déchet, mais plutôt qu'il réintègre l'économie comme un nutriment biologique, » note le rapport.

Publicité

L'industrie du plastique a accueilli d'un bon oeil ce rapport.

« L'industrie se soucie sérieusement des déchets plastiques qui se retrouvent dans l'océan. S'il y a bien des gens qui ne veulent pas voir de plastiques dans l'océan, c'est nous, » a déclaré Patty Long, la vice-présidente des affaires industrielles de la Plastics Industry Trade Association.

L'opinion publique a pour habitude de diaboliser les plastiques, mais cette matière reste populaire et bon marché, parce qu'elle est légère à transporter et qu'elle requiert moins d'énergie à produire que des matériaux plus lourds comme le bois ou le métal, précise Long.

« Le plastique présente des avantages certains en matière de durabilité, » assure-t-elle. « Mais existe-t-il des défis encore à relever pour la fin de vie des plastiques ? Oh que oui. »

Charles Moore, le navigateur, assure que de nombreux acteurs — les fabricants, les consommateurs, les gouvernements — sont à blâmer pour la pollution plastique des océans. Mais il reste sceptique sur le fait que quiconque puisse faire évoluer la situation étant donné les données économiques de la production, du recyclage et de la collecte du plastique.

Le prix du pétrole a chuté en dessous des 27 dollars le baril ce mercredi — soit son point le plus bas depuis 2003. À ce prix-là, le coût des produits pétrochimiques bruts nécessaires pour produire du plastique est moins cher que les matériaux recyclés. Personne ne va recycler plus ou changer ses habitudes de consommation dans ces conditions-là. Le gouvernement doit mettre la pression contre le marché du plastique pour que les choses changent, assure Moore.

« Nous avons besoin d'une révolution politique, » explique Moore. « Si le marché est roi, l'environnement n'a aucune chance. »

Suivez John Dyer sur Twitter : @johnjdyerjr