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LGBT+

Bannir les personnes trans de l’armée américaine pourrait nuire aux soldats canadiens

Parce qu’on est en 2017.
Le comité LGBT de la base militaire américaine à Incirlik, en Turquie. (Photo : Kristan Campbell)

Avec son tact habituel, Donald Trump a annoncé sur Twitter que les personnes transgenres sont désormais bannies de l'armée américaine.

Pour des motifs fort discutables, les États-Unis ont choisi d'infirmer la décision d'inclure les personnes trans dans l'armée, prise sous Obama en 2016.

L'annonce d'aujourd'hui a pris plusieurs personnes de court, dont bon nombre de groupes de défense des droits LGBT, mais aussi au sein de la Direction des droits de la personne et diversité (DDPD) de l'armée canadienne.

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« Actuellement, mon patron [lieutenant-colonel Sarah Heer, directrice du DDPD] est à Washington en train de briefer des militaires sur la situation des personnes transgenres dans les Forces armées canadiennes (FAC). C'était prévu depuis quelques semaines. L'annonce de ce matin nous a surpris », admet le lieutenant-colonel Pierre Fasseville, du DDPD, dans une entrevue avec VICE.

Il assure que la rencontre a toujours lieu, et que l'annonce ne change rien pour les politiques d'inclusion des FAC. Des chercheures ont cependant manifesté certaines inquiétudes sur les possibles répercussions de la décision américaine.

« Nos soldats travaillent avec [eux], c'est sûr que ça va vouloir dire quelque chose pour [les personnes trans] », avance la professeure Lynne Gouliquer de l'Université laurentienne, en Ontario, qui a documenté au courant de la dernière décennie les expériences des personnes transgenres des FAC. Elle a également travaillé 16 ans dans l'armée, où elle a vécu de la discrimination en tant que femme homosexuelle.

Selon elle, l'annonce de Trump pourrait influencer négativement la façon dont certains membres des FAC perçoivent leurs collègues transgenres à l'étranger.

L'effet pourrait même se ressentir directement au Canada. « Si on entend qu'aux États-Unis c'est permis de discriminer, c'est sûr que ça encourage une telle perspective, plus que la décourager », ajoute la docteure Carmen Poulin, vice-doyenne de la faculté des arts de l'Université du Nouveau-Brunswick, qui a travaillé avec Mme Gouliquer sur les recherches sur les personnes trans.

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Cette dernière avance que l'annonce de Trump pourrait pousser les dirigeants de l'armée à ne pas déployer de soldats trans dans certaines missions à l'étranger. Une supposition que le lieutenant-colonel Fasseville ne dément pas.

« C'est possible que ça arrive, reconnaît-il. Comme pour toute mission opérationnelle, on évalue le danger pour tous nos soldats, sans exception. Évidemment, si on s'aperçoit qu'on envoie quelqu'un dans une position où il y a des risques pour sa santé, tant mentale et physique, c'est sûr qu'on fait ce qu'il faut pour envoyer les gens qui vont être acceptés dans le coin », justifie-t-il.

Un leadership canadien?

Les chercheures souhaitent que la déclaration de Trump incite le Canada à rejeter ce type de discrimination et à jouer un rôle de leader pour influencer positivement la cause des personnes marginalisées à l'étranger.

Le lieutenant-colonel Fasseville avance que le DDPD fait des efforts en ce sens, « mais on a certaines limites à ce qu'on peut faire en termes d'influence ». Il renvoie la balle au gouvernement canadien ainsi qu'au chef de l'état-major de la défense.

Les chercheures Gouliquer et Poulin ont entamé le suivi de leurs recherches sur les personnes trans dans les FAC, et seront en mesure de fournir des données à jour dans quelques années.