Diablo 3 a finalement réussi à se faire une place parmi les bons RPG après avoir connu de sérieuses turbulences corrigées par des patches majeurs, mais à son lancement, les joueurs ont hurlé en voyant à quel point il était différent du premier Diablo, sorti en 1996, et de sa suite sortie en 2000. Et désormais, près de 20 ans après le début de la série, Blizzard a décidé de donner à ces mêmes joueurs ce dont ils ont toujours rêvé. Et vous savez quoi ? Ils sont énervés. Mais certains de leurs arguments sont recevables.
Comme Blizzard l’a annoncé à la Blizzcon samedi, les joueurs qui possèdent Diablo 3 et son extension Reaper of Souls pourront jouer à un donjon de 16 niveaux baptisé “The Darkening of Tristram”, basé sur le tout premier Diablo et ses quatre principaux boss. A priori, il s’agira donc du Boucher, du Roi Squelette, de Lazare et de Diablo lui-même. Bizarrement, il ne sera disponible que pendant environ un mois chaque année, avant d’être remisé dans les cryptes de Blizzard pour en être ressorti plus tard.
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En théorie, tout cela est très réjouissant, mais ça ressemble pas mal à un déguisement d’Halloween jeté à la va-vite sur le jeu actuel. Sur le papier, on croirait avoir affaire à l’une des fameuses blagues du 1er avril de Blizzard, et un joueur a d’ailleurs expliqué qu’il avait “d’abord cru à une blague avant de voir l’annonce officielle.”
Un filtre que Blizzard qualifie de “rétrovision” recouvrera l’ensemble et rapprochera ses graphismes de ce qu’ils étaient à l’époque de Bill Clinton. Les framerates seront ralentis, et vous serez limité aux huit directions rigides de l’original. Et le son sera lui aussi semblable à celui du Diablo de 1996, grâce à la BO originale de Matt Uelman. Mais comme on peut le voir sur les screenshots diffusés par Blizzard, on voit quand même qu’on est dans Diablo 3.
Les joueurs des versions PC, Xbox One et PlayStation 4 pourront y jouer à une date indéterminée dans les prochaines semaines, mais il sera aussi disponible sur le Public Test Realm de Diablo 3 dès la semaine prochaine si vous ne pouvez vraiment pas attendre. Et si cela ne vous suffit pas en termes de nostalgie, sachez qu’un autre patch lancé l’an prochain vous permettra d’incarner le fameux nécromancien de Diablo 2, en plus de vous proposer deux nouveaux niveaux pour Diablo 3.
La communauté n’est pas vraiment emballée, pour le dire poliment. Les joueurs les plus fidèles sont vexés de devoir payer pour jouer avec le nécromancien, et de nombreux autres estiment que le donjon “Darkening of Tristram” est une manière bien légère de fêter les 20 ans d’une telle franchise. Un utilisateur nommé mat82284 sur les forums officiels de Diablo semble avoir saisi le sentiment général dans un post très populaire intitule “C’est le pire 20ème anniversaire de tous les temps” (contrairement à tous les autres 20ème anniversaire du jeu, évidemment) :
Un autre post populaire affirme que le premier Diablo ne ressemblera à rien dans l’univers graphique de Diablo 3, ce qui rappelle la polémique qu’avait suscité le lancement de Diablo 3.
“Diablo est un jeu d’horreur, explique un utilisateur nommé Starchild. Diablo 3 est un jeu d’action situé dans un cadre vaguement horrifique. Ils sont semblables en apparence, mais leur rythme les distingue totalement et les rend incompatibles.”
On retrouve la même controverse sur Reddit, où le subreddit consacré à Diablo fourmille de topics tels que “Quelle énorme déception“, qui compte quelque 1100 upvotes. D’autres subreddits sont également concernés, puisque les joueurs du RPG Path of Exile postent des threads spécifiques pour souhaiter la bienvenue aux ex-joueurs de Diablo 3 qui quittent le navire.
Et pourtant, je parie que la plupart d’entre nous y jouerons quand même quand il sortira. Entendons-nous bien : je comprends une partie des critiques. Diablo mérite clairement d’être célébré, et il ne faut pas sous-estimer à quel point le premier Diablo a été novateur il y a 20 ans. Il se jouait en temps réel, à une époque où la plupart des RPG misaient sur du tour-par-tour, façon Donjons & Dragons, et ses niveaux aléatoires lui garantissaient une rejouabilité inédite.
En mars dernier, David Brevik, le créateur de Diablo, avait posté le laïus original de 8 pages rédigé en 1994, dans lequel on pouvait notamment lire sa volonté de “revigorer” le gaming à une époque où de nombreux développeurs remplaçaient “le gameplay par un déluge multimédia”.