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Musique

[Premiere] RONE "Sing Song” réalisé par Liliwood et Paulynka

Avec ce nouveau clip, Rone nous replonge dans ses contes spatiaux.

Il y a deux ans, nous avions rencontré Rone à l’occasion de la sortie du clip Bye Bye Macadam, réalisé en collaboration avec Dimitri Stankowicz. Une fresque chamanique comme une sorte de voyage dans les étoiles porté par l’entêtante musique d’un des titres phare du génial Tohu Bohu. Aujourd’hui, à l’occasion de la sortie du nouvel album de Rone, Creatures, on a la chance de pouvoir vous présenter Sing Song, le premier clip d’une longue série qui mettra peu à peu des images sur autant de rythmes hypnotisants.

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Réalisé par Paulynka sur la base des illustrations de Liliwood, Sing Song nous invite à se replonger dans l’espace onirique de Bye Bye Macadam, mais en y apportant les couleurs et les créatures qui peuplent les morceaux de ce nouvel opus. Et si par plusieurs clins-d’oeil les deux clips se ressemblent, c’est simplement parce que rien ne semble égaler l’infini du cosmos et toutes les histoires qui s’y trament pour s’abandonner aux mélodies planantes que Rone y distille.

Au fil des 4 minutes de ce petit bijou d’animation, on suit un Rone à la fois gigantesque et minuscule. Géant parmi les créatures qui le suivent – sorte de fantômes gentils et pourtant un peu inquiétants –  et cependant tout petit, perdu qu’il est dans le vide sidéral. Dans cet univers, tout semble vouloir jouer de sa dualité. Du coup, pour mieux comprendre ce qu’il s’y passe, Enora Pellerin du label InFine a interviewé Liliwood et Paulynka, les deux créatrices de cet intriguant Sing Song. 

Le teaser de l’album est très représentatif de son titre Creatures. Nous sommes tous animés par nos petits monstres intérieurs, que représentent-ils pour Rone selon vous ?
Liliwood : Pour Erwan – Rone,  les créatures représentent tous ces petits sons, morceaux qui sortent de ses machines, qui lui échappent. C'est cette idée que j'ai tenté de représenter avec ces petits monstres. Des petits êtres mystérieux, on ne sait pas d'où ils viennent ni où ils vont, c'est plutôt une rencontre curieuse.
Paulynka : Il y a aussi probablement une part de psychologie là dedans. Chaque artiste lègue une part de lui même dans ses créations. Le public s’en imprègne et donne souvent un sens et une vision plus personnelle à ce qu’il voit ou écoute.

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Nous avons souvent tendance à voir les choses blanches ou noires, comme si il n’y avait pas de juste milieu. As-tu choisi de réaliser des illustrations en noir et blanc pour accentuer ces extrêmes ou cela a été avant tout un choix plastique, graphique ?
L : Les monstres blancs ou noirs ne représentent pas le bien d'un autre côté le mal. Ses petits monstres ne sont ni bon ni mauvais, un peu comme dans la nature, les choses ne sont pas bonnes ni mauvaises, elles peuvent nous effrayer, nous apaiser nous apporter toutes sortes d'émotions, mais ce n'est pas intentionné. Ils se sont retrouvés noirs et blancs de par un hasard graphique.

Comme dans Max et les Maximonstres, les créatures sont ici plus attachantes qu’effrayantes et le personnage de Rone m’a instinctivement fait penser au Petit Prince. Quelles ont été tes influences, inspirations pour la conception de ce artwork ? 
L : Un personnage qui partirait dans un monde imaginaire. Oui le Petit Prince, Alice, Little Némo, tous ces personnages ont dû nous influencer. Parfois on peut tomber sur certaines images qui racontent quelque chose mais rien de figé. On peut imaginer des tonnes de possibilités. On peut la regarder longtemps en s'inventant toutes sortent d'histoires. C'est comme ça que je travaille généralement, inventer des images avec trois petits points au bout. Du coup, c'est également comme ça qu'est apparu l'univers graphique de Creatures, Rone se retrouverait dans un monde où vivrait toutes sortent de monstres, ils se rencontrent… Ensuite tout est possible.

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Comment en êtes-vous arrivées à collaborer toutes les deux ?
L : C'est Alexandre Cazac, le directeur artistique d’InFiné qui nous a mis en relation. Au moment de la création de l'artwork de Creatures, Erwan et moi cherchions quelqu'un pour animer le teaser. On nous a parlé du travail de Paulynka, qui nous a tout de suite plu. On lui a demandé si elle voulait bien collaborer avec nous pour l'animation et c'était parti !
P : Oui, c’est via deux amis, qui tiennent une boîte de marketing (Digizik) que le lien s’est crée. Alexandre Cazac leur avait annoncé qu’InFiné cherchait un animateur pour le teaser d’un futur album de Rone. J’ai eu la chance de rencontrer Erwan et Aurélie – Liliwood – pour discuter de vive voix du projet lors du workshop InFiné dans les carrières du Normandoux. Une chaleureuse rencontre qui nous a convaincus de travailler ensemble.

Dans votre processus de travail, avez-vous chacune des ‘tâches’ bien définies ou au contraire, préférez-vous travailler en vrai binôme, voire peut-être même faire des illustrations/animations collaboratives ?
L : De mon côté j'ai travaillé sur l'univers graphique pour les visuels de la pochette. Pour le teaser nous avons fait un storyboard avec Erwan que l'on a proposé à Paulynka, elle l'a validé en modifiant quelques détails pour des questions de réalisations techniques. Paulynka fait entièrement l'animation, elle s'est tout de suite appropriée l'univers. Pour la suite, le clip, j'ai proposé l'univers et le décor en partant de l'artwork de l'album, mais c'est Paulynka la réalisatrice moi je la seconde.
P : Comme l’a décrit Aurélie, c’est elle qui développe tout l’univers graphique de l’album. De mon côté, je suis en charge de tout ce qui touche à l’animation. Aurélie me fournis des illustrations, des dessins, des idées dont je m’imprègne le plus possible. Puis en on discute, on essaye d’échanger un maximum pour finalement arriver à un storyboard qui plaît à tous, qui tient la route et surtout, qui est réalisable en animation 2D.

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Comment en vient-on à élaborer une série d’images qui doivent faire écho à un son, un album, un artiste ? 
L : Rone nous a laissé carte blanche, mais c'est tout de même lui qui gère son image donc il faut que ça lui parle, c'est lui qui valide. On a beaucoup discuté en amont tous les deux. Ensuite j'ai essayé de m'imprégner au maximum de son univers. De mon atelier, je l'entends travailler, des mélodies, des arpèges des boucles sonores. Je crois que c'est comme ça que ces petits monstres sont arrivés sur ma table à dessin. C'est un exercice agréable d'essayer de mettre des images sur de la musique.
P : Le son est l’image sont des médias étroitement liés. Ils se répondent. L’écoute d’un son, d’une musique, génère en nous des images, tout comme les images peuvent amener à créer un son, une mélodie. L’un et l’autre ont ce pouvoir de créer des atmosphères, des ambiances dont chacun s’imprègne à sa manière. De plus, lorsqu’un artiste crée, il lègue une part de lui-même, de sa personnalité, de sa vision du monde dans son ?uvre. Ainsi, à la première écoute des musiques d’Erwan, il y avait déjà un univers présent. S’en suit donc un travail de mise à plat de toutes les idées émises, ce qu’on fait Erwan et Aurélie de leur côté. Rone nous a laissé une grande liberté, mais il reste l’artiste principal. Il faut donc rester cohérent à son univers et ses envies. Mais les nouvelles idées et les discussions sont toujours très bien accueillies.

Rone sera en tournée aux Etats-Unis du 23 mai au 7 juin et à l'Olympia le 30 octobre prochain. Son nouvel album Creatures est sorti aujourd'hui.