FYI.

This story is over 5 years old.

Tech

Aucun jeu n'a jamais autant rapproché les gens que Pokemon Go

Ok, il y a eu quelques problèmes anecdotiques. Mais la vérité, c'est que Pokemon Go rassemble plus les gens que le football ou l'ecstasy.

Il est 23h30, et je me balade à côté de la gare centrale d'Amsterdam. J'aperçois un mec sur un vélo, qui fait des gestes reconnaissables entre tous avec son téléphone portable. "Hey mec, tu joues à Pokemon Go ?", je demande. "Yeah man", sourit-il. Méfiant, je lui réponds : "Quelle équipe ?" "Rouge." Je hoche la tête d'un air approbateur. High five. "Il y a un gym là-bas, on va le prendre." "Ok, c'est parti." Après avoir parlé à peine quelques secondes, je grimpe à l'arrière de la moto d'un inconnu - désormais devenu mon frère de Pokemon - et nous partons ensemble dans la nuit.

Publicité

Pokemon Go est déjà énorme. Tout le monde y joue, ce qui n'est pas surprenant puisque si vous êtes comme moi, Pokemon a représenté une bonne partie de votre enfance. Le jeu est sorti il y a quelques jours à peine, mais il a déjà presque autant d'utilisateurs que Twitter, plus de téléchargements que Tinder, et Nintendo a vu son action augmenter de 25% depuis sa sortie.

Malgré cette incroyable popularité, jusqu'ici, les médias parlent surtout des problèmes liés au jeu. Plusieurs départements de police et hôpitaux ont du demander aux joueurs de ne pas venir attraper de Pokemon dans leurs bâtiments, un mec a trouvé un cadavre en jouant au jeu, et d'autres ont utilisé Pokemon Go pour attirer des jeunes dans un traquenard et les braquer à main armée. En fait, tous ces incidents se produisent régulièrement ; mais s'ils n'avaient pas eu de lien avec Pokemon Go, personne n'en aurait parlé.

Et franchement, c'est assez nul de mettre l'accent sur les quelques problèmes que certains ont eu à cause du jeu, parce que Pokemon Go a déjà réussi une véritable prouesse : il rassemble davantage les gens que le football ou l'ecstasy. Partout dans les rues, des gens entrent en contact grâce au jeu. Dans chaque ville et pour chaque équipe, il existe des groupes Facebook dans lesquels les gens communiquent entre eux, se donnent rendez-vous pour aller attraper des Pokemon ensemble, et charrient gaiement l'autre équipe, ce qui crée forcément des liens.

Publicité

Quand quelqu'un finit par vous demander si vous y jouez et que vous répondez "oui", il y a toujours un petit moment de gêne amusée, où chacun sourit bêtement, un peu penaud, comme si vous aviez tous les deux pété au même moment dans un ascenseur.

Quand vous rencontrez quelqu'un qui joue à Pokemon Go, il devient en quelque sorte automatiquement votre ami - sauf, évidemment, s'il appartient à une autre équipe, auquel cas il devient votre pire ennemi. Plus tard cette nuit-là, alors que j'étais toujours sur la moto de mon nouveau pote, on croise un type à vélo. "Pokemon ?" "Oui." "Rouge ?" "Jaune." "On l'emmerde, qu'il aille se faire voir avec son vélo."

Quoi qu'il en soit, il y a un vrai sentiment de fraternité dans les rues. Les joueurs de Pokemon Go partagent une expérience commune, et sont aussi liés par la sorte de honte qu'il y a à être pris pour un débile par tous les gens qui vous entourent quand vous avez l'air soudainement surpris par Google Maps et que vous tentez désespérément de prendre une photo d'un Rattata alors qu'il n'y a concrètement rien devant vous. Même si tout le monde a plus ou moins tendance aujourd'hui à se promener le nez collé à son téléphone, il est assez simple de repérer ceux qui jouent à Pokemon Go. Et quand quelqu'un finit par vous demander si vous êtes en train d'y jouer et que vous répondez "oui", il y a toujours un petit moment de gêne amusée, où chacun sourit bêtement, un peu penaud, comme si vous aviez tous les deux pété au même moment dans un ascenseur.

Ce d'autant que le jeu encourage la coopération. D'abord, il est nettement plus amusant et plus facile de jouer avec un groupe d'amis ou même avec des inconnus que seul dans son coin, mais en plus le jeu ne donne que très peu d'informations sur les endroits où vous pouvez capturer certains Pokemon. Si vous voulez attraper un Salamèche dans votre petit village, vous feriez mieux de collaborer avec les quelques autres joueurs du coin.

"J'ai entendu dire qu'il y avait beaucoup de Bulbizarre rue van Woustraat", me glisse le colocataire d'un ami comme s'il s'agissait d'une information classée Secret Défense. "Et apparemment, il y a un Salamèche dans la carrière du Brabant." À la base, je devais attendre mon pote, mais au final je suis parti en expédition avec son coloc quand on a réalisé qu'on était tous les deux dans la même équipe. On a parlé du Rhinocorne qu'un mec avait chopé dans son jardin, et de l'Élektek qui aurait été découvert près de la station essence. On se connaissait à peine, mais à ce moment-là, on était les meilleurs amis du monde. Depuis, on a créé un groupe sur Facebook et sur Whatsapp, et on va presque tous les jours au gym de la place Rembrandt. Et c'est bien la première fois qu'un truc pareil m'arrive. Prends ça, le foot.