Je bois, je fume et je vous emmerde – le Professeur Choron nous rappelle ses priorités
© Photo de couverture : Arnaud Baumann

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Culture

Je bois, je fume et je vous emmerde – le Professeur Choron nous rappelle ses priorités

Le fondateur de Hara-Kiri revient en librairie pour nous offrir ses réflexions sur les riches, la clope, les écologistes et le sida.

Que n'a-t-on pas dit à propos de Hara-Kiri et de Charlie Hebdo ? Qui a encore besoin de lire la biographie de Willem, Cavanna, ou de Delfeil de Ton ? Comment peut-on ajouter quelque chose de novateur à la littérature titanesque qui s'est penchée sur les deux grands journaux bêtes et méchants français ? À toutes ces questions, je n'ai qu'une simple réponse à apporter : il faut revenir aux textes.

Lire, relire, et lire encore – voilà comment éviter de hurler avec les loups quand ils crient haro sur l'antisémitisme de Siné et la cruauté du Professeur Choron envers ses proches. Dans cette optique-là, il ne faut pas hésiter à se pencher sur Je bois, je fume et je vous emmerde, livre tiré d'un entretien entre Choron et Jean-Christophe Florentin, qui ressort en librairie grâce aux Nouvelles Éditions Wombat. Ce bouquin vaut le coup rien que pour sa propension à faire chier tous les cons de France – ils sont nombreux –, qui s'indignent toujours de la vulgarité de Georges Bernier – le vrai nom du Professeur.

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Après s'être battu en Indochine, Choron a créé dans les années 1960 l'une des revues les plus célèbres du siècle dernier – Hara-Kiri, donc – avant de fonder Charlie Hebdo. Celui à qui l'on doit le « Bal tragique à Colombey – un mort » n'était pas qu'un simple gestionnaire habile avec les banques et les vieilles femmes fortunées. Mort en 2005, le Professeur Choron était avant tout un auteur, un type qui, par l'intermédiaire de l'humour noir et de la grivoiserie, en a dit beaucoup sur les bien-pensants et les puritains du XXe siècle. Pour que vous en ayez le cœur net, on vous file quelques extraits de Je bois, je fume et je vous emmerde, dans lesquels le Professeur Choron évoque notamment le postérieur de Nadine de Rothschild et le devenir de l'écologie politique.

Dessin de Willem

JEAN-CHRISTOPHE FLORENTIN
– Vaut-il mieux fréquenter les riches ou les pauvres ?

PROFESSEUR CHORON
– Il y a moins de risques de se faire piquer son portefeuille en fréquentant les riches. De Gaulle disait : « J'aime mieux travailler avec les riches parce que je suis sûr qu'ils ne me feront pas les poches. » Souvenons-nous de l'arrivée des socialos au pouvoir. Au début, ils n'étaient qu'instituteurs barbus et pauvres de surcroît. Dès qu'ils se sont retrouvés à l'Élysée, ils sont devenus pires que les Pieds Nickelés : ils invitaient tous leurs copains à bouffer du caviar et du foie gras aux frais de la princesse. Ils ont dégueulé sur les tapis d'Aubusson, vidé la cave présidentielle de ses meilleurs crus. Et puis un peu plus tard vint l'affaire des fameuses fausses factures. C'est normal ; ils étaient pauvres et l'argent leur a tourné la tête. Tandis que pour celui qui naît riche, voler le portefeuille d'un pauvre ne l'intéresse pas. D'autant plus qu'il est sûr de ne trouver qu'une carte orange crasseuse et des tickets-restaurant refusés chez Maxim's.

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JEAN-CHRISTOPHE FLORENTIN
Vaut-il mieux dîner avec un riche ou avec un pauvre ?

PROFESSEUR CHORON
– Le riche se comporte plus proprement à table. Je refuserais catégoriquement de dîner en compagnie du clochard du coin à cause des puces qui sautent dans les assiettes. C'est énervant. Et j'oublie d'évoquer les odeurs… Nadine de Rothschild doit sentir meilleur qu'un clodo. Elle doit se parfumer, se laver les fesses et la chatte avec un bon savon. Pas celui des prolétaires qui puent comme les déodorants de chiottes. Bref, il est préférable de passer sa langue sur le petit cul même mal torché de Nadine de Rothschild que sur celui bien lavé d'une femme du peuple !

Vive la raie des fesses de Nadine de Rothschild, à bas celle de ma concierge !


JEAN-CHRISTOPHE FLORENTIN
Professeur Choron, vous sentez-vous interpellé par le combat écologiste ?

PROFESSEUR CHORON
– Je hais les écologistes et leurs sales gueules de faux jetons verdâtres. Ils ont la tronche de Monsieur Propre sur des bouteilles de lave-vaisselle. Je les méprise parce qu'ils usent le tapis avec la sauce qu'on a renversée dessus.

Faut-il construire un barrage sur Loire ? Merde ! La Loire, qu'on la bétonne et qu'on en fasse une piste pour ducons à roulettes. D'ailleurs, il y a longtemps qu'il n'y a plus de poissons dans la Loire ou alors ils sont imbouffables, malades de la chtouille. Dans ces conditions, qu'avons-nous à foutre des ruisseaux, des rivières et des fleuves ? Faut bétonner tout ça ! Le seul et vrai problème écologique, c'est la surpopulation humaine. Trop d'asticots dévorent et chient dans le fromage Terre et celui-ci commence à ressembler à une casquette. Que pouvez-vous faire contre cet état de fait, bande de militants écolos verdâtres ? Eh bien, il faut vider la planète. Réduire la population humaine à un milliard d'individus au lieu de six, soit par la castration, soit par la guerre chimique.

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Au lieu de ça, les mâles et les femelles forniquent à tout va. Un vrai bain de foutre ! Un vrai bain de spermatos qui deviendront grands et qui boufferont la Terre comme des doryphores le champ de patates. La castration, laïque, gratuite et obligatoire. Voilà le but du prochain combat vraiment écolo.

Ça pourrait commencer dans les écoles. Les instituteurs poseraient une petite ficelle bien serrée autour du sac à couillettes des petits garçons en leur disant : « Quand elles seront sèches et tombées dans le fond de ton slip, tu les mettras sous l'oreiller et la petite souris t'apportera une pièce de cent sous ! »

Le coup de la ficelle autour des couillettes est déjà une pratique de paysans pour châtrer les lapins. Aucun bobo et succès garanti.


Tous droits réservés.
(c) Jean-Christophe Florentin, 1992 / Nouvelles Éditions Wombat, 2016, pour la présente édition.

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