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L’État de New York veut taxer l’art qui fait bander le monde

Suite à une décision à 4 contre 3, le Nite Moves se voit désormais dans l’obligation de payer 125 000 dollars de taxes sur ses billets d’entrée et ses lapdances.

Une danseuse du Nite Moves ; photo : John Figlesthaler

Le jugement des fadas de bites molles de la Cour suprême de l’État de New York est tombé, il y a une dizaine de jours, concernant le Nite Moves, un strip-club en périphérie d’Albany. Depuis quelque temps déjà, ce strip-club était dans le collimateur du percepteur des impôts, qui ne voyait pas le côté « artistique ou musical » des performances qui s’y jouaient quotidiennement. Suite à une décision à 4 contre 3, le Nite Moves se voit désormais dans l’obligation de payer 125 000 dollars de taxes sur ses billets d’entrée et ses lapdances. Quelques jours auparavant, je m’étais rendu au Nite Moves et pour moi, il n’y avait aucune ambiguïté : ces filles étaient de vraies artistes et de véritables athlètes. Malheureusement, les juges ne m'ont pas demandé mon avis. Après que la décision a été rendue, j'ai voulu savoir comment Stephen Dick Jr, le patron du club, prenait la nouvelle.

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VICE : Hey Stephen ! Ça me dégoûte que votre club se soit fait descendre en flèche par le jugement de la Cour suprême de l’État de New York. Je me demande si un juge y a au moins mis les pieds.
Je ne pense pas. Aucun n'a dit l'avoir fait, en tout cas. J'ai cru reconnaître quelques visages familiers parmi les membres du jury, mais je ne suis pas sûr.

D'accord. Quelles raisons les trois juges qui t'ont défendu ont-ils invoquées ?
Je crois qu'ils ont fait appel au 1er et au 14e amendement, la clause de protection égale.

Quel impact la nouvelle a eu sur vos employées ? Vos danseuses sont en colère ?
Au début, ça les rendait nerveuses. Elles demandaient : « En quoi on est concernées ? » Et je répondais : « Ça ne vous affecte pas, ne vous inquiétez pas. » Ça ne concerne que moi, et seulement si j’épuise tous les recours en appel. Ça ne changera rien à la façon dont on gère le club. On avait vu le truc venir depuis deux ans, on était préparés. Donc le pire scénario envisageable pour nous, c’est d’avoir un profit nul le temps qu’on paie tout ça.

Vous comptez faire quoi ? Amener l'affaire devant la cour fédérale ?
On y réfléchit avec nos avocats – à la prochaine étape. Ça ne va pas être facile d'amener ça devant la cour fédérale, puisque la Cour d'appel de l’État de New York a déjà statué sur l'affaire. Il y a une loi qui empêche les cours fédérales d’intervenir dans les affaires relatives aux taxes dont les sociétés doivent s’acquitter, du coup on va essayer de trouver un moyen de leur faire comprendre qu'il s'agit plus d'une affaire de protection égale que d'un problème d’imposition. Et évidemment, on a plus de chances de se faire entendre par la Cour Suprême – mais ça risque de prendre un bon bout de temps.

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C’est quoi les démarches ?
Cette semaine, on va faire déposer un dossier. Ça va nous coûter cher. Rien que pour les photocopies des documents nécessaires pour le dossier, on en a pour plus de 3 000 $.

Encore un bon moyen de vous plumer.
Ils ne nous facilitent pas la tâche, c’est sûr. C’est pour ça que les gens laissent tomber, d’ailleurs.

Qu'est-ce que vous pensez du fait qu’ils se donnent le droit de dire ce qui est de l'art et ce qui n'en est pas ?
Si on pousse leur réflexion plus loin, dans le futur, les concerts de musique classique seront exemptés de taxes, alors que les concerts de rock et de rap devront raquer, et les musiciens descendront dans la rue. Les cinémas se révolteraient si on commençait à interdire les films gores au profit des films primés dans les festivals. Mais pour certaines personnes, c’est OK qu’on exonère certains types de danse et qu'on en taxe d'autres en se basant seulement sur le contenu de la performance. Ce qu'ils ne voient pas, c'est qu'en acceptant de limiter une forme d'expression, il n’y a rien qui empêche d’en limiter d’autres.

C’est terrifiant. C’est comme si on assimilait votre travail à de la sous-culture.
On est vraiment traités comme des citoyens de seconde classe, et on n'a aucun des droits qui sont conférés aux autres formes de danse à travers l’État, c'est le point de vue dissident qu'a exprimé le juge Smith. On n'a pas le droit d'imposer un club sur la valeur de son spectacle. Le point de vue personnel des gens n’a aucune importance. C'est comme si on faisait payer plus de taxes à Hustler qu'au New York Magazine. Dans notre pays, ça a été énoncé très clairement il y a des centaines d'années.

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Vous êtes donc un simple entrepreneur, et les filles sont des artistes qui veulent juste gagner leur vie. Ça n'a aucun rapport avec le fait que leur art fasse bander les gens.
Le fait qu'il y ait de la nudité dans nos spectacles, ça ne change rien à la constatation suivante : c’est de la danse. De petites scènes de Broadway utilisent la nudité, et pourtant ça ne les rend pas plus imposable. Il y a aussi tous ces spectacles de danse moderne minimalistes, où les corps bougent à peine, et pourtant on appelle ça de la danse ; et les performances de mon club n’auraient pas le droit de s’appeler comme ça ?

Ouais, j'espère que votre affaire va attirer l'attention du public sur le sujet, et que ça servira de catalyseur au changement, pour qu'on n'ait plus à faire face à ce genre de discriminations dans le futur.
Je vais faire tout ce qui est en mon possible pour défendre nos droits. J'espère juste que je vais donner envie à d'autres de faire la même chose. Si on ne se bat pas pour nos droits, ils vont s’amenuiser petit à petit.

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