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Sur Internet, les psychonautes testent toutes les drogues que vous ne voulez pas tester

Si vous êtes la recherche d’un nouveau hobby et que prendre de nouvelles drogues de synthèse avant quiconque dans le monde vous tente, pourquoi ne pas devenir un psychonaute ?

JWH-018, une poudre de cannabinoïde de synthèse. Photo via

Si vous êtes la recherche d’un nouveau hobby et que prendre de nouvelles drogues de synthèse avant quiconque dans le monde vous tente, pourquoi ne pas devenir un psychonaute ? Engagez-vous et vous pourrez vous défoncer avec des drogues qui ne sont même pas encore réglementées. Ce qui semble plutôt stupide et très dangereux, mais au moins vous n’irez pas en prison parce que vous faites ça au nom de la recherche.

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Les psychonautes sont plus ou moins divisés en deux camps. Une partie d’entre eux affirment qu’ils testent ces produits chimiques dans le but de documenter leurs effets et d’évaluer si leur usage est sans danger. Les autres (la majorité) revendiquent qu’être psychonaute équivaut à explorer les frontières de l’esprit.

Parmi les designer drugs, on trouve la 25I-NBOMe, la JWH-018 ou la dimethocaine. Même si elles peuvent être marrantes, ces substances sont beaucoup plus dangereuses que ce qu’elles remplacent – respectivement le LSD, l’herbe et la coke. Le substitut du LSD, le 25I-NBOMe, se mesure en microgrammes, rendant les dosages à l’œil nu impossibles, ce qui a engendré cinq décès l’année dernière.

Malgré les risques, un tas de consommateurs responsables (tout est relatif) clament sur le site Erowid que les nouveaux produits chimiques disponibles sont fun, tant que vous n’en abusez pas. Je suis rentré en contact avec quelques psychonautes grâce à Erowid et leur ai demandé pourquoi ils ont choisi d’être des cobayes, tout ça dans le but d’informer des individus désireux d’acheter de la poudre étrange sur Internet.

Une petite quantité de poudre JWH-018, aux airs un peu moins diaboliques. Photo via

VICE : Qu’est-ce qui vous donne envie de tester toutes ces nouvelles substances inconnues ?
Hammilton : J’aime l’idée que les composés que je teste soient complètement nouveaux  – qu’aucun humain ne les ait testés avant. La dimethocaine n’est pas une bonne drogue, vraiment pas… c’est OK, au mieux. Mais je l’ai toujours un peu considérée comme mon bébé, parce que ça a été mon tout premier travail, l’obtenir et la tester, puis en parler en ligne, ce qui a eu pour effet de la démocratiser. Aujourd’hui, on peut en trouver auprès de tous les vendeurs de drogues de synthèse. Même si la plupart du temps, c’est de la xylocaïne avec de la caféine ajoutée qu’ils vendent comme de la dimethocaine.

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C’est tout ce que vous faites ?
Ouais. Mais je me sens un peu responsable de ne pas avoir examiné, à l’époque, les dérivés moins toxiques. Parce que maintenant, à la place de la dimethocaine-para-desamino, probablement moins toxique, c’est le composé potentiellement plus dangereux qui est en vente. J’ai appris récemment que l’analogue du desamino est moins actif comme stimulant, cependant, donc je m’avance peut-être un peu.

Si vous le dites. Est-ce que vous avez déjà eu de mauvaises expériences en testant ces drogues ?
J’ai eu une terrible expérience avec des cannabinoïdes de synthèse. Avant qu’on sache que le JWH-018 était le composé vendu sous le nom de spice – et avant qu’il ne devienne populaire –, j’ai obtenu du JWH-018 pour le comparer au spice. Je n’étais pas vraiment sûr de ce que devait être une dose à l’époque, mais ce qui est certain en revanche, c’est que j’en ai pris trop. J’ai fait une grosse crise de panique.

OK. Merci Hammilton.

Un buvard de 25I-NBOMe. Photo via

Salut Greg. C’est quoi un psychonaute ?
Greg : Ceux qui participent à la pensée concernant la pensée elle-même. Même si on peut être un psychonaute sans enthéogènes [toute substance qui entraîne une expérience spirituelle], je dirais que c'est comparable à quelqu’un qui se considérerait comme un artiste alors qu’il ne peint qu’un seul sujet. Le psychonautisme est très lié aux perspectives spirituelles.

OK, ça paraît intense. Pourquoi vous prenez toutes ces drogues ?
Je pensais, lorsque j'en ai pris pour la première fois, que leurs effets seraient très similaires aux états bizarres dans lesquels mon esprit peut se trouver quand je suis privé de sommeil, dans un état de méditation profonde ou très inspiré par mon art. Cependant, ma première expérience avec des enthéogènes – la psilocybine – a détrompé toutes mes attentes. J’ai compris que ces substances ne devaient pas être prises à la légère.

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Quelle est votre drogue de prédilection ?
J’aime bien la DMT parce que quand j’en prends, je suis complètement ailleurs pendant 15 minutes. Du coup je peux passer le reste de la journée à contempler ces 15 minutes. Alors que les enthéogènes dont les effets sont plus longs ont souvent eu tendance à me fatiguer et à me faire abandonner l’expérience.

Est-ce que vous consommiez des drogues illégales avant de devenir un psychonaute ?
J’ai toujours été fasciné par la psychologie, et quand je suis entré en contact avec la marijuana – après quelques années d’usage récréatif avec mes amis –, j’ai commencé à l’utiliser pour l’exploration spirituelle en association avec la musique. Par la suite, chacune de mes expériences avec d’autres substances s’est faite dans le cadre du psychonautisme.

Donc vous pensez qu’être un psychonaute est un mode de vie ? Ça ne se résume pas seulement à faire partie d’un groupe de cobayes qui testent de nouvelles drogues ?
Je pense qu’une minorité de psychonautes étudie réellement les effets que ces nouvelles drogues ont sur le cerveau. La majorité se se contente d’utiliser les drogues historiques – ayahuasca, psilocybin, mescaline, LSD – comme moyen pour vivre des révélations spirituelles,  interpersonnelles et psychologiques.

Wow, OK. Merci Greg. 

Jack tient un sachet contenant de l’Etizolam, de l’Adderall, du 25C-nBome, du 2c-T-2 et du 2-HO-DiPT, ainsi qu’un des chefs-d’œuvre de Shulgin.

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Salut Jack. Comment tu définirais un psychonaute ?
Jack : C’est un peu flou. D’une certaine manière, un psychonaute peut se définir comme une personne qui apprécie les expériences psychédéliques plus que la moyenne – quelqu’un qui n’utilise pas les drogues juste pour se défoncer, mais dans un but spirituel. Mais, je ne connais personne qui n’est pas dans l’usage récréatif, donc la frontière est floue entre un psychonaute et un usager.

Donc  tu es psychonaute ou psychonon ? Pourquoi est-ce que tu prends des designers drugs ?
Elles sont faciles à obtenir, peu onéreuses, assurément de bonne qualité – du moins, de meilleure qualité que les acides ou l’ecstasy qu’on trouve dans la rue, et semi-légales.

Tu peux me citer quelques-unes de tes drogues préférées ?
Bien sûr : la 4-aco-dmt est très similaire aux champis et vraiment appréciable. La Dpt est profonde et sombre, la bk-mdma ou la 6-apb sont similaires à l’ecstasy, la 2c-c est peu profonde mais marrante, alors que la 2c-t-2 et la 2c-t-4 sont très épanouissantes.

Est-ce que tu t’inquiètes des dangers ?
Pas vraiment. Quand il s’agit de drogues que je n’ai jamais testées, je prends des doses « microgrammées » et les gens parlent rapidement des effets néfastes donc tu te retrouves vite au courant des drogues à éviter.

Est-ce que tu penses qu’être un psychonaute est un mode de vie ?
Ce n’est pas vraiment un mode de vie, non. J’aime prendre des drogues, mais la majorité de mes amis n’aiment pas. Je suppose que ça dépend d’où tu vis et de qui sont tes potes.

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