Après les déclarations du député Peter Kent voulant que la marijuana soit aussi mortelle que le fentanyl et le poème anti-cannabis ridicule de la députée Marilyn Gladu, le chef du parti, Andrew Sheer, a été accusé d’encourager son caucus à utiliser tous les outils démocratiques possibles pour bloquer le projet de loi. D’ailleurs, le 22 mars dernier, les sénateurs conservateurs ont tenté de faire échouer le projet de loi C-45, une action qui a suscité une certaine nervosité au Parlement.
Fait intéressant, en juin 2017, le député conservateur Scott Reid a été le seul membre du Parti conservateur à voter en faveur du projet de loi C-45. Réformateur populiste et défenseur de longue date de la légalisation, il a beaucoup écrit sur le sujet, invitant à adopter une approche pragmatique de la légalisation.
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« Il n’existe aucune preuve que les drogues illégales, en général, entraînent des comportements pires que ceux provoqués par les médicaments psychotropes légaux », a-t-il écrit dans un article de 2001 pour Policy Options. « La nicotine est au moins aussi addictive que l’héroïne, tandis que la marijuana ne semble provoquer absolument aucune dépendance chimique. »
La position audacieuse de M. Reid en a surpris plus d’un, car dans la plateforme conservatrice, on a depuis longtemps déclaré « la guerre aux drogues », un argument pivot du gouvernement Harper à l’époque. Le Maclean’s rapportait en 2013 que, lorsque les conservateurs élus en 2006 ont mis un frein au plan du précédent gouvernement libéral visant à réduire les amendes liées à la marijuana en 2006, les arrestations pour possession de cannabis ont grimpé de 41 %.
Avec M. Reid en tête, il semble exister une sous-culture méconnue constituée de conservateurs partageant un point de vue qui remonte en fait à plusieurs décennies. Par exemple, l’ancien premier ministre Joe Clark a fermement défendu la décriminalisation de la marijuana. On voit aujourd’hui Doug Ford, aspirant premier ministre de l’Ontario et ancien revendeur de haschisch, œuvrer à la privatisation de la vente de cannabis dans la province. Puis, il y a l’ancien candidat à la chefferie du parti conservateur et homme d’affaires Kevin O’Leary qui a déclaré, lors d’une entrevue avec le Globe and Mail que « ce sera une bonne chose pour les affaires. Et ce sera également une bonne chose pour les revenus du gouvernement. » Et n’oublions pas le célèbre « prince du pot », Mark Emery, qui est sans aucun doute l’un des plus ardents défenseurs de la légalisation.
Mentionnons également le Canadian Conservatives for Legal Marijuana (CCFLM) (« conservateurs canadiens pour la légalisation de la marijuana »), un groupe menant la charge pour le soutien de la légalisation au sein de leur parti.
Le représentant Tyler James, qui a travaillé dans un dispensaire médical et été témoin des avantages du cannabis dans le traitement de la dépendance aux opioïdes, affirme que les opinions contre la légalisation ne sont pas cohérentes avec les positions fondamentales des conservateurs. C’est selon lui la raison pour laquelle la majorité des Canadiens ne sont pas au courant du sous-groupe de conservateurs pro-légalisation, le parti n’étant généralement pas synonyme de réforme progressiste des lois en matière de drogues. La vision a toujours été centrée autour de l’idée que le cannabis est bien pire que les substances addictives légales, comme l’alcool et le tabac.
« Les données ont montré que l’interdiction du cannabis a plutôt favorisé la prolifération du marché noir, dit-il, entraînant du même coup un énorme gaspillage de l’argent des contribuables et des ressources gouvernementales. »
Toutefois, la chose sur laquelle les conservateurs semblent s’entendre, explique-t-il, c’est que le secteur public devra s’abstenir de contrôler la distribution une fois que l’interdiction sera levée.
« Il faudra travailler plus étroitement avec le secteur privé pour absorber les coûts et adopter des modèles éprouvés qui généreront plus de revenus pour le pays, dit James. Il y a plusieurs domaines dans lesquels la légalisation n’aurait pas dû accabler les contribuables et le gouvernement autant qu’il l’a fait. »
Bien que James convienne que la décision du premier ministre Trudeau est un pas dans la bonne direction, il croit qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, comme accélérer l’inclusion de microlicences et l’ajout de produits comestibles et de concentrés sur le marché. Malgré tout, il est très optimiste en ce qui a trait à notre avenir avec la marijuana.
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« Si, au fil du temps, il y a moins d’implication gouvernementale et un assouplissement de certaines règles, nous deviendrons un leader mondial de l’innovation en matière de cannabis au bénéfice des consommateurs médicaux et récréatifs, ainsi que du côté des avantages économiques aux échelles micromunicipales et macro-nationales. »
Et maintenant, que nous réserve le CCFLM? Eh bien, James affirme qu’il planifie une rencontre avec Doug Ford pour proposer des politiques sur le cannabis afin d’éliminer le marché noir et générer plus de revenus pour les provinces. Il croit que ce dont la nation a besoin pour progresser, c’est d’un modèle mixte de dispensaires publics et privés.