Cet article est extrait du numéro du Sceptre et de la Couronne
Brian Ward est obsédé par les aspects les plus sombres de l’âme humaine : le macabre, l’inexplicable, le sordide. La vie de ce surveillant pénitentiaire de 42 ans est dédiée au crime, sous toutes ses formes. Le jour, il a pour mission de surveiller des détenus, mais la nuit, son esprit est entièrement tourné vers les serial-killers, braqueurs de banque et autres anciens boss de la pègre. C’est de cette fascination qu’est née la Dark History Convention, qui se tient à Champaign, dans l’Illinois.
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En septembre dernier, je me suis rendu à la deuxième édition de cette réunion annuelle qui rassemble les passionnés du crime du pays. J’y ai eu vent de nombreux récits morbides, entre assassinats de masse, fusillades et kidnappings.
« Je suis surtout un passionné d’histoire, m’a précisé Ward. S’intéresser au passé permet de ne pas répéter les mêmes erreurs. Jim Jones, le pasteur responsable de la mort de 900 personnes dans les années 1970, David Koresh le fondateur de la secte des Davidiens dans les années 1990, etc. Tout cela aurait pu être évité. »
La Dark History Con est une évocation de l’Amérique vue à travers les nombreux crimes horribles qu’elle a accueillis et les parias qui les ont perpétrés. Aujourd’hui, ces individus fascinent tout un tas de personnes, de la même manière que les héros Marvel fascinent les participants au Comic-Con. Post-adolescents hilares à l’idée de porter des uniformes nazis ou simples lycéennes obsédées par l’idée de meurtre, les membres de la Dark History Con ont tous un point commun : un intérêt pour les aspects les plus sombres de l’histoire.
D’où cette question : quels mécanismes sont à l’œuvre derrière cette passion ?
« Les gens ont toujours été intéressés par ces récits », m’a expliqué Stephen J. Giannangelo, professeur à l’université de Springfield dans l’Illinois, qui vient de publier un livre sur le thème des tueurs en série. « Les exploits de Bonnie et Clyde ou de Dillinger étaient aussi populaires à l’époque que les crimes de masse d’aujourd’hui. Les vieux films en noir et blanc à la Psychose ont eu un succès retentissant. Quand Charles Manson a fait la une de Rolling Stone, ses crimes étaient vus comme terrifiants. Aujourd’hui, ils seraient banals. »
Scott Bonn, auteur d’un livre sur la fascination de la population pour les tueurs en série, est persuadé que cet attrait résulte d’un « shot d’adrénaline », ou de cette volonté d’être « très proche du brasier sans pour autant se brûler. C’est également une catharsis, une purification de nos instincts les plus noirs. »
Car de fait, ce feu destructeur n’est jamais loin. Peut-être étions-nous juste heureux d’être là, à la Dark History Con, et pas derrière les barreaux pour des crimes que nous aurions pu commettre, un jour ou un autre.
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