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« Cela nous concerne tous » : le monde entier rend hommage à Orlando

Jacob Gal éclate en sanglots en nous racontant comment il a appris la nouvelle qu’un homme avait ouvert le feu sur une boîte de nuit LGBT d’Orlando. Lui et des centaines d’autres personnes se sont réunies dans le parc Barbara Hall, au cœur du quartier LGBT de Toronto, pour une veillée en hommage aux victimes de la fusillade la plus meurtrière des États-Unis, qui a fait 50 morts et plus de 50 blessés.

« C’est arrivé loin d’ici, mais cela nous concerne tous », dit Gal, l’un des organisateurs de la York Pride Fest, à Toronto. « On a été frappés ici chez nous. »

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Partout dans le monde, la communauté LGBT s’est rassemblée dimanche et lundi pour exprimer sa solidarité avec les victimes du massacre.

Dans la nuit de dimanche, des dizaines de veillées spontanées ont été organisées dans des villes des États-Unis, y compris à Newtown, dans l’état du Connecticut, théâtre d’une fusillade meurtrière dans une école primaire en 2012. Au Stonewall Inn, à New York City — symbole de la lutte pour les droits LGBT — une veillée en hommage aux victimes s’est transformée en procession qui s’est dirigée vers Union Square.

À Paris, une centaine de personnes — arborant les couleurs de l’arc-en-ciel et le drapeau américain, et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Proud » et « To Orlando, we have love » — se sont réunies Place Igor Stravinsky pour allumer des bougies à la mémoire des victimes. Lundi, les Londoniens se rassembleront dans les rues de Soho pour leur propre hommage aux victimes.

La page Facebook du groupe London Stands with Orlando [Londres Debout avec Orlando] a invité le public à faire des dons au groupe de défense des droits LGBT Equality Florida.

Lundi soir, près de 400 personnes se sont rassemblées à Sydney, en Australie, pour une veillée, alors que le Sydney Harbour Bridge — le pont qui traverse le port — était illuminé aux couleurs de l’arc-en-ciel. « Quand on va dans un lieu comme un club gay, on s’attend à ce que soit l’un des endroits où l’on se sent en sécurité et soutenus », explique une habitante de Sydney.

La tragédie d’Orlando est un triste rappel de la discrimination et des violences auxquelles les membres de la communauté LGBT sont confrontés aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

La veillée à Toronto vient quelques semaines après le lancement du premier Pride Month [Mois de la Fierté], qui culminera en juillet avec un grand défilé « Pride » — l’un des plus grands évènements LGBT au monde.

« Quelqu’un m’a demandé, “Pourquoi la Pride ?” » a dit Kathleen Wynne, la première femme Première Ministre de l’Ontario et première personne ouvertement homosexuelle à occuper ce poste. « Parce qu’Orlando.”

« Ce qui est arrivé à Orlando nous est arrivé à nous tous », a dit Wynne. De nombreux élus municipaux et fédéraux ont parlé durant le rassemblement, ainsi que des militants de la communauté LGBT musulmane. Les organisateurs de Pride Month ont dit qu’ils renforceraient la sécurité et qu’ils mobiliseraient plus de policiers pendant les événements du festival.

« Hier soir a été un moment de haine », a dit l’un des organisateurs à la foule. Un intervenant a ensuite lu les premiers vers du Coran en arabe. « Ce soir, nous devons dire que nous ne cédons pas à la haine ni à la peur. »

La conseillère municipale Kristin Wong-Tam a profité de l’occasion pour présenter au public Farrah Khan, sa « fiancée musulmane homosexuelle ».

« Lorsque les gens détestent les homosexuels, c’est nous qu’ils détestent. Lorsque les gens détestent les musulmans, c’est nous qu’ils détestent », a-t-elle ajouté. « Nous ne serons jamais silencieux ni réduits au silence. »

Khan, une figure connue de la lutte contre les violences sexuelles à Toronto, a dit à VICE News qu’il était important qu’aujourd’hui, après la tragédie d’Orlando, les musulmans homosexuels sortent de l’ombre. « Nous vivons dans la peur depuis si longtemps… Les musulmans homosexuels existent et nous ferons partie de notre communauté », a-t-elle dit. « Il faut que chacun combatte l’Islamophobie — que [l’attaquant] ne définisse pas notre communauté. »

Une fois la foule dispersée, deux jeunes femmes, Sophie et Kristina, se sont retrouvées assises sur un muret en se tenant la main. À leurs pieds, un drapeau arc-en-ciel et deux bougies.

« On est ici pour tous nos amis qui ont eu peur de venir ici parce qu’ils pensaient que ce serait trop dangereux », explique Sophie. « Tout le monde a peur de ce qui pourrait se passer, parce que cela pourrait arriver ici ou n’importe où, à n’importe quel moment. On ne sait jamais. »

« On a fait beaucoup d’efforts pour en arriver ici, et on ne peut pas céder à la peur, parce que ça voudrait dire qu’on a perdu. »


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