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Cette année, la réalite virtuelle est au programme du Festival de Sundance

La présence de la réalité virtuelle au Festival du film de Sundance reflète l’histoire de la réalité virtuelle en général. Il y a quelques années à peine, l’engouement pour cette technologie était à peine perceptible. Aujourd’hui, pas moins de 30 expositions y sont dédiées, et elles reçoivent autant d’attention que les films en tête d’affiche. Sachant que le film le plus attendu de l’année mettra en scène Daniel Radcliffe jouant le rôle d’un cadavre pétomane, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose.

Des merveilles visuelles attendent les festivaliers qui oseront enfiler un casque Oculus Rift. Le Projet Léviathan, en particulier, devrait en ravir plus d’un : il combinera réalité augmentée et réalité virtuelle pour incarner la série Léviathan de Scott Westerfeld. Produit d’une collaboration de trois ans entre le 5D Gobal Studio d’Alex McDowell, du World Building Media Lab de l’Université de Californie du sud, et de Unity, le projet a de quoi nous mettre l’eau à la bouche. Les romans de Westerfeld mettent en scène une réalité alternative où une relation tumultueuse entre Charles Darwin et Mary Shelley a conduit à l’affrontement entre des défenseurs de la machine à vapeur et des darwinistes convaincus qui utilisent des animaux hybrides comme armes de guerre, le tout sur fond de Première Guerre Mondiale.

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Le directeur artistique Alex McDowell et le concepteur-réalisateur Bradley Newman n’exigent pas des visiteurs qu’ils réussissent à saisir toutes les subtilités de l’histoire de Westerfeld. Au lieu de ça, ceux-ci seront invités à participer à une expérience esthétique immersive où ils pourront le chevaucher le Léviathan, un cachalot volant servant d’aéronef et se faufilant entre les nuages lors d’un voyage de Londres à Moscou.

C’est là que les choses deviennent intéressantes. Grâce à des gants équipés de détecteurs de mouvement, les visiteurs peuvent interagir avec les objets du laboratoire embarqué sur le Léviathan. Ils correspondent, dans le monde réel, à d’autres objets peints en vert pour être identifiés facilement. Les visiteurs peuvent également trinquer avec l’équipe de scientifiques représentés en réalité virtuelle ; ceux-ci sont aux commandes du vaisseau-cachalot et offrent des conseils utiles à qui souhaite concevoir sa propre créature hybride.

McDowell, qui fut entre autres le directeur artistique de Fight Club et Minority Report, voit ici un moyen de faire évoluer l’espace narratif traditionnel en faisant intervenir les spectateurs dans l’univers qui leur est présenté, comme s’ils en faisaient partie. L’expérience émotionnelle s’en trouve renforcée. « Le temps de la narration fixe et invariable est révolu ; désormais, elle sera déterminée en partie par les actions des participants, » explique McDowell.

Le Projet Léviathan présenté au Sundance comportera également un volet en réalité augmentée, qui permettra aux visiteurs munis d’une tablette de regarder le Léviathan onduler majestueusement à travers la salle et flotter au-dessus des têtes. En utilisant leur tablette, toujours, ils pourront jouer avec les créatures médusoïdes, les Huxleys, que le Léviathan expulse par son évent.

Mais est-ce un film ? Pas vraiment. Rien de ce qui est conçu pour la réalité virtuelle ne ressemble aux films tels qu’on les connaît. Pourtant, le Projet Léviathan n’appartient pas davantage au jeu vidéo. Tant qu’aucun nouveau genre artistique ne sera défini comme tel, comme les autres, nous nous contenterons de décrire le projet grâce au terme ambigu d’ « expérience. »

Ce qui est sûr, c’est que l’expérience va dans la bonne direction.