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La photographe Mayli Sterkendries (27 ans) nous partage les photos iodées de son projet « Vesche Vis » – qui signifie poisson frais en dialecte ostendais. C’est dans sa ville natale d’Ostende que Mayli est partie à la rencontre d’un groupe de pêcheurs qui l’ont laissée monter à bord le temps d’une journée de pêche.
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Alors que l’on rapporte que l’humeur est soucieuse sur le port d’Ostende, du à l’annonce du Brexit et de la potentielle augmentation de la concurrence, ces photos argentiques et colorées nous offrent le portrait d’une communauté soudée, différente de l’image du pêcheur solitaire projetée par l’imaginaire collectif.
C’est à l’aube que ces hommes se lèvent afin de pouvoir approvisionner le célèbre marché aux poissons de la ville, qui ne ferme que deux jours par an. En raison du déclin de la flotte belge, le prix du poisson baisse et par conséquent, les revenues des pêcheurs sont parfois très maigres. C’est sur le bateau familial Broodwinner, le tout premier bateau école pour pêcheurs belges, que Mayli Sterkendries a embarqué. La photographe nous en dit plus sur ce monde peu connu.
VICE : Salut Mayli, pourquoi as-tu décidé de photographier les pêcheurs d’Ostende ?
Mayli : Il y a plusieurs années, j’ai travaillé avec un copain sur un projet où nous prenions en photo des jeunes skateurs d’Ostende. Cet ami m’a parlé de ces pêcheurs et me les a décrit comme des personnages à part entière. Il en connaissait quelques-uns personnellement et ses histoires m’ont tout de suite donné envie d’en savoir un peu plus.
Combien de temps as-tu passé avec eux ?
Quatre heures en tout. Sortir du port, s’éloigner de la côte et sortir les filets ça demande pas mal d’organisation.
Comment était l’ambiance sur le bateau ?
Très amicale, ils étaient toujours en train de faire des blagues et de rigoler. Certains des pêcheurs sont frères, du coup ça renforce encore l’ambiance familiale. J’ai vraiment eu le temps d’échanger avec eux car ils font ce métier depuis des années et sont très à l’aise pour en discuter.
Quelle idée te faisais-tu du monde de la pêche avant d’entamer ce projet ?
Pendant longtemps j’ai associé le monde de la pêche avec le visage de mon père car il ressemble à Capitaine Iglo, le personnage de la marque de fish sticks. Il est robuste, porte une boucle d’oreille et a une voix rauque, bref la ressemblance est assez frappante.
Du coup tu t’attendais à rencontrer des sosies de Captain Iglo ?
Je m’attendais à rencontrer des personnes avec des grosses voix et des forts caractères et je n’ai pas été déçue. Leurs visages sont très forts et honnêtes et ils crient beaucoup pour se faire entendre.
La pêche est un vieux métier et on l’associe facilement à des hommes âgés. As-tu rencontré des pêcheurs plus jeunes ou même des femmes?
Il y avait des petits jeunes qui étaient là en tant que stagiaires, pour apprendre comment laver les poissons et observer le métier de plus près. Certains m’ont dit que leurs grands-pères étaient pêcheurs et qu’ils voulaient continuer à faire vivre la tradition familiale.
T’ont-ils parlé des difficultés liées à leur métier ?
Oui. Évidemment, la plus importante, c’est de pêcher assez de poisson. Parfois la pêche est mauvaise, donc leur moral est au plus bas car ça se répercute sur leurs revenus. Ils m’ont expliqué qu’il faut avoir énormément de patience, parfois ils peuvent passer des heures en mer. Heureusement quand j’étais là, la pêche a été très bonne.
Tu parles dans ton projet de la coopérative « Buitengoed », qui propose chaque jour du poisson frais de la mer du Nord sans additif provenant de bateaux de pêche belges avec quelques techniques de pêche plus durables. Les questions environnementales font-elles partie de ton travail ?
Oui et non. Les gens se rendent de plus en plus compte de l’importance des questions environnementales et cette prise de conscience m’influence. Récemment, j’ai fait un projet avec une fille qui fait des vêtements durables et je trouve ça important de m’entourer de personnes qui sont investies dans cette cause.
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué lors de cette journée ?
Être témoin de la connexion si forte qui lie ces hommes, ça m’a vraiment touchée. Quand on voit ces pêcheurs dans le port, on peut avoir des a priori car ils en imposent. Mais en réalité, ils se câlinent et sont extrêmement doux entre eux.
L’exposition de Mayli aura lieu le 31/08/2019 à Ostende au vzw O666. Vous pouvez retrouver son travail sur son compte Instagram ou son site web.
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