Dans la plupart des cas, l’état dans lequel se trouve la cuisine de quelqu’un en dit beaucoup sur l’hygiène de vie et la bonne santé mentale de ce dernier.
Partant de ce raisonnement, une cuisine propre refléterait une personne qui dispose d’un bon équilibre mental tandis que, a contrario, une pile d’assiettes sales dégueulasses empilées dans l’évier (à côté de laquelle agonise probablement une éponge humide en phase terminale) serait le marqueur fort de quelqu’un qui se laisse aller.
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Mais on pourrait sans doute pousser la démonstration à l’extrême et faire un rapprochement entre « bordel en cuisine » et « prise de poids ». C’est en tout cas ce que dévoile une étude scientifique publiée récemment dans le magazine Environment and Behavior et réalisée au Cornell Food and Brand Lab – le même labo qui avait prouvé l’année dernière que diminuer la taille des assiettes aidait à manger de manière plus raisonnable.
En définitive, ces deux études tendent à montrer qu’un goût incontrôlé pour les aliments sucrés et gras n’est pas l’unique cause expliquant la suralimentation. Si l’on cherche à comprendre pourquoi certains mangent trop, il faut en fait passer par des systèmes de corrélations plus subtiles.
Le protocole expérimental mis en place était assez simple : 90 individus féminins ont été répartis en deux groupes et on a demandé à chacun d’eux de s’asseoir respectivement soit dans une cuisine propre, soit dans une cuisine « pleine d’assiettes sales et de journaux qui traînent ». Dans chaque pièce, il y avait des cookies, des biscuits apéritifs et des petites carottes à disposition.
Pour mieux retranscrire les émotions ou le stress induit par cette mise en situation, les chercheurs ont demandé au premier groupe d’écrire le souvenir d’un moment « sous contrôle » de leur vie. Le second groupe devait à l’inverse se souvenir d’un moment « hors contrôle ». Finalement, les chercheurs se sont rendu compte que le groupe dans la cuisine propre – et qui devait se souvenir d’un moment « sous contrôle » – avait mangé en moyenne 100 calories de moins que l’autre groupe. L’étude conclut que la propreté d’une cuisine influence sur la sensation de stress de ceux qui s’y trouvent, et que ce stress, a son tour, va influencer leurs comportements alimentaires.
Les chercheurs ont fait état de leur découverte dans une conférence de presse : « Quand on demande à des femmes stressées d’attendre quelqu’un dans une cuisine mal rangée – avec des journaux sur la table, des assiettes dans l’évier et un téléphone qui sonne – celles-ci vont manger deux fois plus de cookies que des femmes qui doivent attendre dans une cuisine rangée et calme. »
«Un environnement chaotique et le sentiment de ne pas contrôler la situation ont une mauvaise influence sur l’alimentation, explique celui qui a dirigé l’expérience, le Dr Lenny Vartanian. Apparemment, ça incite les gens à se faire la réflexion suivante : ‘personne ne fait attention à rien, alors pourquoi moi devrais-je me contrôler ?’ »
Brian Wansink, coauteur de l’étude et directeur du Cornell Food and Brand Lab, ajoute que « la méditation peut être un moyen pour certains de reprendre le contrôle sur eux-mêmes et de mieux résister au grignotage en passant dans la cuisine. Mais il est sûrement plus efficace de tout simplement nettoyer nos cuisines. »
En gros, vous pouvez faire autant de sport et de méditation que vous voulez, mais ce n’est pas ça qui va faire disparaître cette pile de vaisselle anxiogène que vous avez laissée dans l’évier. Finalement, peut-être que ça vaut le coup de se faire chier à passer un coup d’éponge de temps en temps.