Bum, le nouvel album de Cheveu, n’est pas juste un manifeste de génie pur composé d’une face A et d’une face B et derrière lequel se cachent des combines, des projets. C’est aussi et surtout une pochette à l’image de sa démesure. Yves Koerkel, le type qui l’a réalisée, a pris cinq minutes pour me raconter sa rencontre avec le groupe, et m’expliquer en quoi consistait la tessellation, technique dérivée de l’origami.
Noisey : Comment est-tu entré en contact avec Cheveu ?
Yves Koerkel : David [Lemoine, chant/machines] m’a contacté fin juillet 2013. On ne s’était pas vu depuis 4 ans. Je l’avais rencontré dans les caves du Louvre, où on bossait via une boîte d’intérim qui n’embauchait que des artistes. Je lui avais parlé de mon boulot et il m’avait fait écouter Cheveu. La musique m’avait plu. J’ai rencontré Etienne, Olivier et JB de Born Bad au moment des prises de vue pour la pochette. C’était la première fois que je travaillais avec des musiciens, mais on s’est rendu compte en discutant qu’on avait pas mal de connaissances communes dans ce milieu.
Ton travail, tu le définirais comment exactement ?
Je ne sais pas vraiment, je dirais que je m’amuse avec le sens des choses, des images. Je fais des sculptures et des installations. Je détourne la publicité pour l’emmener dans le champ de l’art contemporain, je fais de la 3D avec de la 2D, je transforme des icônes de beauté en monstres, mais des monstres qui peuvent représenter quelque chose de précieux et de fragile. Je travaille aussi comme monteur pour des artistes, des institutions, c’est très vaste, ça va de la construction de décors à la réalisation d’œuvres. Sinon j’ai fait quelques résidences d’artiste, tu es rarement payé, mais tu es défrayé et on te paye la production de tes pièces. Ça m’a permis d’aller en Afrique et au Japon.
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Peux-tu m’expliquer comment tu as procédé pour réaliser la pochette de Bum ?
Le procédé que j’ai utilisé est une sous-catégorie de l’origami qui s’appelle la tessellation. Pour faire court, tu plies un papier selon une grille, qui va te permettre de le modeler. Ça te donne l’équivalent d’un bas-relief, dans le langage de la sculpture. Patrice Normand a fait deux shooting du groupe, et JB voulait un fond uni un peu pop. J’ai fait de grands tirages des photos, pour qu’il y ait un maximum de précision. J’ai ensuite plié et cousu tout ça, et on a refait des séances photos un peu à l’arrache à partir de ça. On s’est enfin tous retrouvés pour une dernière séance avec JB et Cheveu. La grosse contrainte était de faire entrer les trois visages dans un format carré, On n’a pu y arriver qu’en photographiant 4 affiches cousues en 2 volumes.
Photo originale de Patrice Normand
Quels sont tes projets pour les mois à venir ?
J’ai un projet en cours avec Patrice Normand, qui fait beaucoup de portraits. On rentrait du premier shooting et il m’a proposé d’en faire des sculptures, on en est au tout début et je crois que ça va prendre du temps. Sinon, j’ai une exposition collective qui se termine cette semaine et j’ai déjà quelques propositions pour l’année en cours.
Au cas où vous ne les auriez pas repérés plus haut, le blog d’Yves Koerkel est ici, et le site de Patrice Normand est là.
Bum, le nouvel album de Cheveu défonce toujours et il défoncera encore longtemps. Vous pouvez le commander ici.
Lelo Jimmy Batista est le rédacteur en chef de Noisey France. Il a tellement aimé le nouveau disque de Cheveu qu’il a tenu à vous bassiner avec toute une semaine. Il est sur Twitter – @lelojbatista