Avec une combattante de boxe thaï avant un match

Dans le cadre de notre série « La vie des autres », on a filé deux appareils jetables à Camille Britton, une New-Yorkaise qui prend part à des combats amateurs de muay-thaï depuis 2013.


Avant son combat au Queens Theatre de New York, Camille Britton a respecté un programme très précis. Elle s’est préparée physiquement à la salle de sport, puis a visité un temple bouddhiste pour demander aux moines de la bénir. En gros, cette combattante sur le circuit amateur a tout fait avant de se battre contre une fille qui la dépassait de 20 cm. Malheureusement, elle a dû s’incliner. Le lendemain, elle a quand même pris le temps de nous parler de ce sport, et de ses rituels d’avant match.

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Salut Camille. Comment s’est passée la journée d’hier ?
Camille Britton : Les jours où je combats sont les plus longs ! Je me suis réveillée à 9 heures en pensant : « C’est un jour de match ! » J’étais nerveuse et surexcitée car le combat n’était qu’à 22 heures. Je suis sortie du lit, j’ai pris mon petit-déjeuner et je suis allée au temple bouddhiste pour présenter mes respects et demander aux moines de me bénir ; puis je suis allée à la salle pour m’entraîner avant le combat.

Même si je suis chrétienne, je vais toujours au temple bouddhiste pour honorer les origines de la boxe thaïlandaise avant tous les matchs. Les moines sont très sympathiques, et ceux avec qui nous discutons nous rappellent toujours de bien garder les poings levés pendant le combat. Ensuite, mes coéquipiers et moi-même sommes allés au Queens Theatre, là où se déroulait mon combat. J’ai terminé ma nuit en regardant Game of Thrones avec des copains.

Depuis combien de temps pratiques-tu la boxe thaïlandaise ?
Je m’entraîne depuis quatre ans et je fais des compétitions depuis deux ans et demi. J’ai commencé par du kick-boxing car je voulais perdre du poids et me remettre en forme. J’ai rencontré Justin Troy, qui à l’époque était prof de kick-boxing, et j’ai pris des cours privés avec lui. Puis j’ai appris qu’il pratiquait la boxe thaï. Après avoir cherché sur Google ce que c’était, j’ai trouvé ça plutôt cool : j’ai suivi Justin jusqu’à la salle de sport Chok Sabai en 2013 et, depuis, je pratique ce sport.

Comment te mets-tu dans l’ambiance avant un combat ?
Je n’écoute pas de rap ou de rock à fond, si tu vois ce que je veux dire. En général, je fais une sieste et, si j’écoute de la musique, c’est plutôt du gospel. Ça m’aide à me calmer et me relaxer. Parfois, j’appelle mon frère ou ma mère et ils m’encouragent. En fait, je fais tout pour ne pas me « mettre dans l’ambiance » !

Comment se passe la préparation physique avant un combat ?
Je mange sain et équilibré. J’évite tout ce qui est friture, alcool, ainsi que le sucre raffiné. La préparation physique n’est jamais douloureuse pour moi car, à la salle de sport, les entraîneurs pensent qu’il ne faut pas épuiser le corps. Certes, il y a un processus de déshydratation à respecter, mais il a lieu le matin du combat, ou la veille. Mon coach pense qu’il n’est pas nécessaire de perdre un maximum de poids juste avant un combat.

Peux-tu me parler de ton combat ?
J’ai fait 5 rounds de 2 minutes chacun et, même si je n’ai pas gagné, je suis très satisfaite de ma performance ! Mon adversaire faisait 20 cm de plus que moi et avait beaucoup plus d’expérience. J’ai mis en place ma tactique, et j’ai réussi à faire de bons enchaînements et à placer de bons coups. J’étais très à l’aise sur le ring, ce qui ne m’était jamais arrivé, et j’ai apprécié le combat. C’était assez génial ! La défaite n’est jamais agréable, mais ce n’est pas le résultat qui compte : pour moi, c’est votre performance qui définit votre niveau.

As-tu déjà utilisé des techniques de boxe thaï pour te défendre en dehors du ring ?
Depuis que je pratique ce sport, j’ai dû en utiliser une fois dans la rue pour me défendre contre un mec bourré. C’est allé très vite : je l’ai frappé deux fois et j’ai couru dans la direction opposée. J’ai appelé mon petit ami une fois chez moi pour lui raconter ce qu’il s’était passé. Je n’ai même pas eu le temps de penser, j’ai juste agi. J’espère que ce mec a bien compris la leçon.

Pourquoi aimes-tu la boxe thaï ?
Je pratique ce sport et je fais des compétitions car je suis douée. J’adore le défi que cela représente, et j’apprécie l’art qui va de pair avec le sport. La boxe thaï est devenue une partie de ma vie, et elle l’a améliorée. Tous les jours, je remercie Dieu de m’avoir mise sur le chemin de Justin Troy, car c’est lui qui m’a fait connaître la boxe thaï et cette merveilleuse communauté.

Avant de commencer ce sport, je n’étais pas en grande forme – ni physique, ni mentale. Aujourd’hui, tout va pour le mieux et certaines personnes me disent même que je les inspire. J’ai rencontré Joel De Jesus, mon petit ami, qui, en plus de pratiquer la boxe thaï et d’être un athlète incroyable, me soutient quotidiennement dans mes choix et mes projets. Je sais que je ne vais pas pouvoir faire des compétitions toute ma vie, mais je veux continuer dans ce milieu.

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