Que faites-vous si vous ne pouvez pas vous offrir une Tesla ? Vous en construisez une vous-même, bien entendu. C’est en tout cas ce qu’a fait Marc Areny, pour 13 000$.
En 2001, l’ingénieur moitié français, moitié catalan, a vendu sa maison française et a déménagé à Pitesti en Roumanie dans le but de « mettre au point une voiture électrique accessible au grand public, et pas seulement aux élites. »
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Il a d’abord mis la main sur la voiture emblématique de son pays d’accueil, une Dacia Logan de 2005, la marque low-cost de Renault, puis lui a enlevé son moteur essence pour le remplacer par des batteries et un moteur électrique.
« Je suis un type ordinaire qui tente de trouver des combines pour améliorer le quotidien des gens ordinaires. »
Évidemment, la voiture ne possède pas les énormes écrans tactiles et la gamme de gadgets d’une Tesla, mais elle est tout à fait fiable, aussi rapide qu’une voiture à essence, et vous emmènera là où vous voulez aller, explique Areny. Il a depuis parcouru plus de 20 000 kilomètres avec son véhicule, ajoute-t-il, sans nul besoin de réparations. Après une charge de six heures, sa pseudo-Tesla parcourt 160 km pour 1,8$.
Cependant, même si obtenir l’enregistrement de sa voiture auprès du Registre roumain des automobiles (RAR) n’a posé aucun problème, en France, c’est une toute autre histoire.
En 2010, Areny n’a pas obtenu d’autorisation de circuler sur les routes françaises pour sa Porsche 944 DIY.
Après des mois d’appels téléphoniques et d’emails désespérés, il a abandonné. « Ils m’ont dit que je devais effectuer un test de crash frontal et latéral pour obtenir ma certification, » explique-t-il. En d’autres mots, il devait détruire au moins deux voitures afin d’en faire autoriser une troisième.
En Roumanie, un pays où le revenu moyen est de moins de 500$, personne n’envisage de posséder une voiture électrique. Le marché est constitué de véhicules d’occasions souvent achetés dans les pays d’Europe de l’Ouest, et de voitures Dacia, le constructeur local.
On peut acheter une Dacia de seconde main pour 1 000 à 3 000$. Il faut ajouter à cela des batteries lithium-ion 20kWh coûtant environ 7 000$ afin de pouvoir rouler 160 km après chargement. Le moteur électrique, le modulateur de puissance et quelques autres éléments coûtent entre 4 000 et 5 000$.
L’autre avantage à habiter en Roumanie est que les réparations sont très bon marché : entre 10 et 30 $ par intervention, explique Areny.
Les réparations et la maintenance du véhicule sont d’autant moins cher qu’il ne nécessite ni remplacement d’huile de moteur, ni remplacement de filtre à air. Les plaquettes de frein s’usent moins vite que sur une voiture à essence, étant donné qu’une partie de la décélération est obtenue en utilisant le moteur électrique comme générateur.
Areny a arrêté d’acheter de l’essence en 2008 quand il a modifié son véhicule personnel, une Renault Clio 1.9 Diesel, afin de rouler avec des restes d’huile de cuisson obtenus auprès de restaurants. Depuis, il travaille sans relâche à diminuer les coûts de la conversion essence/électrique.
« Je suis un type ordinaire qui tente de trouver des combines pour améliorer le quotidien des gens ordinaires. »
Areny, qui estime que les voitures électriques sont bien trop chères, espère que ses efforts permettront un jour d’amorcer la commercialisation de voitures d’occasion à plus grande échelle pour le grand public. « Je suis sûre que je peux continuer à faire baisser les coûts de production. Je ne veux pas devenir riche. Je veux juste atteindre mon objectif. »