Culture

Les cosplayers sont des dépressifs comme les autres

Des cosplayers, on aura dit beaucoup de choses – souvent avec mépris. Régression d’adulescents, passion dévorante, empire des geeks. Tous les aphorismes possibles auront été partagés sur les réseaux immatériels du village global. Se moquer des cosplayers est devenu une condition sine qua non pour qui se veut détaché, cool et, encore pire, cynique. Si les tentatives de réhabilitation des nerds se multiplient depuis plusieurs années via des séries plus ou moins réussies, peu d’œuvres se sont attaquées à ceux qui décident d’embrasser l’apparence de personnalités diverses, genre Cloud Strife ou la Team Rocket.

C’est pourtant ce qu’a décidé de faire Dash Shaw, l’un des dessinateurs américains les plus connus à l’heure actuelle. Après avoir publié deux comics violant ouvertement les codes de la BD dite classique – les très bons Doctors et New School – Shaw revient au simplisme apparent, refusant toute extrapolation pédante au sujet de son travail. C’est parfois malheureusement nécessaire quand deux-trois analystes en manque de thèse à rédiger vont jusqu’à comparer son œuvre à l’Enquête sur l’entendement humain de David Hume, disant au passage que « Camus et Sartre auraient adoré ».

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Avec Cosplayers, Dash Shaw nous conte dans un style très Daniel Clowes les banales pérégrinations de deux jeunes femmes passionnées de cosplay, Annie et Verti. Au fil des multiples histoires qui composent ce bouquin se dessine une vision douce-amère d’un monde qui vante l’imaginaire tout en sombrant dans les vicissitudes les plus ordinaires du genre humain. Publié en France aux éditions Çà et Là, Cosplayers renonce en partie aux expérimentations graphiques de Doctors et New School pour embrasser la banalité d’une passion qui, comme toutes les autres passions qui parsèment notre monde, contient son lot d’excentricité et de tromperie. On vous en file un extrait, qui ne doit pas vous empêcher de vous rendre chez votre libraire le plus proche pour le choper pour la modique somme de 20 balles – soit le prix de deux cocktails de mauvaise qualité sirotés dans une métropole française quelconque.

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