Les restes humains retrouvés après le crash du vol EgyptAir suggèrent qu’une explosion a eu lieu à bord de l’avion, bien qu’aucune trace d’explosif n’a été détectée, ont déclaré ce mardi un responsable de la police scientifique égyptienne et des sources proches de l’enquête.
Le responsable de la police scientifique appuie son analyse sur la petite taille des parties de corps retrouvées jusqu’ici dans la mer Méditerranée, où le vol 804 de la compagnie EgyptAir s’est écrasé jeudi dernier.
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« La taille des restes de corps suggère une explosion, la partie la plus grande étant de la taille d’une paume », a déclaré le responsable de la police scientifique. Il a ajouté qu’environ vingt-trois sacs contenant des parties de corps ont été rassemblés depuis dimanche.
Cependant, un haut responsable de la police scientifique a expliqué que seul un minuscule nombre de restes humains était arrivé jusqu’ici et qu’il était trop tôt pour dire s’il y avait eu une explosion à bord.
Des enquêteurs français ont déclaré que l’avion avait envoyé une série d’alertes indiquant que de la fumée avait été détectée à bord, ainsi que de probables autres problèmes informatiques peu avant de disparaître.
Les signaux n’ont pas indiqué ce qui pourrait être la cause de la fumée. Les experts en aviation ont expliqué que ni un sabotage délibéré, ni une faute technique ne pourraient être écartés.
Les enquêteurs s’appuient sur des débris, des sacs et des vêtements, ainsi que sur une analyse chimique pour détecter des marques d’explosion.
Le procureur général de l’Égypte a officiellement demandé que la France et la Grèce donnent leurs informations sur le crash, alors que les restes des victimes commençaient à arriver à la morgue du Caire pour des tests ADN.
Le vol, parti de Paris à destination du Caire, a disparu des écrans radars tôt jeudi dernier, alors qu’il entrait dans l’espace aérien égyptien, au-dessus de la Méditerranée. Les dix membres d’équipage et les 56 passagers, dont 30 ressortissants égyptiens et 15 ressortissants français, sont tenus pour morts.
Selon un communiqué de son bureau, le procureur général Nabil Sadek a demandé à son homologue français de lui remettre les documents, enregistrements audio et visuels concernant l’avion durant son escale à l’aéroport Charles de Gaulle et durant le temps où l’avion a été dans l’espace aérien français.
Il a aussi demandé aux autorités grecques de lui remettre les retranscriptions des appels entre le pilote et les services du contrôle du trafic aérien.
Les responsables égyptiens ont assuré qu’ils n’avaient reçu aucun appel au secours de la part des pilotes avant que l’avion ne disparaisse. Les responsables grecs ont déclaré que les contrôleurs avaient discuté avec le pilote, après qu’il soit entré dans l’espace aérien grec, et qu’il avait l’air joyeux.
Le pilote les a remerciés en grec, ont-ils précisé. Quand ils ont essayé de le contacter de nouveau pour le transmettre au contrôle du trafic aérien égyptien, ils n’ont obtenu aucune réponse. L’avion a ensuite disparu des radars.
Le Président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a annoncé que tous les scénarios étaient possibles et qu’aucun d’entre eux n’était écarté. Il a promis une enquête transparente mais a ajouté qu’elle pourrait être longue.
Le ministre de la Défense grec Panos Kammenos a déclaré vendredi dernier que le radar grec avait relevé des changements nets dans la trajectoire du jet alors qu’il chutait puis disparaissait du radar.
Cette description des derniers moments de l’avion n’a pas été confirmée officiellement par les responsables égyptiens. Le chef des services de navigation aérienne égyptienne a déclaré que les responsables égyptiens n’ont pas repéré d’écarts de la part de l’avion.
« Nous n’avons enregistré aucune sorte d’écart », a déclaré dans la nuit de lundi Ehab Mohieeldin, le chef de la compagnie des services de navigation aérienne nationale, à la chaîne de télévision locale privée CBC.
Il a ajouté que les responsables égyptiens ont été en mesure de repérer le jet une minute avant qu’il disparaisse mais n’ont pas pu communiquer avec lui.
Les avions et les bateaux ratissant la mer au nord d’Alexandrie ont trouvé des parties de corps, des affaires personnelles et des débris de l’Airbus 320. Mais ils essayent encore de localiser les « boîtes noires » qui pourraient dévoiler les causes du crash de jeudi.
Si les boîtes noires sont retrouvées intactes, leur contenu sera analysé en Égypte, a assuré le capitaine Hani Galal, enquêteur sur les accidents aériens, à la chaîne CBC. Mais elles seront envoyées à l’étranger pour analyse si elles sont retrouvées endommagées.
Le procureur de la sûreté de l’État sera en charge du volet criminel de l’enquête et examinera tous les débris et les restes humains, a rapporté dimanche le journal détenu par l’État Al-Ahram.
Une équipe égyptienne formée par le ministère de l’Aviation civile dirige l’enquête technique. Trois responsables du BEA français, une agence dédiée aux enquêtes sur les accidents aériens, sont aussi arrivés au Caire vendredi, avec un expert d’Airbus.
« Il y avait assez de restes de corps pour remplir un sac mortuaire », a déclaré à Reuters un responsable de la sécurité qui a vu les restes de corps arriver à la morgue de Zeinhom, au Caire. Il a témoigné sous condition d’anonymat parce qu’il n’est pas autorisé à parler aux médias.
Les enquêteurs devaient prélever des échantillons d’ADN sur les familles des passagers et de l’équipage ce mardi, alors que débute le travail d’identification des quelques restes humains retrouvés jusqu’ici.
Les experts expliquent que les équipes de recherche ont environ 30 jours pour guetter les sons envoyés chaque seconde par les balises rattachées aux deux boîtes noires.